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samedi 12 avril 2014

une vendetta contre le Mouvement 20 février au Maroc



une vendetta contre le Mouvement 20 février au Maroc


YanasstelL'info en continu
La culture est le prolongement de la politique par d’autres moyens.
Par Fahd Iraqi, 
8/4/2014

Les militants du 20-Février l’ont compris quand leur mouvement a commencé à s’effriter et qu’ils se sont mis à se recycler dans les associations culturelles. Jusque-là, les autorités ne réagissaient que de manière occasionnelle pour contrer certaines de leurs activités. Mais récemment, une tendance de fond se dessine : on cherche à bâillonner les artistes qui se déclarent proches du mouvement.
En l’espace de deux semaines, trois cas de censure de manifestations culturelles sont à déplorer. D’abord l’interdiction, le 13 février, de la conférence de presse du rappeur et militant Mouad L7a9ed. Un dispositif sécuritaire impressionnant avait été déployé pour dissuader les propriétaires d’une librairie casablancaise d’abriter cet événement « non autorisé ». Une semaine plus tard, les organisateurs du festival Résistance & Alternatives se sont vu refuser l’accès aux anciens abattoirs de Casablanca. Les portes de ce qui est censé être une fabrique culturelle sont restées fermées au nez des acteurs qui font vivre cet espace, sous prétexte qu’une autorisation de la ville était nécessaire. Troisième cas et non des moindres, le festival Étonnants voyageurs vient de déprogrammer la projection du film My Makhzen and me ainsi qu’une table ronde avec le collectif Guerilla Cinéma. Cette fois-ci, le coup de pression serait venu des gestionnaires du centre culturel Renaissance à Rabat, appartenant à la famille royale, sous prétexte que les débats politiques sont bannis des lieux.

lhaqed
Le chanteur Lhaqed (L7a9ed)
Le rappeur L7a9ed, les cinéastes de Guerilla Cinéma et Nadir Bouhmouch, le réalisateur de My Makhzen and me, ont en commun d’avoir émergé du Mouvement du 20 février. Face à eux, le pouvoir semble user d’instruments démesurés pour contrer leur forme d’art. Pourtant, cette culture poil à gratter des puissants, ses œuvres courageuses qui mettent le Makhzen à nu devant ses contradictions et ses injustices sont productives dans une société qui se cherche un modèle. L’art rebelle est même un signe de bonne santé dans un pays qui se veut en transition démocratique. C’est un miroir qui grossit les traits des dérapages et un baromètre pour prendre le pouls d’une communauté mal dans sa peau.
Mais il ne faut pas compter sur les faucons du régime pour avoir cette vision des choses. Leur démarche sonne comme une vendetta contre le Mouvement du 20 février. On veut lui asséner le coup de grâce en exterminant jusqu’à sa dernière branche. C’est son aile culturelle qui a su le mieux s’organiser et s’est montrée des plus efficaces et des plus prolifiques. Ce processus de « containment » a, malgré tout, ses limites. Au lendemain de l’interdiction de sa conférence de presse, L7a9ed a pu monter sur scène dans un club de Casablanca. Les activistes du festival Résistance & Alternatives ont pu délocaliser une partie de leur activité ailleurs. Enfin, les œuvres de Guérilla Cinéma sont disponibles en un double clic sur le Web. Si le régime croit pouvoir siffler la fin de la récréation à coups de censure pour makhzéniser la culture à sa guise, il se trompe de combat. Pire, il ne fait que redonner du souffle à un mouvement en voulant l’étouffer.
Fahd Iraqi Telquel

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