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vendredi 25 juillet 2014

Shejayia, les temps de l’apocalypse et des justes

Par Salah Elayoubi, 23/7/2014

L'oeuvre du "peuple élu" (Photo capture d'écran)
L’oeuvre du « peuple élu » (Photo capture d’écran)

Opinion. En ces temps d’apocalypse où la vie d’un gazaoui ne vaut pas plus que celle d’une mouche, n’allez surtout pas espérer un quelconque secours de la communauté internationale. Les régimes arabes, dont la grande majorité tire sa survie et ses soutiens, de sa complaisance envers l’état hébreu, se taisent ou bottent en touche, confiant à la ligue arabe, cet autre « grand machin », le soin de se répandre en déclarations aussi vaines qu’elles sont tonitruantes. Pas étonnant pour cette usine à gaz dont la seule vertu consiste à prodiguer des retraites dorées à une assemblée de dignitaires lâches et velléitaires, après des années de « bons et loyaux sévices » à la solde de dictatures affairistes. Même le projet de cessez-le-feu que tous attribuent à l’Egypte, est en réalité un projet conçu par Israël et porté par son allié égyptien.

Les temps des salauds
Ne cherchez pas non plus une planche de salut, du côté de Paris. Elle ne viendra pas. François Hollande et son premier ministre se sont tellement fourvoyés en déclarations partisanes, qu’ils ne laissent désormais plus planer de doute sur le camp qu’ils ont choisi. Le voyage de Laurent Fabius au Moyen Orient, n’en ressemble que plus à une danse de faux-cul, avec ces discours expurgés de la moindre allusion aux meurtres de civils innocents ou de condamnation d’aucune sorte pour Israël.
Étrange patrie des droits de l’homme, qui vit éclore tant de lumières et qui refuse d’éclairer les chemins de la vérité. Cécité ? Non ! Complicité de Paris, à la fois si prompte à criminaliser ceux de ses citoyens, pour la plupart des paumés, partis combattre le régime syrien et qui ferme les yeux sur les autres, qui s’en vont tuer les enfants de Palestine, avant de s’en retourner tranquillement dans leur foyer, se vanter de leurs crimes entachés de lâcheté et de couardise.
Pour se dédouaner, les responsables français s’alignent sur les thèses éculées de Tel Aviv qui font état des armes que le Hamas cacherait dans les mosquées, les écoles, les maisons et des populations civiles qui serviraient de boucliers humains à la résistance palestinienne. Dans leur indignation feinte, les dignitaires français oublient l’histoire de France et combien ce pays doit à la résistance à l’occupation allemande entre 1941 et 1944. Elle ressemble à celle de tous les mouvements de résistance. Elle consistait à tuer des soldats allemands, cacher armes et explosifs dans les cloîtres, les écoles, les églises, les internats de jeunes filles, avant d’aller se fondre parmi la population civile. Si quelques patriotes courageux n’avaient pas entrepris ces actions, la France de la collaboration aurait eu quelques belles années de plus à vivre, sous la botte nazie.
rupture du jeune
Rawda
Les temps de l’apocalypse
N’attendez pas non plus des médias occidentaux qu’ils vous racontent, par le menu détail, comment Israël a anéanti une cinquantaine de familles, et fait plus de sept cents morts et plus de quatre mille blessés, en quinze jours d’offensive. Vous ne verrez jamais ce vieil homme livide, la gorge sèche, raconter d’une voix tremblante, comment son fils s’est vidé de son sang, sous ses yeux, des minutes durant, parce qu’un sniper de « l’armée la plus éthique du monde », lui a tiré une balle dans la gorge, au moment même où il tendait à son père, un verre d’eau. Pas plus que vous ne verrez les images qui firent pleurer secouristes et reporters, de ce couple de vieillards, baignant dans leur sang, fauchés par l’explosion d’un obus sous la cage de l’escalier où ils pensaient avoir trouvé refuge. On ne vous montrera pas non plus, ou si peu, les images de ces dizaines de cadavres déchiquetés, ou celles de ces femmes, ces vieillards et ces enfants agonisant dans le caniveau, parce que les attaquants avaient interdit aux secours d’accéder au site.
Alors pour ne pas gêner l’ami israélien, on tait ses atrocités. On fait dans le service minimum. On élude la brutalité de l’assaut et les moyens utilisés : Obus de 155 millimètres, bombes à fragmentation, à fléchettes ou à clous, phosphore blanc, uranium appauvri, gaz asphyxiants ou DIME. On oublie de mentionner que ce sont près de soixante mille hommes qui se bousculent aux portes de la minuscule enclave assiégée depuis plus de sept ans et coupée du reste du monde, pour aller en assassiner les habitants, sous les acclamations d’autres israéliens, postés sur les hauteurs. On survole rapidement le bilan des opérations qui s’alourdit d’heure en heure. On évoque des bombardements chirurgicaux, le professionnalisme du soldat israélien et son respect pour la vie humaine. Et pour mieux se convaincre de toute cette imposture, on filme les funérailles de quelques « Golanis ». De soi-disant héros, dont la légende, soigneusement entretenue, prétend qu’ils sont invincibles. La résistance palestinienne en a pourtant fauché quelques uns. Alors on en rajoute. On fait dans le pathétique, avec ces gros plans sur les tombes et sur les visages ravagés par le deuil et les larmes.
deux rescapés gazaouis 
Shejayia, ce quartier Est de Gaza, dont le nom évoque le courage, n’est plus que désolation, ruines et martyrs. Ici, on meurt dans l’anonymat et dans l’horreur absolue, par paquets de dix et en famille. Enterré sous les tonnes de gravats de sa maison, quant un obus ou un missile ne vous ont pas dispersé, déchiqueté. Et nul n’est jamais allé s’enquérir de ces abominations qui s’y commettent, depuis quinze jours. Pas question, non plus, d’aller filmer le moindre enterrement, ni la moindre tombe. Encore moins de diffuser ou reprendre les images de cadavres de femmes, de vieillards et d’enfants démembrés, décapités. Ça courroucerait tellement Tel-Aviv. Et puis c’est connu, une fois morts, les gazaouis, se désincarnent et s’évanouissent dans le néant, tels des fantômes que personne ne tient à revoir, ni à rechercher.

Les temps des justes
Mais toute cause qui a ses salauds a également ses justes. C’est des sociétés civiles que viendra le salut de la Palestine. Un peu partout, à travers le monde, des centaines de milliers de simples citoyens, des justes, ont prêté leurs voix au peuple palestinien pour qu’il puisse à Chicago, Berlin, Paris, Rabat, Le Caire ou ailleurs, parler des massacres qui lui sont infligés à huis clos. Une défaite cuisante pour Israël, dont le marketing ne pèse plus très lourd, en ces temps où les réseaux sociaux se chargent de relayer et d’amplifier les appels à l’aide. Les sionistes auront beau tantôt mentir, tantôt pleurnicher ou se lamenter, tantôt tempêter ou menacer. Rien n’y fait ! Le monde entier connaît, à présent, l’ampleur des crimes épouvantables qu’ils commettent. C’est ainsi que finirent les plus grandes tyrannies, qu’elles aient eu pour nom fascisme, nazisme ou apartheid. D’abord dénoncées avant d’être rattrapées par leurs crimes.
- « Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais, c’est peut-être la fin du commencement.  », disait Winston Churchill, au lendemain de la défaite des troupes de l’axe en Afrique du nord. Cette énième agression sauvage contre Gaza, inspire, à peu de choses près, le même sentiment. Israël pourrait bien avoir perpétré là, son forfait de trop, celui qui signera, peut-être, le commencement de la fin du sionisme.
 Salah Elayoubi


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