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samedi 21 avril 2012

Les deniers du peuple contre un peu de complaisance

Le beau cadeau marocain offert à la ville de Genève (Photo Demain) Casablanca.-

 « Un cadeau encombrant ». 

C’est par ce titre que le journal genevois GHI (Genève Home Information), fait état d’un cadeau offert par le Maroc à la ville de Genève. Notre pays, invité d’honneur du Salon du Livre, qui se déroulera du 25 au 29 avril 2012, offre, en effet, une statue de huit mètres de haut à la Ville. 
 C’est l’ambassadeur de Maroc lui-même qui en a fait l’annonce : «Nous offrons une statue de 8 mètres de haut à la Ville de Genève pour fêter nos cinquante (50) ans de relations diplomatiques avec la Suisse.» Plusieurs détails ne manquent pas d’interpeller l’observateur dans cette affaire, où il est de nouveau question de deniers publics.
 - Le premier est la réaction du ministre genevois en charge du Département des constructions et de l’aménagement. Pour qui connaît Rémy Pagani, sa sensibilité de gauche et le long combat qu’il a toujours mené au service des causes justes et pour la défense des plus faibles, ce cadeau respire assurément le poison et ce n’est pas cette déclaration sibylline dont il s’est fendu qui occultera l’embarras qui est le sien face à un cadeau dont il n’ignore nullement qu’il est payé par le contribuable marocain.
 - « Nous sommes très honorés de recevoir ce cadeau, mais je suis incapable de dire où la statue sera placée, ni même si elle sera exposée en ville. La décision doit être prise au sein du Conseil administratif.» Si le magistrat est tiré d’embarras par la démocratie genevoise, rien n’est moins vrai pour la statue gigantesque dont le destin reste à écrire par les parlementaires de la cité de Calvin. Finira-t-elle dans une sombre arrière-cour, dans un parc éloigné, au détour d’une ruelle ou tout simplement au rebut dans un quelconque dépôt de la municipalité genevoise ? Tout ça pour ça, serait-on tenté de crier ! 
- Le second détail réside dans l’impair diplomatique que commettent là les autorités marocaines. En effet, s’il s’agissait de fêter le cinquantenaire des relations maroco-helvétiques, le cadeau devrait échoir à la ville de Berne, capitale de la confédération. A moins que le but de la manœuvre ne soit tout simplement l’achat de la complaisance, sinon du silence des autorités genevoises en ces temps de printemps arabe où les dénonciations pleuvent sur le régime de Mohamed VI de la part d’une bonne partie des membres de la communauté marocaine à l’étranger et par certains ouvrages, dont celui de Ali Amar et Jean-Pierre Turquoi, « Paris-Marrakech », ou encore celui de Catherine Graciet et Eric Laurent, « Le roi prédateur », qui figureront en bonne place au palais des expositions à Genève. Ainsi, on l’aura compris, la statue vient en lieu et place des voyages en première classe, des palaces, des tagines et des cadeaux dispendieux offerts en guise d’adieu dans les salons VIP d’un aéroport marocain aux frais du contribuable. 
- Le troisième détail réside dans une autre entorse qui est faite aux coutumes régissant les relations diplomatiques et qui voudraient que les cadeaux résultent d’un échange de bons procédés. Le pays qui en reçoit en offre à son tour un autre de valeur sensiblement égale. Dans le cas d’espèce, aucune concertation des autorités genevoises n’ayant eu lieu auparavant, celles-ci prises de court seraient bien embarrassées si elles devaient rendre la pareille, d’autant que le peuple suisse, extrêmement sourcilleux sur ses dépenses, interdit ce genre de transactions. Le Maroc en sera donc, pour ses frais ! 
 - Le quatrième détail nous apprend que l’artiste qui a conçu cette gigantesque statue s’appelle Karim Alaoui et qu’un autre Alaoui, Mustapha, est le commissaire général du Pavillon du Maroc. Ceci explique, sans doute, cela. 

Enfin, dernier détail et non des moindres, la statue en question ressemble plus à un grillage de fils de fers tressés en forme de cage gigantesque qu’à la représentation d’acrobates enchevêtrés, façon faiseurs de spectacles de la place de « Jamaa el Fna » à Marrakech. Tout un symbole pour un pays dont les citoyens sont privés de leurs droits les plus élémentaires, épiés, arrêtés, torturés et emprisonnés, précisément parce qu’ils contestent aux gouvernants les méthodes dont procèdent cette illégale et pitoyable initiative. Une de plus à mettre au compte des ennemis de la liberté. 

 URL courte: http://www.demainonline.com/?p=16551

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