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mercredi 21 décembre 2011

Retour sur l’élite intellectuelle de « gauche » et le M20 Février


par Mohammed Belmaïzi,21/12/2011

Revenons tout d’abord à nos soi-disant élites intellectuelles, pour constater qu’elles sont une aberration historique. Pour plusieurs raisons… Mais gardons à l’esprit leur lamentable lecture de l’Histoire qui atteste contre elles, et condamne leur mépris envers les aspirations de la majeure partie du peuple marocain.

Deux cas retiennent l’attention. Celui de Herzenni Ahmed et celui de Khadija Rouissi. Dans cette mouvance se trouve un certain nombre de militants, jadis de gauche, qui se sont ralliés au monarque de droit divin, pour lutter contre cette autre hégémonie se réclamant, elle aussi, de je ne sais quel message divin pour prétendre venir régner sur l’individu et la société. On peut y compter les Benzekri, les El Yazami, les Salah El Ouadie, les Sabbar et tant d’autres qui ont cru devoir nous convaincre de leur démarche salutaire contre les islamistes et pour la sainte stabilité du pays. Et chacun y allait de sa litanie.

Herzenni Ahmed fera signer sa pétition « Appel Citoyen » en 2005, qui lui octroie le statut prestigieux qu’on connaît. Il devient le chantre exacerbé de la « transition démocratique ». Et avec une obséquiosité hors du commun, il fait l’éloge de la « retenue » de l’Etat « face aux excès, voire aux abus » des contestataires, en considérant que « cela est dû, en premier lieu, à la volonté du Roi Mohammed VI, Sa sagesse et Sa hauteur de vue ». Cette transition, dit-il, « est le fruit d’un long processus de maturation et de luttes ». Et il va jusqu’à ricaner à la face de ceux qui pensent que « le Maroc est au bord du gouffre », qui prévoient « les révoltes », et avec sarcasme il parle « d’aucuns » qui « parlent même ‘d’Intifada’ ». Pire, « Appel Citoyen » s’arroge le statut de l’Etat et parle en son nom pour appeler à la coercition contre toute insoumission. « Nous serons parmi les premiers à réclamer que la loi soit appliquée, sans zèle mais sans laxisme non plus ».

Khadija Rouissi, elle, fera signer sa pétition « Appel pour la défense des libertés individuelles » en 2008, par des pointures de renoms, telles que Abdellatif Laâbi, Tahar Benjelloun et tant d’autres intellectuels petits et grands... La consigne était claire : plutôt soutenir le régime du monarque de droit divin que de subir ces relents attentatoires à la liberté ; puisqu’il y est question de « menaces » sur « les valeurs traditionnelles des Marocains », et de condamnations de « sentences d'excommunication (takfir) à l'encontre desdits “déviants” ». L’Appel indexe avec raison la « stigmatisation religieuse, suscitées et relayées par divers groupes intégristes ». Mais, à l’instar de « l’Appel Citoyen », celui de Khadija Rouissi en appelle lui aussi à la fermeté de l’Etat, lorsqu’il invoque « La multiplication de ces campagnes, conjuguée à la passivité des autorités… ». Incitation claire à la coercition de l’Etat.

Ces ressemblances dénotent, on ne peut plus clair, le ralliement inconditionnel de cette mouvance de nos élites intellectuelles, jadis de gauche, à l’Etat makhzanien.

Aujourd’hui que le Makhzen s’est doté, après multiples gesticulations (Constitution et élections en un temps record), d’un instrument incisif pour l’opposer à la rue en ébullition, nos élites intellectuelles de gauche se voient patauger par la force des choses, dans des rouages diaboliquement ingénieux. Car le Makhzen, composé de la monarchie soudée aux partis courtisans, s’est naturellement trouvé un pion sauveur en la personne de Benkirane, président d’une mouvance islamiste (Parti de la Justice et du Développement), celle-là même, entre autres, que les Appels plus haut, dénonçaient avec vigueur.

Etrange destin est celui de ces élites intellectuelles, qui, à travers ces liens systémiques, se retrouvent alliées objectivement aux islamistes… contre la légitimité de la rue.

Tout en prévoyant un retournement heureux pour au moins une partie de ces élites intellectuelles dupées ( !), il nous faut espérer qu’elles rejoindront le Mouvement du 20 février et laver définitivement l’affront de trahison, qu’on risque de leur flanquer inéluctablement, vis-à-vis de la majorité du peuple marocain qui ne cesse de s’indigner dans la rue.


D’autant plus que le spectre de L’Adl wa L’Ihssan (Justice et Bienfaisance) est tout juste là, pour attraper au vol son dû au sein d’une mouvance qu’il est condamné à rejoindre tôt ou tard… (À suivre) !

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