par Mireille Duteil , Chroniques de l'Afrique et du Proche-Orient , Le Point.fr, 15/12/2011
Le nouveau Premier ministre Abdelilah Benkirane peine à former un gouvernement de coalition. Et apprend à faire des concessions
Le nouveau Premier ministre marocain Abdallah Benkirane © Abdeljalil Bounhar / AP
Manifestement, il ne suffit pas de gagner des élections législatives et d'être nommé Premier ministre pour commencer à travailler. Encore faut-il pouvoir former son gouvernement. Abdelilah Benkirane, le nouveau Premier ministre islamiste marocain, est en train de l'apprendre à ses dépens.
Alors que le Parti de la justice et du développement (PJD), son parti, a remporté les législatives en gagnant 107 des 395 sièges de la nouvelle Assemblée, Benkirane comptait sur l'appoint des députés de l'Istiqlal (conservateur) et des socialistes de l'USFP pour former une majorité au Parlement. Première déception, l'USFP, qui semblait prête à cette alliance, a fait machine arrière. Pas question de gouverner avec un parti religieux, nous sommes des laïques, ont fait valoir nombre de socialistes. Les plus réticents à cette alliance ont été deux membres de la section de Casablanca, eux-mêmes candidats malheureux aux législatives. Il faut dire que, lors de cette dernière élection, Casablanca, la capitale économique du Maroc, qui était jusqu'alors un fief des socialistes, est passée entièrement sous la houlette des islamistes modérés du PJD.
Chacun veut des postes
Autre souci d'Abdelilah Benkirane et de ses amis : les pressions répétées de la part de leurs futurs alliés de droite. En particulier de l'Istiqlal, le vieux parti nationaliste arrivé en deuxième position avec 60 députés. Pour marquer leur différence et le fait qu'ils veulent gouverner autrement, avec plus de modestie, le PJD s'était promis de former un gouvernement resserré soucieux des deniers publics. "Il y aura 15 à 20 ministres au maximum", disaient les responsables du PJD au lendemain de leurs élections. C'était oublier leurs alliés de la coalition gouvernementale. Chacun veut des postes. Outre l'Istiqlal, la coalition devrait compter aussi le PPS (ex-communistes) et le Mouvement populaire (un parti berbère).
Aux dernières nouvelles, Benkirane, qui espère annoncer la formation de son gouvernement dans les prochains jours (la Tunisie a mis près de deux mois à former le sien), risque de se retrouver à la tête d'un cabinet de 25 ministres. Et encore sera-t-il parvenu à écarter d'anciens ministres de l'Istiqlal qui avaient un peu trop mélangé le service de l'État et leurs affaires. Et pas question de recevoir un geste de soutien du palais royal. Celui-ci s'est mis aux abonnés absents. Dans la nouvelle Constitution, l'exécutif doit se débrouiller par lui-même.
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