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samedi 19 juillet 2014

Quand la poésie fait trembler Israël !

Par Mohammed Belmaïzi, 14/7/2014

Introduire l’œuvre de Mahmoud Dawish dans le débat contemporain, exige un très long développement. J’ai choisi ici de cerner un aspect percutant pour insérer la pensée poétique de Darwish entre l’Orient et l’Occident.

Les événements du 11 septembre ont précipité l’Orient sur l’autel de la vindicte médiatique du monde occidental. Désormais « les frontières sanglantes de l’Islam », sont exhibées en tant qu’ennemi fatal à « notre » civilisation occidentale, scientifique et moderne. Cette thèse au spectre raciste, est l’obsessionnelle idée d’un universitaire américain Samuel Huntington connu pour avoir été Conseiller du président Carter. Si elle a réussi à traverser presque tous les imaginaires du pouvoir occidental contemporain, cette inutile hostilité à l’Orient ne date cependant pas d’aujourd’hui. Et la question palestinienne depuis fort longtemps posée à la conscience universelle, suivie maintenant de plus près par l’occupation de l’Irak, sont là pour fournir la lecture de cette hégémonie contemporaine.

Dès les premiers balbutiements d’un progrès problématique, « la soi-disant triomphante avant-garde de la fin du 19ème siècle » qui « a prétendu répondre aux découvertes scientifiques, voire aider à l’avènement d’une nouvelle humanité », n’était pas exempte de «poncifs couvant sous l’apparence de l’Etat libéral bourgeois : le fascisme ». Sous le dogmatisme d’une vision binaire étriquée, cette avant-garde avait hiérarchisé le monde en «un Orient obscur, négatif et infini, un esprit aryen inventeur d’un panthéisme que la science moderne soi-disant confirme, et des aspects réalistes et gnostiques du christianisme ». Le but étant clair, il fallait « vaincre l’esprit sémitique » (Julia Kristeva, La Révolution du langage poétique).

Mais cette « guerre civilisationnelle » axée sur les seuls rapports et intérêts géopolitiques, dans laquelle on veut nous faire sombrer aujourd’hui, n’est-elle pas une simpliste diversion intellectuelle pour nous faire oublier cet autre important antagonisme où « le rationnel » et «le sensible» sont, depuis la percée du premier, en perpétuel affrontement tragique où le puissant se permet de dévorer le plus faible ?

Inaugurée par Christophe Colomb, la dynamique de l’exploration du monde ductile à la déferlante coloniale, va cruellement se préciser avec un 19ème siècle positiviste et scientiste, dont le projet est de faire disparaître l’humanité archaïque, vider de leurs sens les mythes, les rites, les dieux et les expériences religieuses. L’altérité n’était perçue qu’à travers sa monstruosité, ses cruautés et ses superstitions.

L’Histoire témoigne et nous fournit, lorsque nous remontons à la disparition de la civilisation aztèque, le premier drame d’une extermination, voire d’un génocide de toute une ère civilisationnelle (Tzvetan Todorov, La Conquête de l’Amérique, la question de l’Autre). Cet événement historique met en lumière le conflit de deux visions du monde. Et dans ce sens, l’humanité a assisté à l’une des tragiques confrontations sémantiques lorsque Moctezuma, le roi des Aztèques, supérieur en armes et en soldats, à la poignée d’hommes de Cortès, se laissa attacher les mains par ce dernier dans un silence religieux et fataliste. Notre conscience moderne reste totalement abasourdie sans les paramètres nécessaires d’analyse dont nous disposons, qui révèlent en fait, que ce roi, dans son sommeil, fit le rêve de cet événement fatal qui va être confirmé par l’interprétation des rêves de son époque. Autrement dit c’est la pensée mythique, prémonitoire pourrait-on dire, inhérente à l’échange avec le monde, qui s’est constituée prisonnière de celle, nouvellement « rationnelle », qui, elle, favorise l’échange avec les hommes. Et de fait, l’Histoire enregistre que «depuis cette époque, et pendant près de trois cent cinquante ans, l’Europe occidentale s’est efforcée d’assimiler l’Autre, de faire disparaître l’altérité extérieure ». S’il existe donc une guerre de civilisations, c’est bien dans cette problématique qu’il faudrait l’articuler. Il est donc à préciser que ces deux modes de pensée ou de communication sont indispensables : « Aucun des deux n’est intrinsèquement supérieur à l’autre et on a toujours besoin des deux à la fois; si on gagne sur l’un des plans, on perd nécessairement sur l’autre » (Todorov).

A la lumière de cet antagonisme des visions du monde, il est fort pertinent d’évoquer la question palestinienne avec Mahmoud Darwish, immense poète arabe, qui souligne à juste titre cette similitude. Ce n’est pas un hasard que l’extermination des Indiens d’Amérique côtoie étroitement, dans son œuvre poétique, la tragédie qu’endure le peuple palestinien, lorsqu’il dénonce « une guerre culturelle rageuse contre une philosophie intrinsèquement mêlée à la terre et à la nature, aux arbres, aux cailloux, à la tourbe, et à l’eau. L’homme rouge s’excusait avec une chaleur d’une surprenante poésie de l’arbre qu’il allait couper, expliquant son besoin vital. La machine a triomphé de cette sainteté que l’homme rouge attribuait à sa terre divinisée ». La promotion du « sensible » où s’insère la pensée poétique va s’exprimer explicitement chez le poète Darwish, quand il déclare qu’il s’est « mis dans la peau de l’Indien pour défendre l’innocence des choses, l’enfance de l’humanité » (Cf. « La Palestine comme métaphore »).

Dans l’espace culturel arabe, la défense du « sensible » sera prise très tôt par l’un des mouvements les plus importants, né au Maroc dans les années soixante. Dans sa critique radicale de l’ordre colonial et néo-colonial, une élite d’intellectuels va verser dans le débat contemporain une nouvelle pièce où figurent indissociables le « sensible » et le « rationnel ». Devenue une conviction inébranlable au fil des années, cette thématique va s’exprimer d’une manière systématique dans la revue « Souffles » à travers quelques articles, mais surtout par l’expression poétique, lieu par excellence où loge l’entité du « sensible ». Dans son article intitulé « Culture et progrès scientifique », Abraham Serfaty écrit : « Nous pensons, au risque de choquer bien des esprits, que le concept de science n’est pas transcendant à l’histoire de l’Humanité et de la société ». Sans le « sensible », il ne peut y avoir de création. Et toute création, y compris la création scientifique, ne plonge-t-elle pas dans le sensible ? ». Ensuite, pour donner plus d’impact à la thèse qu’il défend, l’auteur évoque une heureuse affirmation d’une autorité scientifique Marie Curie, qui relève qu’« autant une fausse science s’oppose à une fausse poésie, autant une véritable science est extraordinairement proche d’une véritable recherche poétique ».

Cet argumentaire initié par le poète marocain Abdellatif Laâbi, dont le projet avoué est de ressourcer son œuvre dans ce « sensible » tant décrié, va se poursuivre à travers une vision vécue de l’intérieur du processus créateur. Laâbi dira, en soulignant l’importance de cette faculté humaine, « que la civilisation humaine s’est développée au détriment de certaines facultés de l’homme. Nous avons assisté à une atrophie du sensible au profit du rationnel. C’est ce qui fait, d’après des études récentes, que l’homme prétendument parvenu à un des sommets de son intelligence ne développe en fait qu’un pourcentage dérisoire de ses facultés potentielles. Par ailleurs, bien des cultures ou des civilisations, qui ont été broyées par le bulldozer occidental de la modernité, ont emporté avec elles dans quelque Atlantide une partie de ces facultés. Mais il n’y a pas que les richesses perdues de ces peuples de l’abîme, il y a sous nos yeux les larges masses des peuples condamnés au silence, à la marginalisation et dont les facultés créatrices sont confisquées » (Cf. « La Brûlure des interrogations »).

Cette problématique mutation de l’humanité n’a malheureusement pas été traitée par le penseur Karl Marx, qui n’était malheureusement pas poète, mais qui s’exclamait pourtant devant les découvertes scientifiques de son époque en disant : « On dirait même, que la pure lumière de la science a besoin, pour resplendir, des ténèbres de l’ignorance » (Cf. l’étude de Jeanne Fevret-Saada, Les mots, la mort, les sorts). Dans la préface de l’une de ses œuvres poétiques, Laâbi dressera le même constat en tressant les liens entre mythe et science. En interpellant la modernité, le poète s’interroge : « Comment comprendre l’aéronautique moderne si nous n’avons pas saisi le sens de l’épopée tragique d’Icare ». Le « sensible », en tant qu’entité essentielle à la vie humaine, va résider dans cette image profondément patente, sous forme, ici encore, de questionnement : « Comment peut-on comprendre l’arbre si nous sommes incapables d’imaginer ses racines ? »

Aujourd’hui, on sait que dans un monde instauré sur les rapports de domination et d’injustice culturelle, le recours au « sensible » n’est sans nul doute pas un arrièrisme mais un élément structurant qui permet une intégration par la pensée et la construction poétique.

La poésie, c’est donc une riposte et un paradigme de pensée. Elle se trouve au cœur de tous les combats pour la dignité et contre toutes les formes d’offenses et de soumissions. En tout temps, la poésie a joué un rôle capital dans les phases historiques les plus déterminantes pour la vie d’une communauté, d’un peuple ou d’une nation. Sous la colonisation, l’expression poétique au Maroc par exemple, a contribué à canaliser les aspirations de liberté et d’indépendance. Les poètes étaient répertoriés par les « scientifiques » coloniaux dans le registre de la subversion. « Aujourd’hui [la période coloniale], écrit Basset, ce sont eux, ces orchestres à l’accoutrement barbare, toujours en marche de village en village, qui répandent dans les régions agitées, les bruits les plus extraordinaires et poussent à la lutte contre les Français. On les admire, on les écoute, ce sont de redoutables agents de propagande » (cité dans « Souffles »).

En Palestine, pays d’un peuple brimé et occupé, l’analogie s’avère surprenante et remarquable. Car, il a suffit d’un poème de Mahmoud Darwish intitulé « Passants parmi des paroles passagères» (Cf. Palestine, mon pays (l’affaire du poème)), pour ébranler les fondements de l’Etat d’Israël ainsi que la Knesset, et pour provoquer un « débat hystérique » selon les intellectuels israéliens eux-mêmes, qui ont pris ouvertement la défense de la poésie. Ytzhak Shamir, premier ministre d’alors, pouvait dire à cette époque que « j’aurais pu lire ce poème devant le Parlement, mais je ne veux pas lui accorder l’honneur de figurer dans les archives de la Knesset ».

Privé sciemment d’une reconnaissance universelle, le poète arabe, au lieu d’errer à la recherche d’un désert-refuge, il crie sa fidélité à la spiritualité et à l’expression poétique. « La poésie est tout ce qui reste à l’homme, écrit Laâbi, pour proclamer sa dignité, ne pas sombrer dans le nombre, pour que son souffle reste à jamais imprimé et attesté dans le cri ». Une voie obstinément éthique s’ouvrant sur un choix ultime : la pensée poétique comme seul moyen pour exprimer une humanité démunie, et dénoncer l’instauration d’une rationalité ressentie, pour la première fois peut-être de l’extérieur de la civilisation occidentale, par les colonisés, comme folle et monstrueuse. Déjà le poète occidental Mallarmé avait fustigé le siècle de la flambée nationaliste et de la raison colonialiste de son époque, prenant un chemin opposé «pour tracer la voie d’une folie logique ou d’une logique devenue folle à vouloir méconnaître le hasard (les ruptures du symbolique) », (Cf. Julia Kristeva, La Révolution du Langage Poétique).

Si la civilisation contemporaine a élu domicile dans la science en tant que « Terre Promise» (Cf. Jean SERVIER, L’Utopie, P.U.F), en légitimant la colonisation, la poésie, elle, sera une réelle et douce « autre terre promise » pour le marginalisé et le laissé pour compte. Car elle est transmutation de la sensibilité collective, et travaille pour le ré-ancrage de l’imaginaire. Dans ce sens elle peut se qualifier de « science » mais d’une science « autrement ». Il ne fait plus aucun doute pour la génération de ces poètes, et ceux qui les suivront, que la poésie aura pour tâche, comme le dit Laâbi, de redécouvrir, par ses moyens propres, la dialectique concrète de la pensée, de l’histoire et des forces sociales. Et la poésie est certainement une des activités créatrices les plus proches et les plus capables de cette saisie et de cette démarche.

C’est ainsi que la poésie arabe n’a de cesse de lancer son humble défi au monde occidental, à travers une production mirifique, porteuse de valeurs insoupçonnées. La poésie palestinienne de combat (Cf. La Poésie palestinienne de combat, anthologie traduite et présentée par A. Laâbi), va venir imposer son irréductible différence pour décentrer l’histoire écrite par le plus fort. Mahmoud Darwish, faisant un clin d’œil au savoir occidental, dira : «Etre ou ne pas être / Là n’est pas la question / Etre et être / Là est la décision » (Passage tiré d’une conférence de Darwish au Danemark dans le local de l’Association des Ecrivains Danois, Copenhague, 1985).

Dans ce résolu face-à-face aux humiliations culturelles spécifiques à la colonisation –d’ailleurs toujours décrétée comme « Œuvre de Civilisation » (ainsi que le montre le récent débat en France, mais aussi ce que nous vivons aujourd’hui à travers l’invasion de l’Irak ou à travers le piétinement de la terre de Palestine) –  et en biffant le discours poétique investi par le «sensible» tant redouté, c’est la science « pure » et « dure » qui émerge avec les conséquences qu’on connaît. Tant il est vrai qu’une soi-disant science qui cautionne l’inhumain, la terreur des Etats, le massacre et le génocide, ne peut prétendre convaincre les opprimés qui cherchent à se défaire de son fardeau. « Il nous reste beaucoup à méditer », écrit Abdelkébir Khatibi, l’un des participants dans le revue « Souffles », « sur la solidarité structurelle qui lie l’impérialisme dans toutes ses instances (politique, militaire, culturelle) à l’expansion de ce qu’on appelle les sciences sociales. Tâche immense, il est vrai : entre le fait de colonisation et celui de la décolonisation, il y va du destin de la science et de la technique, en tant que forces, énergie de domination et de maîtrise sur la totalité du monde, et du surmonde aussi bien » (cf. Maghreb pluriel)

Pour les intellectuels arabes, la question palestinienne recouvre tout un pan métaphorique qui va toucher à divers fronts. Car libérer la pensée devient synonyme de toutes les libérations ; celle de la « conscience malheureuse » occidentale, qui soutient inconditionnellement une injustice violant tous les principes de droit ; synonyme aussi de la neutralisation de la gangue passéiste et offensante du sionisme ancré dans l’idéologie du 19ème siècle. A ce propos, en voici une illustration visant la logique bornée de ce sionisme sans avenir, à travers la pensée poétique de Darwish : «C’était la nuit noire / et le chanteur chantait / On l’interroge / pourquoi chantes-tu / il répond : parce que je chante / et ils ont fouillé sa poitrine / ils ont fouillé son cœur / n’y ont trouvé que son peuple / ils ont fouillé sa voix / n’y ont trouvé que sa tristesse / ils ont fouillé sa tristesse / n’y ont trouvé que sa prison / ils ont fouillé sa prison / et n’y ont trouvé qu’eux-mêmes enchaînés » (Cf. « Rien qu’une autre année », traduit de l’arabe par A. Laâbi. Il faut noter que ce recueil a eu le succès de vente de plus d’un million d’exemplaires)… Mais libérer la pensée c’est aussi et surtout contribuer à une réelle libération du peuple palestinien et de tous les peuples arabes.

Dans cet élan, la poésie est appelée à revêtir toute l’existence de l’humain. « La poésie » écrit Laâbi en lettres capitales dans l’une de ses interventions « est aujourd’hui au cœur de la tragédie de l’homme et de son immense espoir ».

Chassé de sa terre, et son droit à l’existence confisqué, le poète Mahmoud Darwish, insoumis à l’ordre établi par le plus fort, édifie sur le texte poétique devenu patrie, ses dénonciations, sa colère, ses espoirs, sa philosophie et sa vision du monde qui est en somme éthique et esthétique où il fait bon vivre. Le thème de la terre occupée n’est plus qu’un alibi pour développer une œuvre d’art poétique touchant à l’universel, et à la condition humaine. C’est que «la Palestine, dit le poète Mahmoud, ne se limite pas à la Palestine, mais qu’elle fonde sa légitimité esthétique dans un espace humain plus vaste». Dans, La Palestine comme métaphore, Darwish aime à raconter ce que Jean Genet, fervent défenseur de la cause palestinienne, disait : « la patrie est l’idée la plus sotte qui soit, sauf pour ceux qui en sont privés, comme les Palestiniens ». Dans un entretien, Juan Goytisolo demande à Genet : «qu’adviendra-t-il lorsque les Palestiniens auront retrouvé leur patrie ?», Genet répondit « Ils auront alors le droit de la jeter par la fenêtre ».

Mais le poème et la terre occupée maintiennent, chez Darwish, une relation de passion et de compassion amoureuse, permettant à la poésie de tracer une absence et d’indiquer le lieu de résistance. Aussi le poème construit-il inévitablement le futur : « Ils m’ont dit : pourquoi tu écris le poème blanc / et la terre noire ».

Cette science cognitive « autrement », qu’est la poésie, fondée sur le « sensible », en opérant une plongée dans les nouvelles lignes directrices de tous les possibles, révèle l’humanité à elle-même. Mais loin d’être le fruit d’une quelconque mystérieuse inspiration, le poème, le plus court soit-il, nécessite, nous dit Darwish, des centaines de livres à lire et une volumineuse mémoire documentaire. Le poème a besoin lui aussi d’un savoir, d’une archéologie, d’une longue recherche et d’une épaisse documentation scientifique. Ne s’agit-il pas en somme d’une science à part entière ? Des études audacieuses le disent aujourd’hui expressément : « la science d’aujourd’hui ne peut plus se donner le droit de nier la pertinence et l’intérêt d’autres points de vue, de refuser en particulier, d’entendre ceux des sciences humaines, de la philosophie, de l’art » (Cf. Prigogine & Stengers, La Nouvelle Alliance (métamorphose de la science)). Et faut-il évincer, au sein du concert des autres savoirs, une véritable pensée théologique, pour ne parler que de la théologie de libération, réfléchie, responsable et conséquente…et sans doute pour réfuter le bricolage terroriste d’une croyance magico-religieuse qui sévit contre les peuples musulmans actuellement ?

Je me permets ici d’ajouter naturellement « l’esthétique verbale » pour évoquer cette «poésie» palestinienne insoumise à la puissance barbare et délétère. Le violent antagonisme entre le «sensible » et le «rationnel», en s’inscrivant dans le giron de notre condition humaine atrophiée, va ici prendre avec Mahmoud Darwish une forme décisive qui oppose tragiquement « une victime victorieuse, hérissée de têtes nucléaires » à « une victime dominée, hérissée de têtes poétiques» (Cf. La Palestine comme métaphore).

Notre conscience moderne, ne sera-t-elle pas amenée, tôt ou tard, à opter, comme le suggèrent nos immenses poètes, pour la culture et pour promouvoir l’intelligence vive et libératrice. Riches, à la fois, du «sensible» et du «rationnel», nous irons chanter les principes de justice et revendiquer l’avènement de l’Etat de Droit où la pensée poétique sera à portée de main de tous les citoyens. Nous aurons, ainsi, jugulé l’abominable et attentatoire statut de « Sujets ».

A travers la poésie de Mahmoud Darwish, réfléchir autrement, devient immédiatement possible.

Mohammed Belmaïzi

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