« Les policiers viennent d’entrer dans mon bureau pour m’emmener en prison », a déclaré à Reporters sans frontières, Driss Chahtane, directeur de publication du journal Al-Michaal, avant d’être effectivement arrêté dans sa rédaction. « C’est très dur. C’est une catastrophe. C’est une grande injustice », a ajouté intéressée alors qu’il se trouvait chez le préfet pour être conduit vers une prison encore inconnue.
Driss Chahtane a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de première instance de Rabat. Selon lui, les deux autres journalistes accusés, Rachid Mahamid et Mustapha Hayrane se sont vu infliger des peines de trois mois de prison ferme. Le 15 octobre 2009, lors de l’énoncé du verdict, le procureur a demandé l’arrestation immédiate du directeur de publication, à l’appui du chapitre 400 du code de procédure pénal.
Le procès portait sur les articles évoquant la santé du roi fragilisée durant le mois de Ramadan dernier. (Lire communiqué du 8 septembre « La santé du roi, sujet tabou ». Les trois journalistes ont été accusés de « délit de publication », de « mauvaise foi », de « fausses nouvelles » et d’ « allégations erronées », prévus dans les articles 42 et 68 du Code de la presse. Fait extraordinaire, les avocats de la défense s’étaient retirés, lors d’une audience, pour protester contre le comportement impartial de la Cour et l’absence de conditions d’un procès juste et équitable.
« Il n’y a pas de mot pour qualifier ces condamnations à la prison ferme. Alors que les autorités se targuaient de l’absence de journalistes en prison, voilà qu’un des nombreux procès qu’elles intentent contre des journalistes mène à des condamnations de prison ferme. Driss Chahtane est une cible régulière de la machine procédurière mais un pas vient d’être franchi. Quel crime ces journalistes ont-ils commis pour mériter cette peine ? Nous exprimons notre plus vive inquiétude à l’approche des autres procès contre la presse qui doivent se tenir tout au long du mois », a déclaré Reporters sans frontières.
Driss Ould al-Kabla, rédacteur en chef du journal arabophone a confirmé à Reporters sans frontières : « Driss Chahtane a bien été arrêté contrairement aux deux autres journalistes. On ne s’explique pas cette réaction du régime, surtout en ces temps où on pensait que la situation de la liberté de la presse s’améliorait au Maroc. Al-Michaal est un journal qui gêne. L’article n’est même pas mal intentionné. Il faut respecter les « lignes rouges ». On s’attendait à un jugement assez grave mais pas à ce point-là. De plus, les trois journalistes n’ont pas eu la possibilité de se défendre et d’appeler leurs témoins à la barre. La Cour a bafoué tous les droits de la défense »
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