L’Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance) vient de se retirer du Mouvement du 20 février, en donnant un communiqué, ce 18/12. A la lecture de ce communiqué, rien n’indique les raisons de ce retrait. Seul le titre du texte mentionne le retrait. Il n’y a donc aucune adéquation objective entre le titre et le déroulement textuel qui le suit. En 9 points, la sémantique de la contestation est bien ‘arrêtée’, immuable et sans faille. Mais curieusement le titre, monumental, majestueux et décisif, vient vider tout le sens de la contestation et de l’insoumission décrite dans le texte qui le suit.
Au-delà du fait que le communiqué est construit dans une rhétorique autoritaire, pour ne pas dire féodale et makhzanienne (le Zaim qui représente le Titre, décide sur les Sujets qui représentent une syntaxe en ébullitions), nous sommes en présence d’une stratégie de camouflage caméléonesque. Car les raisons concrètes du retrait du Mouvement du 20 février, relève du ressort de la magie ! La transparence n’étant pas de ce monde, il faut recourir aux devins pour dénicher les secrets des Dieux.
Dès lors toutes les cogitations à ce sujet sont valables. Je retiens, pour ma part, qu’Al Adl Wal Ihsane reste un mouvement obscurantiste qui rame à contre courant de l'Histoire. Du projet du Califat, la Jamaâ va se recycler dans le vocable d’un « État Civil », pour s’adapter au monde qui change et se faire une nouvelle image positive. Car il y a des antécédents, parmi lesquels on trouve la prophétie du soulèvement annoncé en 2006. Cette étrange « vision » qui prédisait la fin du régime et l'avènement du messie « le califat » en la personne du cheikh Abdeslam Yassine, n’était qu’un pitoyable flop. Par ailleurs, une vidéo sur Youtube, où l'on fait l'éloge de Abdeslam Yassine en tant que personne désignée par le Prophète de l’islam à sa succession, viendra appuyer l’aspect magico-religieux de cette mouvance.
Je retiens également qu’au sein de la Jamaâ se trouvent des dignitaires obnubilés par le pouvoir. En voyant qu'en Égypte, en Tunisie et au Maroc, il est possible d'atteindre ce pouvoir à travers les urnes, les notables d’Al Adl Wal Ihsane commencent à lécher leurs babines et à se préparer à cet avenir radieux du ralliement – au prix désastreux brisant leurs fondements et leurs principes – avec la monarchie et Benkirane. Il n’est donc pas impossible que des tractations ont donné lieu à ce retrait spectaculaire, du Mouvement du 20 février !
Ce retrait, s’il est un échec cuisant pour les dirigeants de la Jamaâ, il est une trahison pour la cause du peuple marocain et pour les jeunes membres de l’Al Adl Wal Ihsane. La jeunesse de l'Adl Wal Ihssan qui a trouvé en cette Jamaâ l’espoir et la force de militer en son sein pour un changement efficient, ne lui pardonnera jamais ce revirement soudain et alambiqué.
C’est pourquoi, tout indique que cette jeunesse qui vient de retrouver son espace naturel de la contestation au sein du Mouvement du 20 février, ne quittera point la rue du jour au lendemain. Et tout indique que cette jeunesse frétillante d’espoir et de rêve, abandonnera l'Adl Wal Ihssan, pour élaborer d’autres stratégies, une autre forme de penser, et un combat plus conséquent, à l’instar et dans le sillage de « la Théologie de Libération » de l’Amérique Latine.
(Le prochain retrait sera celui du PSU… : tellement de tapage autour de la « Monarchie Parlementaire » qu’il est permis de penser que ce slogan devient une menace et une condition sine qua none pour sa participation au Mouvement du 20 février. Ni Al Adl Wal Ihsane, ni le PSU n’ont intégré dans leur cosmogonie que le Mouvement du 20 février est un mouvement de masse qui n’obéit en rien à des calculs stratégiques fugaces ! – sujet à venir – donc A suivre).
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