Bruxelles, le 10 décembre
2014 ─ Dans son dernier rapport, intitulé La liberté de réunion
menacée : l’opposition bâillonnée dans la région euro-méditerranéenne, le Réseau
euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) tire la sonnette d’alarme quant
au droit à la liberté de réunion pacifique toujours plus bafoué dans la région.
Ce rapport a été lancé au Parlement
Européen le 8 décembre 2014 à l’occasion de la Journée internationale des droits
de l’Homme. Au cours de cet événement, parrainé par le Vice-Président du
Parlement Européen pour la démocratie et les droits de l’Homme, Mr. Alexander
Graf Lambsdorff, les membres du REMDH ont présenté les principales conclusions
du rapport, ainsi qu’une série de recommandations aux décideurs
européens.
Les intervenants ont notamment
évoqué la situation de la liberté de réunion au Maroc, Egypte et Europe. Ils ont
souligné que les réunions et manifestations – surtout lorsqu’elles sont
critiques envers le pouvoir— sont vues par les Etats comme un risque sécuritaire
et politique à contenir, et non comme un phénomène constitutif de la vie
démocratique et un droit dont les autorités doivent faciliter l’exercice.
« Le droit à la liberté de réunion
est véritablement en danger au Maroc », a affirmé Abdelslam Lassal de
l’Association marocaine des droits humains (AMDH). « Les autorités marocaines
n’ont de cesse de réprimer les organisations de défense des droits de l’Homme en
général, et celles qui œuvrent en faveur du droit de réunion en particulier. »
« Tous ceux qui souhaitent
manifester publiquement en Égypte prennent des risques significatifs », a
expliqué Bahey Eldin Hassan, le directeur de l’Institut d’études du Caire pour
les droits de l’Homme. « Les organisations qui défendent les droits des
manifestants assassinés et des détenus sont sanctionnées par le biais de
campagnes de diffamation, via la manipulation des médias, des poursuites
entamées contre leur personnel et des menaces de fermeture et de confiscation de
leurs biens. »
En Europe également, si le respect
des libertés publiques est plutôt la règle que l’exception, de nombreuses
restrictions et entraves à la liberté de réunion viennent rappeler que les
droits doivent être sans cesse défendus et pratiqués sous peine de perdre leur
substance.
« Les manifestations constituent un
exercice démocratique sain essentiel à une bonne gouvernance et à la
responsabilisation », a expliqué Rosa Curling, de Solicitor International Human
Rights Group (SIHRG). « De nombreux États membres de l’UE considèrent pourtant
les actes de protestation comme au mieux un inconvénient à contrôler ou à
décourager et au pire comme une menace à combattre. »
Il a également appelé l'Union
européenne à faire du respect et de la promotion de la liberté de réunion une
priorité dans le nouveau Plan d’Action de l'Union européenne sur les droits de
l'Homme et la démocratie et de la Politique européenne de
voisinage.
En 2013, le REMDH a publié la
première partie de ce rapport, qui portait sur le cadre législatif du droit à la
liberté de réunion et leur conformité avec les normes internationales des droits
de l'Homme dans 11 pays de la Méditerranée et l'Union européenne. Cette seconde
partie vient compléter l’étude régionale en analysant l’application des lois et
l’exercice de la liberté de réunion et de manifestation dans la pratique.
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