La compassion déguisée du Makhzen envers les détenus victimes de la
torture au Maroc n’a pas duré longtemps. Juste le temps du passage au
Maroc du rapporteur sur la torture de l’ONU, Juan Mendez, dont le rapport préliminaire évoquant une pratique « systématique » de la torture dans les prisons, connues ou secrètes, ainsi que dans les commissariats marocains, est accablant pour l’Etat marocain.
Plusieurs prisonniers politiques qui avaient constaté une légère
amélioration de leur condition de détention avant l’arrivée de la
mission onusienne au Maroc, ont retrouvé la triste réalité quelques
jours après le départ de Mendez du Maroc.
Ainsi, par exemple, selon son avocat, le jeune activiste du Mouvement du 20 février, Samir Bradley,
condamné à dix mois de prison il y a deux semaines par un tribunal
casablancais, s’est retrouvé du jour au lendemain sans couverture après
le départ de l’émissaire de l’ONU.
Mais les faits les plus graves se sont déroulées au Sahara occidental. Dans la « Prison noire » de Laâyoune.
Hier, vers 18h30, le directeur de la prison, Abdelilah Zenfouri,
un ex-chef de détention de la prison de Kénitra connu pour ses méthodes
« tendres » envers les prisonniers, a ordonné à ses matons d’attaquer
les prisonniers politiques sahraouis. Pour quelle raison ? Comme
l’administration pénitentiaire marocaine ne communique jamais, il est
très difficile, sinon impossible, d’avoir accès à sa version des faits.
Le groupe attaqué est composé de 11 personnes, toutes arrêtées en
octobre 2011 après de graves échauffourées qui ont eu lieu à Dakhla
entre des Marocains du nord et des jeunes indépendantistes.
Selon des sources sahraouies, dans la virée d’hier, deux d’entre eux étaient particulièrement visés. Hammada El Alaoui et Omar Guezzari.
Comme par hasard, ce sont ces deux jeunes qui durant la visite de Juan
Mendez à Laâyoune ont fourni au médecin légiste qui l’accompagnait les
preuves physiques de la torture qu’ils ont subie en prison.
D’après l’activiste et indépendantiste sahraoui Ali Salem Tamek, le médecin en aurait été « ébranlé » et « touché » par leur calvaire.
Hier, El Alaoui et Guezzari auraient été tabassés et envoyés au cachot par le directeur Zenfouri, sans raisons apparentes.
Cette punition collective vient après celle infligée par la cour
d’appel de Laâyoune. Le 25 septembre dernier, quelques jours après le
départ de M. Mendez, les 11 sahraouis, dont 5 défenseurs des droits de
l’homme, ont vu leur peine de prison d’un an et demi ferme infligée par
le tribunal de première instance de Laâyoune, doublée à trois ans.
Paradoxalement, tous les Marocains du nord impliqués dans les événements de Dakhla ont été libérés.
Aux dernières nouvelles, l’une des victimes sahraouies de l’attaque des matons aurait été transférée à l’hôpital de Laâyoune.
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