Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°59 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au
Maroc, 11/4/2014
L’exigence de l’établissement de
la vérité sur ce qui s’est réellement passé au Maroc en termes de violations
graves des droits de l’Homme étaient les maitres mots du colloque, organisé le 9
avril 2014 au Parlement européen par le collectif Al-Haqiqa (AMBDH, APADM, ASDHOM,
FMVJ-France, KMM). Ce colloque sur la disparition forcée et l’impunité qui
prévaut au Maroc, présidé par la députée européenne Marie-Christine Vergiat du
groupe GUE, a été dédié à feu Hadj Ali
El-Manouzi, père du disparu Houcine El-Manouzi dont le sort n’est pas
élucidé depuis son enlèvement en 1972 à Tunis et sa tentative d’évasion à Rabat
en 1975.
L’ASDHOM qui s’est investie dans
la préparation de ce colloque, ce qui explique le retard de ce point
hebdomadaire, tient à se joindre à toutes celles et tous ceux qui, en ce moment,
à Rabat comme à Casablanca, rendent hommage à la mémoire de ce grand homme et à
travers sa mémoire, à celle de toutes les victimes des violations des droits de
l’Homme et à leurs familles.
Ont pris part à ce colloque deux
invités venus du Maroc : Maître Abdeslam
Chaouch, un ancien membre dirigeant de l’AMDH, membre du PADS et de
l’association l’Observatoire de la Justice au Maroc ainsi que Abdelkrim Ouzzane du Comité de coordination
des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc
(membre du Forum Marocain pour la Vérité et la Justice FMVJ) et fils du disparu
Belkassem Ouzzane, enlevé en 1973 de la prison centrale de Kénitra alors qu’il
venait d’être relaxé par le tribunal militaire de
Rabat.
Un dossier regroupant les actes de
ce colloque sera publié par le collectif Al-Haqiqa qui entend rouvrir le sujet
de la vérité et de l’impunité en interrogeant les travaux et les résolutions de
l’ex-IER qui était censée faire la lumière sur le passé du
Maroc.
Nous revenons dans ce point sur
les informations préoccupantes qui nous sont parvenues et qui concernent nos
groupes de prisonniers politiques et d’opinion déjà parrainés ainsi que
d’autres, nouvellement arrêtés.
Groupe
UNEM-Agadir : Très tôt, le 1er avril 2014, le prisonnier
politique militant de l’UNEM, Noureddine
Abdelouahab, est trouvé mort
pendu dans sa cellule à la prison locale de Ouarzazate où il purgeait
une peine de 2 ans et 8 mois depuis juin 2012 suite aux protestations populaires
qu’avait connues la ville de Mhamid El-Ghizlane. Ses camarades de l’UNEM, le
connaissant combattant et bon vivant, ne croient pas à la thèse du suicide.
L’ASDHOM qui présente ses condoléances à sa famille et à ses camarades, demande
aux autorités marocaines de faire toute la lumière sur cette mort
suspecte.
Groupe
UNEM-Fès : Ce sont 31 étudiant(e)s,
militant(e)s de l’UNEM-Fès, qui ont été arrêté(e)s et présenté(e)s le 29 mars
2014 au procureur du roi près du tribunal de 1ère instance de Fès.
Ces arrestations sont survenues
après l’intervention violente des forces de l’ordre au sein du campus
universitaire Dhar El-Mahraz pour disperser une occupation de nuit
qu’observaient les étudiants pour réclamer l’amélioration des conditions
d’étude.
Ils ont été présentés le 30 mars
au juge d’instruction qui a décidé de poursuivre 11 parmi eux en état
d’arrestation et les 20 autres en liberté provisoire. Le procès des 11 a été
fixé au lundi 31 mars et il a été reporté par la suite au 7 avril, puis au 14
avril. Il s’agit de : Adil Abioui, Bouchta
Janati, Abderrahim Baraka, Abdelfattah Meskine, Mustapha Bakrati, Brahim Saâou,
Mohamed Nadi, Jalil Chahid, Khalil Karbaoui, Mehdi Chhiti, Hakim
Hachimi. Ils se trouvent actuellement à la prison locale Ain Kadous.
Le procès des 20 autres, libérés
provisoirement, a été, lui, fixé au 15 avril 2014.
Toujours à Fès, l’ancien
prisonnier politique, membre de l’UNEM-Fès, Mohamed Ait Rais, a été arrêté de nouveau
le 1er avril 2014. C’est la troisième fois en deux ans qu’il est
arrêté et traduit devant un tribunal. En 2012 et 2013, il avait déjà écopé de
deux peines d’emprisonnement et l’ASDHOM l’avait proposé au parrainage. Ce sont
donc 12 militants au total qui attendent leur procès du 15 avril à la prison Ain Kadous
de Fès. Pour réclamer leur libération et dénoncer ce procès, ils ont observé
deux grèves de la faim, une de 48h
le 5 avril et une autre de 96h à partir du 10
avril.
Groupe
UNEM-Taza : À Taza, non loin de Fès, c’est
autour de la militante de l’UNEM-Taza, Saida
Bouzafour, d’être arrêtée le 1er avril. Le juge a décidé
de la poursuivre en état de liberté
provisoire.
Groupe
20-Février à Casablanca : Les trois grandes centrales
syndicales au Maroc avaient appelé à manifester le dimanche 6 avril à
Casablanca. Des militants du mouvement 20-Février se sont joints à cette
manifestation. Les forces de l’ordre sont alors intervenues avec violence pour
isoler ces militants et ont procédé à des arrestations parmi eux. 11 militants
du 20-Février ont été présentés le 8
avril 2014 devant le tribunal de
1ère instance de Casablanca. Leur procès a été reporté au
15 avril. 9 parmi eux (Hamza Haddi, Youssef
Bouhlal, Ghani Zaâmoun, Ayoub Boudad, Hakim Sarroukh, Mohamed Harrak, Abdellatif
Sarsari, Mustapha Aârass, Hamid Alla) ont été placés de détention à
la prison Oukacha et les deux autres (Amine
Kabbabi, Fouad El-Baz) sont poursuivis en liberté provisoire. Parmi
les militants arrêtés se trouvent d’anciens prisonniers politiques que l’ASDHOM
a parrainés.
L’ASDHOM réclame leur libération
et demande aux trois syndicats qui ont organisé cette manifestation, qui n’avait
rien d’illégal, d’intervenir avec force auprès des responsables marocains pour
exiger cette libération immédiate. Ces arrestations condamnables constituent une
atteinte flagrante au droit de manifestation.
Groupe
Sahraouis-Ait Melloul : Les quatre défenseurs des
droits de l’Homme sahraouis, Sidi Sbai, Hafed
Toubali, Bachir Bouâmoud et Mohamed Jemour, qui avaient été arrêtés
le 11 février à Ifni, condamnés en 1ère instance à Tiznit à des
peines de 4 et 6 mois de prison ferme et transférés à la prison d’Ait Melloul
pour attendre leur procès en appel au tribunal d’Agadir, ont arrêté le 2 avril
leur grève de la faim, entamée le 24 mars dernier, après avoir reçu la visite
d’un vice-procureur du roi qui a promis d’accéder à leur doléances. Ils
réclamaient un procès en appel rapide et l’amélioration de leurs conditions de
détention et notamment la séparation des prisonniers de droit commun. Le
lendemain et d’une manière expéditive, la Cour d’appel d’Agadir a reporté leur
procès au 10 avril 2014 avant même que les 4 détenus n’arrivent en salle. Aux
abords du tribunal, les forces de l’ordre ont procédé en même temps à la
dispersion violente causant des blessés parmi les familles et les organisations
qui sont venues les soutenir. Ce procès va être reporté une deuxième fois au 17 avril
2014.
Le 3 avril, c’était au tour de deux autres
prisonniers politiques sahraouis d’être jugés pour un dossier qui remonte à
septembre 2013 en lien avec les événements d’Assa après le démantèlement du
campement Tizimi qui ont conduit à al mort du jeune Rachid Echine. Boujamâ Izza (27 ans), arrêté le 4 octobre
2013, a été condamné à deux ans de
prison ferme. Quant à Hassan
Chouiar (32 ans), arrêté le 1er octobre 2013 à Assa pour
les mêmes raisons, a été condamné à un
an de prison ferme.
Au même moment, un autre
prisonnier politique sahraoui, Abdallah
Boukayoud, a vu son procès reporter par le même tribunal sans lui
fixer de date.
Le 10 avril, cette fois-ci, c’est le jeune
mineur Hamza Tamek, qui a été
condamné après plusieurs reports à un an de prison
ferme.
Groupe
Ouarzazate-Microcrédit : En soutien aux femmes
marocaines en lutte contre les dérives du microcrédit et aux deux militant(e)s
condamné(e)s, Amina Mourad et
Bennacer Ismaïni,
Attac/Cadtm Maroc et l’Association populaire
pour le développement social organisent du 24 au 27 avril une
caravane internationale de
solidarité. Elle partira de Ouarzazate à la vallée du Ziz, faisant
étape dans les vallées du Draa et du Dades – des zones de forte concentration
des victimes du microcrédit.
Bureau exécutif de
l’ASDHOM
Paris, le 11 avril 2014
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