Voici le récit écrit par deux Américains
US qui se sont rendus au Sahara Occidental fin novembre. Ce récit est
direct, concret, et pose toutes les bonnes questions. Yeshe Parks et
Tennessee Watson s’adressent à leurs amis par courriel, le lundi 24
novembre, depuis Marrakech (traduction Niko)
Nous avons passé une semaine à voyager au Maroc, découvrant l’histoire et la culture à Tanger, Fès, Rabat, etc. Nous avons décidé de continuer vers le sud jusqu’au Sahara Occidental, connaissant le conflit politique qui l’affecte, et avec le désir de voir par nous-mêmes comment était la vie dans ce territoire occupé par le Maroc. Nous avions déjà visité les camps de réfugiés sahraouis en Algérie. Notre projet était de voyager d’El Aïoun à Dakhla, de boire du thé, de parler avec les gens sur place et de découvrir le paysage.
Nous sommes arrivés à El Aïoun en car le vendredi 21 novembre. Descendus à notre hôtel, nous fûmes accueillis par le réceptionniste et par une équipe d’officiers de l’ONU qui utilisaient le WiFi dans le hall ; leurs fourgons bien identifiables bordaient le trottoir dehors.
Une fois installés, nous sommes sortis pour faire un tour en ville, avons pris un peu de nourriture et de thé, avons appelé une amie d’un ami –activiste des droits de l’homme ici – et avons planifié de nous retrouver pour déjeuner le lendemain.
Le samedi matin, nous nous sommes réveillés, avons pris le petit-déjeuner à l’hôtel ; nous avons entamé une conversation avec le serveur et prévu de prendre un café avec lui dans l’après-midi. Cela nous paraissait très intéressant d’entrer en contact avec des gens du coin qui ne se présentaient pas immédiatement comme des activistes politiques.
Après le petit déjeuner, nous sommes sortis pour une autre promenade aux alentours de l’hôtel, puis nous avons rencontré chez elle, à déjeuner, l’activiste sahraouie El Ghalia Djimi.
Dans la soirée, nous sommes revenus à l’hôtel où nous fûmes promptement informés par le personnel que nous avions été suivis et photographiés par la police.
À 20 h 30 – environ une heure plus tard – on nous a appelés dans le hall qui s’est rempli très rapidement de policiers en civil, dont l’affiliation était inconnue. Ils ont exigé nos passeports, mais ne nous ont rien demandé sur nos projets ni nos activités. Nous avons été informés que nous avions violé nos visas de tourisme en parlant avec des activistes locaux. À 21 h, nous avons été escortés jusqu’à notre chambre et ils nous ont ordonné de prendre nos affaires car nous étions devenus immédiatement personæ non gratæ.
On nous a dit qu’un taxi avait été appelé pour nous conduire jusqu’à Agadir, à approximativement 670 km au nord du Sahara occidental. Nous avons exprimé le désir de prendre le car pour Agadir, mais ils nous ont forcés à monter dans le taxi, laissant clairement entendre qu’il n’y avait pas place pour la négociation. Alors que nous étions poussés ensemble hors de l’hôtel et dans le taxi, nous avons pu nous rendre compte que pas moins de 40 policiers et officiels marocains étaient agglutinés dans les rues et sur les trottoirs proches de l’hôtel. Nous espérions apercevoir un des nombreux officiers de l’ONU que nous avions vus plus tôt dans la journée, mais il n’y en avait aucun à portée de vue. Vers 22 h, nous étions en train de foncer à toute allure vers le nord, en direction d’Agadir.
La région a été frappée par des pluies torrentielles et des crues violentes qui ont causé la destruction des routes locales comme des grands axes ; à la date d’aujourd’hui, elles ont causé la mort de 17 personnes.
Le voyage, qui en temps normal dure 8 heures, nous a pris 15 heures. Et tandis que nous traversions des routes qui se détérioraient rapidement sous l’effet des flots violents, nous nous inquiétions du voyage de retour que le conducteur du taxi devrait faire vers El Aïoun.
Nous sommes arrivés sains et saufs à Agadir, et de là nous avons pris le car pour Marrakech.
C’est malheureux que notre expulsion du Sahara Occidental nous ait empêchés de rencontrer des personnes en dehors de la communauté des activistes. Nous n’avons jamais pu avoir notre rendez-vous pour prendre un café avec le serveur de l’hôtel et ses amis.
Cette expérience a seulement aiguisé notre souci pour le respect des droits humains des personnes vivant au Sahara Occidental et dans tout le Maroc. N’est-ce pas un des droits humains fondamentaux que de pouvoir établir des relations sans l’interférence du gouvernement ?
Le Maroc est l’hôte d’un Forum Mondial des Droits de l’Homme du 27 au 30 novembre à Marrakech. Nous appelons les activistes, les intellectuels et les journalistes qui seront présents à s’enquérir de la situation au Sahara Occidental, et à demander pourquoi les étrangers sont interdits de rencontrer librement les personnes qui vivent là-bas.
Pour aller plus loin, il paraît essentiel de questionner l’efficacité de l’actuelle mission de paix de l’ONU (MINURSO), et jusqu’à quel point elle protège les droits humains de toutes les personnes vivant sur le territoire.
Cordialement,
Yeshe Parks
Tennessee Watson
PS1 : Si vous n’êtes pas familier de la question du Sahara Occidental et du conflit avec le Maroc, allez sur Google. Il y a quelques bons articles et des pages Wikipedia.
PS2 : Nous sommes sains et saufs à Marrakech.
Nous avons passé une semaine à voyager au Maroc, découvrant l’histoire et la culture à Tanger, Fès, Rabat, etc. Nous avons décidé de continuer vers le sud jusqu’au Sahara Occidental, connaissant le conflit politique qui l’affecte, et avec le désir de voir par nous-mêmes comment était la vie dans ce territoire occupé par le Maroc. Nous avions déjà visité les camps de réfugiés sahraouis en Algérie. Notre projet était de voyager d’El Aïoun à Dakhla, de boire du thé, de parler avec les gens sur place et de découvrir le paysage.
Nous sommes arrivés à El Aïoun en car le vendredi 21 novembre. Descendus à notre hôtel, nous fûmes accueillis par le réceptionniste et par une équipe d’officiers de l’ONU qui utilisaient le WiFi dans le hall ; leurs fourgons bien identifiables bordaient le trottoir dehors.
Une fois installés, nous sommes sortis pour faire un tour en ville, avons pris un peu de nourriture et de thé, avons appelé une amie d’un ami –activiste des droits de l’homme ici – et avons planifié de nous retrouver pour déjeuner le lendemain.
Le samedi matin, nous nous sommes réveillés, avons pris le petit-déjeuner à l’hôtel ; nous avons entamé une conversation avec le serveur et prévu de prendre un café avec lui dans l’après-midi. Cela nous paraissait très intéressant d’entrer en contact avec des gens du coin qui ne se présentaient pas immédiatement comme des activistes politiques.
Après le petit déjeuner, nous sommes sortis pour une autre promenade aux alentours de l’hôtel, puis nous avons rencontré chez elle, à déjeuner, l’activiste sahraouie El Ghalia Djimi.
Dans la soirée, nous sommes revenus à l’hôtel où nous fûmes promptement informés par le personnel que nous avions été suivis et photographiés par la police.
À 20 h 30 – environ une heure plus tard – on nous a appelés dans le hall qui s’est rempli très rapidement de policiers en civil, dont l’affiliation était inconnue. Ils ont exigé nos passeports, mais ne nous ont rien demandé sur nos projets ni nos activités. Nous avons été informés que nous avions violé nos visas de tourisme en parlant avec des activistes locaux. À 21 h, nous avons été escortés jusqu’à notre chambre et ils nous ont ordonné de prendre nos affaires car nous étions devenus immédiatement personæ non gratæ.
On nous a dit qu’un taxi avait été appelé pour nous conduire jusqu’à Agadir, à approximativement 670 km au nord du Sahara occidental. Nous avons exprimé le désir de prendre le car pour Agadir, mais ils nous ont forcés à monter dans le taxi, laissant clairement entendre qu’il n’y avait pas place pour la négociation. Alors que nous étions poussés ensemble hors de l’hôtel et dans le taxi, nous avons pu nous rendre compte que pas moins de 40 policiers et officiels marocains étaient agglutinés dans les rues et sur les trottoirs proches de l’hôtel. Nous espérions apercevoir un des nombreux officiers de l’ONU que nous avions vus plus tôt dans la journée, mais il n’y en avait aucun à portée de vue. Vers 22 h, nous étions en train de foncer à toute allure vers le nord, en direction d’Agadir.
La région a été frappée par des pluies torrentielles et des crues violentes qui ont causé la destruction des routes locales comme des grands axes ; à la date d’aujourd’hui, elles ont causé la mort de 17 personnes.
Le voyage, qui en temps normal dure 8 heures, nous a pris 15 heures. Et tandis que nous traversions des routes qui se détérioraient rapidement sous l’effet des flots violents, nous nous inquiétions du voyage de retour que le conducteur du taxi devrait faire vers El Aïoun.
Nous sommes arrivés sains et saufs à Agadir, et de là nous avons pris le car pour Marrakech.
C’est malheureux que notre expulsion du Sahara Occidental nous ait empêchés de rencontrer des personnes en dehors de la communauté des activistes. Nous n’avons jamais pu avoir notre rendez-vous pour prendre un café avec le serveur de l’hôtel et ses amis.
Cette expérience a seulement aiguisé notre souci pour le respect des droits humains des personnes vivant au Sahara Occidental et dans tout le Maroc. N’est-ce pas un des droits humains fondamentaux que de pouvoir établir des relations sans l’interférence du gouvernement ?
Le Maroc est l’hôte d’un Forum Mondial des Droits de l’Homme du 27 au 30 novembre à Marrakech. Nous appelons les activistes, les intellectuels et les journalistes qui seront présents à s’enquérir de la situation au Sahara Occidental, et à demander pourquoi les étrangers sont interdits de rencontrer librement les personnes qui vivent là-bas.
Pour aller plus loin, il paraît essentiel de questionner l’efficacité de l’actuelle mission de paix de l’ONU (MINURSO), et jusqu’à quel point elle protège les droits humains de toutes les personnes vivant sur le territoire.
Cordialement,
Yeshe Parks
Tennessee Watson
PS1 : Si vous n’êtes pas familier de la question du Sahara Occidental et du conflit avec le Maroc, allez sur Google. Il y a quelques bons articles et des pages Wikipedia.
PS2 : Nous sommes sains et saufs à Marrakech.
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