Par ACAT
(Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), 17/7/2014
Communiqué
de presse
Pour
publication immédiate
Maroc :
les autorités harcèlent des victimes de torture
Vendredi 11 juillet, Wafaâ Charaf, militante du Mouvement du
20 février [1] a été placée en détention provisoire pour avoir déclaré qu’elle
avait été torturée trois mois plus tôt.
Selon l’ACAT, les autorités marocaines, qui affirment qu’elles mettent tout en œuvre pour que justice soit rendue aux victimes de torture, tentent en fait d’imposer une omerta sur la pratique de la torture en poursuivant les victimes.
Selon l’ACAT, les autorités marocaines, qui affirment qu’elles mettent tout en œuvre pour que justice soit rendue aux victimes de torture, tentent en fait d’imposer une omerta sur la pratique de la torture en poursuivant les victimes.
Selon Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à
l’ACAT, « le gouvernement marocain a décidé d’agir contre les personnes qui
disent avoir été victimes de tortures et non contre les tortionnaires. Cette
réaction extrêmement cynique montre que les autorités marocaines, sous couvert
de lutte contre l’impunité, entendent perpétuer la loi du silence. »
Wafaâ Charaf est accusée de dénonciation calomnieuse, après
avoir déclaré sur les réseaux sociaux qu’elle avait été torturée par deux
policiers, au lendemain d’une manifestation organisé le 27 avril à Tanger.
Le 1er juin, Oussama Hassan, autre militant du mouvement du 20 février, était placé en détention pour des faits similaires.
Le 1er juin, Oussama Hassan, autre militant du mouvement du 20 février, était placé en détention pour des faits similaires.
Face aux nombreuses allégations de torture notamment portées
par l’ACAT, le ministre de la Justice Moustafa Ramid a, ces derniers mois,
reconnu l’existence de la torture au Maroc mais a toutefois assuré qu’il
s’agissait de pratiques isolées dont l’Etat n’est pas responsable. Dans la même
stratégie visant à soustraire l’État à ses responsabilités, il a, dans un
communiqué publié le 10 juin 2014, certes promis des enquêtes concernant les
allégations de torture, mais a aussi annoncé que les auteurs de dénonciation
calomnieuse seraient poursuivis. En pratique, seule la seconde partie de
l’annonce a été mise en œuvre. D’après les informations dont dispose l’ACAT,
aucune enquête sérieuse, indépendante et impartiale n’a été menée concernant des
allégations de torture.
L’ACAT est aussi poursuivie devant la justice marocaine pour
dénonciation calomnieuse alors que les plaintes pour torture qu’elle a déposées
aux côtés de plusieurs victimes sont sérieuses et
circonstanciées.
Le 4 mars 2014, le Maroc s’est joint au Chili, au Danemark,
au Ghana et à l’Indonésie pour lancer l’initiative mondiale pour la ratification
de la Convention contre la torture. Cette initiative, saluée par l’ACAT, doit se
traduire par des actes. Au même moment, le royaume chérifien multipliait les
mesures de rétorsion à la suite de la convocation par la justice française du
patron de la DST marocaine concernant des plaintes pour torture déposées par
l’ACAT et plusieurs victimes. Selon Hélène Legeay, « avant d’appeler les
autres pays à ratifier la Convention contre la torture, le Maroc, devrait
commencer par respecter ses engagements internationaux afin de lutter
véritablement contre la torture au Maroc, en s’assurant que la Convention,
ratifiée par le pays en 1993, ne reste pas lettre morte. »
Contact presse :
Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr
Notes aux rédactions :
·
[1] Dans le sillage des mouvements
sociaux nés du Printemps arabe, des protestataires marocains venant de
différentes tendances idéologiques, mais partageant les revendications pour plus
de démocratie et la fin de la corruption se sont fédérés au sein du
« Mouvement du 20 février » et ont organisé à partir de cette date une
série de manifestations pacifiques dans plusieurs villes du pays.
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