Par Salah Elayoubi, 23/7/2014
Opinion. En ces temps d’apocalypse où la vie d’un
gazaoui ne vaut pas plus que celle d’une mouche, n’allez surtout pas
espérer un quelconque secours de la communauté internationale. Les
régimes arabes, dont la grande majorité tire sa survie et ses soutiens,
de sa complaisance envers l’état hébreu, se taisent ou bottent en
touche, confiant à la ligue arabe, cet autre « grand machin », le soin
de se répandre en déclarations aussi vaines qu’elles sont tonitruantes.
Pas étonnant pour cette usine à gaz dont la seule vertu consiste à
prodiguer des retraites dorées à une assemblée de dignitaires lâches et
velléitaires, après des années de « bons et loyaux sévices » à la solde
de dictatures affairistes. Même le projet de cessez-le-feu que tous
attribuent à l’Egypte, est en réalité un projet conçu par Israël et
porté par son allié égyptien.
Les temps des salauds
Ne cherchez pas non plus une planche de salut, du côté de Paris. Elle
ne viendra pas. François Hollande et son premier ministre se sont
tellement fourvoyés en déclarations partisanes, qu’ils ne laissent
désormais plus planer de doute sur le camp qu’ils ont choisi. Le voyage
de Laurent Fabius au Moyen Orient, n’en ressemble que plus à une danse
de faux-cul, avec ces discours expurgés de la moindre allusion aux
meurtres de civils innocents ou de condamnation d’aucune sorte pour
Israël.
Étrange patrie des droits de l’homme, qui vit éclore tant de lumières
et qui refuse d’éclairer les chemins de la vérité. Cécité ? Non !
Complicité de Paris, à la fois si prompte à criminaliser ceux de ses
citoyens, pour la plupart des paumés, partis combattre le régime syrien
et qui ferme les yeux sur les autres, qui s’en vont tuer les enfants de
Palestine, avant de s’en retourner tranquillement dans leur foyer, se
vanter de leurs crimes entachés de lâcheté et de couardise.
Pour se dédouaner, les responsables français s’alignent sur les
thèses éculées de Tel Aviv qui font état des armes que le Hamas
cacherait dans les mosquées, les écoles, les maisons et des populations
civiles qui serviraient de boucliers humains à la résistance
palestinienne. Dans leur indignation feinte, les dignitaires français
oublient l’histoire de France et combien ce pays doit à la résistance à
l’occupation allemande entre 1941 et 1944. Elle ressemble à celle de
tous les mouvements de résistance. Elle consistait à tuer des soldats
allemands, cacher armes et explosifs dans les cloîtres, les écoles, les
églises, les internats de jeunes filles, avant d’aller se fondre parmi
la population civile. Si quelques patriotes courageux n’avaient pas
entrepris ces actions, la France de la collaboration aurait eu quelques
belles années de plus à vivre, sous la botte nazie.
Les temps de l’apocalypse
N’attendez pas non plus des médias occidentaux qu’ils vous racontent,
par le menu détail, comment Israël a anéanti une cinquantaine de
familles, et fait plus de sept cents morts et plus de quatre mille
blessés, en quinze jours d’offensive. Vous ne verrez jamais ce vieil
homme livide, la gorge sèche, raconter d’une voix tremblante, comment
son fils s’est vidé de son sang, sous ses yeux, des minutes durant,
parce qu’un sniper de « l’armée la plus éthique du monde », lui a tiré
une balle dans la gorge, au moment même où il tendait à son père, un
verre d’eau. Pas plus que vous ne verrez les images qui firent pleurer
secouristes et reporters, de ce couple de vieillards, baignant dans leur
sang, fauchés par l’explosion d’un obus sous la cage de l’escalier où
ils pensaient avoir trouvé refuge. On ne vous montrera pas non plus, ou
si peu, les images de ces dizaines de cadavres déchiquetés, ou celles de
ces femmes, ces vieillards et ces enfants agonisant dans le caniveau,
parce que les attaquants avaient interdit aux secours d’accéder au site.
Alors pour ne pas gêner l’ami israélien, on tait ses atrocités. On
fait dans le service minimum. On élude la brutalité de l’assaut et les
moyens utilisés : Obus de 155 millimètres, bombes à fragmentation, à
fléchettes ou à clous, phosphore blanc, uranium appauvri, gaz
asphyxiants ou DIME. On oublie de mentionner que ce sont près de
soixante mille hommes qui se bousculent aux portes de la minuscule
enclave assiégée depuis plus de sept ans et coupée du reste du monde,
pour aller en assassiner les habitants, sous les acclamations d’autres
israéliens, postés sur les hauteurs. On survole rapidement le bilan des
opérations qui s’alourdit d’heure en heure. On évoque des bombardements
chirurgicaux, le professionnalisme du soldat israélien et son respect
pour la vie humaine. Et pour mieux se convaincre de toute cette
imposture, on filme les funérailles de quelques « Golanis ».
De soi-disant héros, dont la légende, soigneusement entretenue, prétend
qu’ils sont invincibles. La résistance palestinienne en a pourtant
fauché quelques uns. Alors on en rajoute. On fait dans le pathétique,
avec ces gros plans sur les tombes et sur les visages ravagés par le
deuil et les larmes.
Shejayia, ce quartier Est de Gaza, dont le
nom évoque le courage, n’est plus que désolation, ruines et martyrs.
Ici, on meurt dans l’anonymat et dans l’horreur absolue, par paquets de
dix et en famille. Enterré sous les tonnes de gravats de sa maison,
quant un obus ou un missile ne vous ont pas dispersé, déchiqueté. Et nul
n’est jamais allé s’enquérir de ces abominations qui s’y commettent,
depuis quinze jours. Pas question, non plus, d’aller filmer le moindre
enterrement, ni la moindre tombe. Encore moins de diffuser ou reprendre
les images de cadavres de femmes, de vieillards et d’enfants démembrés,
décapités. Ça courroucerait tellement Tel-Aviv. Et puis c’est connu, une
fois morts, les gazaouis, se désincarnent et s’évanouissent dans le
néant, tels des fantômes que personne ne tient à revoir, ni à
rechercher.
Les temps des justes
Mais toute cause qui a ses salauds a également ses justes. C’est des
sociétés civiles que viendra le salut de la Palestine. Un peu partout, à
travers le monde, des centaines de milliers de simples citoyens, des
justes, ont prêté leurs voix au peuple palestinien pour qu’il puisse à
Chicago, Berlin, Paris, Rabat, Le Caire ou ailleurs, parler des
massacres qui lui sont infligés à huis clos. Une défaite cuisante pour
Israël, dont le marketing ne pèse plus très lourd, en ces temps où les
réseaux sociaux se chargent de relayer et d’amplifier les appels à
l’aide. Les sionistes auront beau tantôt mentir, tantôt pleurnicher ou
se lamenter, tantôt tempêter ou menacer. Rien n’y fait ! Le monde entier
connaît, à présent, l’ampleur des crimes épouvantables qu’ils
commettent. C’est ainsi que finirent les plus grandes tyrannies,
qu’elles aient eu pour nom fascisme, nazisme ou apartheid. D’abord
dénoncées avant d’être rattrapées par leurs crimes.
- « Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais, c’est peut-être la fin du commencement.
», disait Winston Churchill, au lendemain de la défaite des troupes de
l’axe en Afrique du nord. Cette énième agression sauvage contre Gaza,
inspire, à peu de choses près, le même sentiment. Israël pourrait bien
avoir perpétré là, son forfait de trop, celui qui signera, peut-être, le
commencement de la fin du sionisme.
Salah Elayoubi
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