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samedi 6 octobre 2012

Bateau de l'avortement : « Je suis totalement opposé à cette démarche » [Interview]




L'opération mise en oeuvre par l'association Women on waves et le MALI pour permettre à des Marocaines d'avorter en procédant à des IVG dans les eaux internationales n'a reçu le soutien d'aucune association féministe marocaine. Chafik Chraïbi, président de l'Associaton marocaine de lutte contre l'avortement clandestin, est furieux. Il estime que la démarche est contre-productive.
Yabiladi : Soutenez vous l’action de Women on waves de faire accoster un bateau destiné à accueillir des Marocaines enceintes pour leur permettre d’avorter dans les eaux internationales ?
Chaïk Chraïbi : Je suis totalement opposé à cette démarche. Cette action n’a réussi qu’à irriter la population, la société civile, les hommes politiques. Notre association a été contacté en début d’année par Women on waves pour participer depuis le Maroc à cette opération. J’ai dit non ; c’est une provocation, ce n’est pas dans notre démarche. Symboliquement, cette action est bonne, mais la démarche ne fait qu’irriter.

Vous dites que vous avez été sollicité par Women on waves. Connaissez vous les deux organisateurs du « bateau de l’avortement » ?
Je connais bien Women on waves, je connais son travail et je le respecte. Elle travaille beaucoup sur l’avortement médicamenteux. Après qu’elle nous ait sollicités, nous sommes resté en contact pour partager dans le domaine de la recherche. Le MALI est un groupuscule provocateur. C’est une philosophie, mais ça ne résout aucun problème social ! C’est un mouvement composé de jeunes très insouciants que je peux comprendre, mais ce discours ne prendra jamais au Maroc.

 Quelles sont les réactions que vous avez pu constater ?
Depuis le début de l’opération, je suis invité à m’exprimer dans les médias audiovisuels : les gens sont furieux. Je dois me rendre, demain [samedi 6 octobre, au centre culturel d’Anfa, Casablanca ndlr], au salon du bébé, de la petite enfance et de la kafala. Certaines personnes qui devaient venir m’ont dit qu’elles hésitaient à le faire dans le contexte de ces derniers jours. Tout le travail que j’ai fait depuis 7 ans... je ne dis pas qu’il est anéanti, mais là il y un autre travail à faire ; tenir un langage réaliste.

 En quoi consiste ce langage réaliste : Quelle est votre démarche ?
Nous faisons de la sensibilisation en insistant sur la détresse des femmes qui viennent dans mon cabinet, celles qui meurent d’un avortement clandestin, celles qui se suicident faute d’avoir pu avorter, celles qui tuent leur enfant en proie au désespoir ... Nous disons que l’avortement existera toujours et qu’il vaut mieux l’autoriser dans des conditions de sécurité pour la santé des femmes. L’objectif est de sensibiliser les hommes politiques et religieux. J’ai fait une conférence auprès du conseil des oulémas de Tanger, dans la mosquée Mohamed V, pour faire passer ce message. Tous étaient d’accord avec ce que j’expliquais, il n’y avait personne pour s’opposer.
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Le "navire pour l'avortement" expulsé du Maroc

Le navire de "Women on Waves" a été escorté, jeudi soir, hors des eaux territoriales marocaines par la marine du royaume. Les militants ont promis de revenir, notamment en saisissant les instances internationales.

Par Stéphanie DE SILGUY (vidéo) (FRANCE 24 avec dépêches),6/10/2012
Il a été escorté hors du pays par la marine du pays. Le "navire pour l'avortement" de l'ONG néerlandaise "Women on Waves", arrivé il y a quelques jours dans le port de Smir, dans le nord du Maroc, a quitté les eaux territoriales du royaume dans la soirée de jeudi.
"Sitôt avisées, les autorités ont attiré l'attention de l'équipage du voilier sur la nécessité du respect des dispositions légales, après quoi ledit voilier a quitté les eaux territoriales marocaines", a confirmé le ministère de l'Intérieur dans un autre communiqué.
"L'embarcation supposée être 'le bateau de l'avortement' n'est qu'un voilier de croisière arrivé (dès) le 2 septembre", a par ailleurs affirmé ce ministère.
"Aucune loi n'a été enfreinte"
Invitée par le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali), une association marocaine, "Women on Waves" a souligné qu'"aucune loi n'avait été enfreinte".
Le 1er octobre, l'ONG néerlandaise avait fait part de son intention de se rendre au Maroc afin de proposer des avortements médicamenteux. Chaque jour, 600 à 800 Marocaines ont recours à une interruption volontaire de grossesse dans la clandestinité et, chaque année, 78 femmes meurent des suites de ces avortements.
Mercredi, après avoir laissé planer le suspense, elle avait annoncé que son navire devait arriver le lendemain. Mais, coup de théâtre, elle avait reconnu jeudi que le navire se trouvait déjà sur place. "Le bateau est arrivé il y a plusieurs jours déjà, car ils ont su que les autorités allaient les empêcher et c'était le seul moyen de parvenir jusqu'aux côtes marocaines", avait expliqué à l'AFP une députée néerlandaise, Liesbeth van Tongeren, présente à la marina de Smir.
Les militants de l'ONG, expulsés jeudi soir, ont promis de revenir. Dans d'autres pays, comme au Portugal en 2009, "Women on Waves" a fait condamner les autorités du pays par la Cour de justice européenne pour "violation de la liberté d'expression".

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