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vendredi 19 novembre 2010

Paris cautionne-t-il le génocide sahraoui ?

Les «événements sanglants» d’El Aaiun, selon la terminologie en cours, ont projeté au-devant de la scène la question sahraouie. Le mur du silence s’est brisé pour révéler à la face du monde la barbarie de l’occupation marocaine procédant, à huis clos, à un assaut meurtrier contre les 30.000 Sahraouis (près de 30% de la population locale) et au «nettoyage ethnique» qui frappe le camp de la dignité et la ville martyre d’El Ayoune de la résistance pacifique. Une «ville fantôme», secouée de convulsions profondes, aux rues désertées, vivant le calvaire de la chasse à l’homme et contre « tous ceux qui portent le boubou, la Mhelfa ou le turban ». Sur les lieux du crime, des cadavres ont été enterrés au bulldozer dans des fosses communes pour taire et prolonger la conjuration du silence.

La faillite est totale. De «conflit mineur», la question sahraouie s’est faite l’écho d’une condamnation internationale rarement observée et d’un mouvement de solidarité exprimé par la société civile et des élus européens refoulés manu militari de Casablanca ou d’El Ayoune. La chape de plomb marocaine a clairement exprimé le mépris des valeurs démocratiques dénoncées par les europarlementaires et les journalistes européens déclarés personna non grata. Le «génocide à huis clos» renvoie l’image réelle du Maroc bien loin de la représentation idyllique du tourisme bon marché et réduit à néant les chimères de la monarchie aux ordres du Makhzen vantant les illusions de la «marocanité du Sahara occidental» et de la solution imposée de l’autonomie ensanglantée.
Dans les camps de la dignité et de la liberté, la résistance populaire, en tant que source de légitimation et d’adhésion au combat mené par le Front Polisario, est la preuve tangible de la volonté d’autodétermination d’un peuple clairement exprimée, à l’heure des rounds de négociations onusiennes, pour défaire des plans coloniaux et les convoitises des alliés occidentaux de l’occupant illégitime. Il est de fait que l’horreur d’El Ayoune a réussi au-delà de toutes les attentes, de provoquer une césure dans le bloc des inconditionnels de Rabat qui ne compte plus que la vieille amitié de l’ancien colonisateur français. Les préoccupations américaines s’ajoutent aux exigences madrilènes de clarifications et à l’appel de Londres appelant d’urgence au «respect des droits de l’homme», alors qu’Amnisty International revendique la nécessité d’une «enquête indépendante».
L’exception française, aux antipodes des traditions humanitaires dont elle ne cesse de se réclamer, est une caution au génocide sahraoui et un déni au choix démocratique d’un peuple qui crie son refus de l’occupation et du statut de l’autonomie considérée par Paris comme une «base crédible et sérieuse». Elle s’offre au mieux en mode de traitement discriminatoire de la question fondamentale des droits de l’homme et des peuples inspirant, de sinistre mémoire, le «devoir d’ingérence» des porteurs des sacs de riz et les interventions dans les affaires intérieures de pays souverains. Au seuil du passage de la sale affaire d’El Ayoune devant le département du maintien de la paix et de la sécurité du Conseil de sécurité, le veto français fera-t-il le reste ? Le vieux couple franco-marocain, en violation de la légalité internationale, est en marge de la dynamique de l’histoire qui, comme un certain 11 décembre dans l’Algérie combattante, a connu une accélération décisive. Bis repetita ?

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