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vendredi 11 avril 2014

Dumping social ? Austérité ? « Stop » ! « L’Europe détricote ce que nos grand-parents ont construit »


50 000 personnes ont défilé dans les rues de la capitale européenne ce vendredi pour dire « stop » au dumping social et à l’austérité. Un cortège coloré et très diversifié. Avec comme point commun le désir d’une vraie Europe sociale pour les travailleurs.

Jonathan Lefèvre, 4/4/2014


Des travailleurs sont venus des quatre coins de l’Union. Des drapeaux slovaques, autrichiens, allemands, hollandais, français, polonais, etc. ont flotté sur Bruxelles, capitale de cette Europe néolibérale que les manifestants entendaient bien contester. Côté belge, les dockers anversois et gantois, les ouvriers de Saint-Gobain, de Heinze et d’autres délégations importantes, comme Caterpillar, ont fait du bruit.
« Jusqu’à 50 % des jeunes sont sans emplois dans les pays les plus durement touchés par l’austérité. Et 121 millions d’Européens sont sous le seuil de pauvreté. Voilà tout ce qu’ont rapporté 6 ans d’austérité ! Mais les dettes publiques n’ont pas bougé. L’austérité ne marche pas. Elle casse les jeunes et ne fait que des dégâts. Elle creuse aussi les inégalités », dénonçait la FGTB dans son communiqué de presse. Les militants des trois syndicats belges ont répondu massivement à l’appel de la CES (Confédération européenne des syndicats). Comme David, de la CGSP : « On n’est pas d’accord avec le dumping social, ni avec l’austérité, ni avec l’expulsion de 55 000 jeunes des allocations de chômage. Pour moi, c’est un tout. C’est une catastrophe sociale, en Belgique et partout en Europe. Pas seulement en Grèce ou en Espagne, mais dans tous les autres pays aussi. »
Parmi les thèmes abordés par les manifestants, l’Europe revenait souvent, bien sûr, mais la politique locale était aussi dans le viseur. Monique (CSC Services publiques) : « Je suis là pour soutenir les travailleurs qui ne trouvent plus de travail et surtout contre le fait de payer moins les travailleurs étrangers. Ces gens sont sous-payés alors qu’ils font souvent des métiers pénibles. C’est dans la logique du diviser pour mieux régner des dirigeants politiques et du patronat. Même moi, qui travaille dans une administration, je vois qu’on oppose les employés nommés aux non-nommés. Ailleurs, c’est les travailleurs belges contre les étrangers, les hommes contre les femmes… Marre ! » « Je suis là pour défendre l’emploi. Il faut une harmonisation vers le haut à l’échelle de l’Union pour éviter le dumping social. Et je suis en colère sur le gouvernement belge qui défend les patrons et laisse tomber les ouvriers. Comme beaucoup d’autres gouvernements européens », réagit André, de la Centrale générale (FGTB).
Le docker (CSC) Yvan Heyligen était aussi en colère : « Les hommes politiques doivent le savoir : s’ils continuent à libéraliser le port, dans ce cas, les dockers franchiront un pas de plus. C’est pourquoi, messieurs les politiciens, pensez un peu à ce qui s’est passé à Strasbourg, pensez aux dockers. Si vous vous asseyez sur nos salaires, nous ne serons pas d’accord ! Fernand Huts a déjà commencé, en remplaçant les dockers logistiques, qui gagnent déjà 30 % de moins que les dockers du contingent général, par des intérimaires encore meilleur marché. Maintenant, la Commission européenne veut poursuivre sur cette voie, mais nous ne l’accepterons pas ! »

« L’Europe détricote ce que nos grand-parents ont construit »

Pascale, CSC Namur-Dinant : « Je suis mère célibataire de deux jeunes filles. Une fait des études supérieures, l’autre débutera l’année prochaine. Je n’arrive plus à suivre. On nous prend pour des cons ! Les dirigeants politiques européens détricotent ce que nos grands-parents ont construit. Il faudrait vraiment que les ministres passent un mois avec nous sur le terrain. Et toutes les mesures d’austérité visent les plus précaires, donc les femmes, en premier. Le 25 mai, il faut voter pour d’autres personnes car elles sont au pouvoir depuis trop longtemps. Elles sont totalement déconnectées de la réalité. De notre réalité. »
Un thème mis en avant était l’avenir des jeunes. Katrien Mus (CSC Anvers) : « L’Europe a aujourd’hui un énorme chômage des jeunes et, pour les gens qui ont encore du travail, les conditions ont fortement régressé. Surtout pour les femmes. L’Europe crée une élite riche et beaucoup de pauvreté. Ca doit changer. C’est pourquoi nous essayons d’impliquer les jeunes et de les informer. Nous informons les jeunes aussi sur la vision des différents partis à propos de l’Europe, de sorte que, le 25 mai, ils sachent pour quoi ils voteront. »
Le président de la CSC, Marc Leemans, a mis en avant l’importance du 25 mai : « Cette manifestation est un signal aux hommes politiques qu’ils doivent faire suivre un autre cap à l’Europe, qu’ils doivent opter pour une Europe sociale. Et elle est également un message aux travailleurs : le choix qu’ils feront le 25 mai aura des conséquences qui iront très loin. Ce n’est pas un conseil de vote, mais une direction de vote. Nous le disons clairement aux gens : pensez aux conséquences. Si vous ne voulez pas d’un pays en friche et si vous voulez encore donner toutes les chances à vos enfants et petits-enfants, alors, on ne peut démanteler à aucun prix la sécurité sociale et la protection sociale. Alors, nous devons nous engager dans des investissements afin que ce soit possible. Nous le disons très clairement : votez social. »

« Pour un plan d’investissement européen »

Rudy De Leeuw, son homologue de la FGTB se montrait satisfait de la mobilisation. « Les responsables des syndicats de la CES réclament à nouveau ensemble une Europe plus humaine et sociale. Concrètement, ils réclament un ambitieux plan d’investissement pour créer 11 millions d’emplois en Europe. C’est dans ce cadre que se situe aussi l’action de nos jeunes. Ils s’opposent à la discrimination et à l’exclusion et réclament un avenir pour eux. Il y a aujourd’hui des pays avec 50 % de chômage parmi les jeunes et ça ne peut plus continuer. »
Un podium qui se trouvait au bord du cortège a particulièrement retenu l’attention. Sur scène, Peter Mertens et Raoul Hedebouw, président et porte-parole du PTB, venus soutenir les manifestants ont reçu un accueil chaleureux. Benjamin Pestieau, président du PTB Bruxelles : « On dit que les travailleurs de veulent plus se mobiliser. Une nouvelle fois, ils ont prouvé l’inverse. Selon l’Eurobaromètre publié début avril, la moitié des Européens voit comme principal défi de notre continent le développement de l’égalité sociale et de la solidarité. On en a vu un échantillon aujourd’hui. Comme parti de gauche, être là dans la rue aujourd’hui, comme hier et demain, comme dans les usines ou aux piquets de grève est important. »
Une campagne de SETCa s’intitule « C’est todi li p’ti qu’on spotch » (c’est toujours les plus petits qu’on écrase, en wallon). Mais quand les « petits » s’unissent, comme aujourd’hui, il est beaucoup plus difficile de les « spotcher »…

(Propos recueillis par Jonathan Lefèvre et Gaston Van Dyck)

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