Par Karim Boukhari (directeur de publication de TelQuel, 17/12/2011
Maintenir L’Haqed et Niny en détention est la preuve que le Maroc n’est pas une démocratie.
Il faut le voir pour le croire. Le jeune homme de 24 ans, ouvrier le jour et slameur la nuit, a été mis en taule pour la nature de ses textes, politiquement engagés. Nous l’avons dit en son temps et nous n’avons aucun problème à le redire : le procès de Mouad, qui reprend la semaine prochaine, le 22 décembre, est bidon. Il a été monté de toutes pièces pour faire taire la voix engagée de ce fils du peuple, et c’est une réalité qui nous est insupportable. N’ayons pas peur des mots, L’Haqed est un détenu politique, quelqu’un qui paie pour ses idées et ses mots. Cela fait près de quatre mois que l’injustice dure et la patience a ses limites, il faut dire Stop, assez, baraka. La justice marocaine étant ce qu’elle est, c’est au Pouvoir et au futur gouvernement Benkirane que nous le disons clairement : libérez Mouad, sa place n’est pas en prison mais parmi les siens, les gens de son quartier et les militants du M20, avec un micro à la main, des chansons et des mix plein la tête.
Bien que différents, les cas L’Haqed et Niny sont une honte pour un pays qui aspire à la démocratie. Les deux hommes paient pour avoir usé de leur liberté d’expression. Les maintenir en détention est la preuve que le Maroc n’est pas une démocratie. Malheureusement.
Et la responsabilité en incombe en premier au chef de l’Etat, ensuite au Chef du gouvernement. Ces deux hommes sont les garants naturels, et constitutionnels, de nos libertés. Et il est logique que la pression populaire soit directement dirigée contre eux, point à la ligne.
J’ouvre ici une parenthèse pour rappeler ce que nous racontait Abdelilah Benkirane, quelques jours avant la victoire de son parti aux élections.
Interrogé sur sa perception des libertés individuelles, Benkirane nous avait dit ceci : “Les libertés individuelles sont garanties par Dieu”. J’ai envie de demander aujourd’hui à M. Benkirane : “Et quand ces garanties s’envolent, faut-il appeler Dieu ?”. Soyons sérieux, les libertés sont garanties par des textes et des hommes. Au Maroc, la justice est rendue au nom du roi, ses sentences engagent de facto la crédibilité du roi mais aussi celle de son gouvernement. Il y va au final de la crédibilité de tout un système et de tout un pays. Alors tant que des L’Haqed ou des Niny, deux stars du verbe qui ont brillé en cette année 2011, sont en prison, c’est cette crédibilité qui vole en éclats, voilà qui est dit.
En cette période propice aux vœux, il faut souhaiter que la raison finisse par l’emporter. La libération du rappeur et du journaliste serait un beau cadeau de fin d’année.
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