Dans un village lointain, situé à 1 600 mètres
d’altitude et 60km de Marrakech -centre urbain le plus proche-, on combat le
manque d’infrastructure et de moyens par la détermination et la solidarité. A
Tizi N’Oucheg, l’eau potable, le réseau d’assainissement ou encore la route
provinciale n’étaient que des rêves avant 2011. Aujourd’hui, le village pense
déjà à l’énergie solaire et éolienne. Portrait d’un village qui avance à pas
sûrs vers son développement.
«Quand on veut, on peut». C’est, sans aucun doute, le slogan qui a été
adopté en 2011 par les habitants de Tizi N’Oucheg, situé à 60km de Marrakech.
Aujourd’hui, le village peut fièrement annoncer avoir réussi le pari lancé il y
a quelques années : devenir économiquement et socialement responsable et
autonome en comptant sur les habitants et quelques bienfaiteurs.
Comment est-ce possible ? C’est la question que nous avons posé à
Rachid Mandili, président de l’Association pour le développement de Tizi
N’Oucheg, qui est venu partager l’histoire et les ambitions de son village lors
du Citizen Lab organisé vendredi 27 janvier 2017 par le collectif Les Citoyens.
«Cela a commencé avec la mise en place de l’association mais bien avant
2011, on avait constaté que le manque d’infrastructure et l’absence du
développement poussent vers la migration. On s’est donc posé la question, lors
de la première réunion de notre association pour savoir ce dont on avait
besoin», nous confie Rachid.
16 projets réalisés en six ans
Ce sont, en effet, pas moins de 30 projets qui ont été recensés lors de
cette première rencontre. Des projets qui devront voir le jour, dans le cadre
d’une «vision 2020», et qui sont en rapport avec l’eau potable,
l’assainissement et une station d’épuration, l’infrastructure routière, une mosquée,
l’agriculture,…bref, des projets de développement rural.
Aujourd’hui, nous sommes en 2017 et la liste des projets s’est élargie. «En
2011, nous n’avions pas encore pensé aux projets socioéconomiques, la
construction des puits, l’exploitation de l’énergie solaire et éolienne, le
développement de la route qui nous relie à la route provinciale», nous explique
le président de l’association.
«Notre vision est simple : Dans 8 ans, les 30 projets
devront être mis en place et Dieu merci, nous sommes à 16 projets après six
ans. Nous avons réalisé les grands-projets, comme l’eau, la route,
l’assainissement, l’école, la mosquée. Si nous arriverons à mettre en place
trois autres, la mise à niveau de l’ensemble des canaux d’irrigation du
village, la mise à niveau de la route et peindre l’ensemble du douar, notre
village deviendra un projet pilote.»
Autonomie, de la conception à la mise en place
Difficile pourtant d’imaginer qu’un village d’une région montagneuse puisse
avoir son propre réseau de distribution d’eau et d’assainissement. Pourtant, le
rêve des habitants de Tizi N’Oucheg est devenu une réalité. «Pour l’eau
potable, nous avons une source dans la montagne alors que le village se trouve
en bas. Entre la source et le village, ce sont presque 2 500 mètres
de distance», nous explique ce représentant d’une population pleine
d'ambitions. Grâce à un tuyau et des travaux, les hommes du village ont pu
creuser puis raccorder la source à un château d’eau pour entreposer l'eau.
«Après, à partir de ce château d’eau, nous avons construi des branchements pour
diviser le village selon les zones hautes et les zones basses. Il n’y avait ni
ingénieur ni spécialiste et ce n’était que notre propre conception», nous
dit-il, très fière d’expliquer simplement un projet pourtant compliqué.
Quant à l’assainissement, les villageois -familiers des travaux de
construction- ont profité de la pente. «Il s’agit d’un canal principal, qui
entoure le village et qui alimenté par des petits canaux. Nous avons construit
aussi une station d’épuration pour réutiliser cette eau usée vu que nous
voulons l’exploiter dans l’agriculture pour la période d’été», poursuit notre interlocuteur.
Aucun financement public, les bienfaiteurs prennent le relai
Mais alors que l’éducation était l’une des principales préoccupations des
habitants de ce douar, l’ensemble de Tizi N’Oucheg ont célébré, cette année,
l’arrivée du premier étudiant issu du village à l’université. Une fierté pour
les 600 habitants qui veulent voir leurs enfants diplômés. D’ailleurs, la
réputation de Tizi N’Oucheg le précède. Les villages
environnant veulent à leur tour experimenter ce «plan de développement
rural». Actuellement, ce sont 50 villages voisins qui disposent, eux-aussi, de
leurs visions et leurs projets pour les années à venir.
Mais maintenant que tous les autres villages veulent mettre en place des
projets identiques, le nombre d’élèves et d’étudiants a sensiblement augmenté.
Conséquence : l’internat d’Aghbalou, le centre le plus proche, est saturé.
«Cette année, nous avons 10 élèves qui n’ont pas trouvé de place. Nous avons
donc loué une maison pour les accueillir puisque tout le monde a droit à l’éducation,
même ceux qui ont redoublé», fait savoir Rachid.
Naturellement, la question qui se pose à ce niveau est de savoir d’où provient
l’argent pour financer tous ces projets. Probablement la contribution de
l’Etat ? La réponse apportée par Rachid Mandili est tout aussi étonnante.
«Pour l’argent, ce sont des bienfaiteurs, des visiteurs du douar, Ahmed
Benabadji et sa famille qui ont beaucoup contribué, mais aussi l’auberge du
Tizi N’Oucheg ainsi que les habitants du douar eux-mêmes», nous confie-t-il,
amusé par notre réaction.
L’Etat marocain, via ses collectivités locales, n’a donc donné aucun dirham
à ces villageois pour mettre en place ces projets. «Notre secret n’est autre
que notre volonté de développer notre village et d’améliorer nos conditions de
vie, nous-mêmes», nous affirme Rachid. Une réponse qui résume tout.
Yassine Benargane
Journaliste Yabiladi.com
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Société
Publié
Tizi N’Oucheg : Portrait d'un village économiquement et socialement responsable et autonome
Dans un village lointain, situé à 1 600 mètres d’altitude et 60km de
Marrakech -centre urbain le plus proche-, on combat le manque
d’infrastructure et de moyens par la détermination et la solidarité. A
Tizi N’Oucheg, l’eau potable, le réseau d’assainissement ou encore la
route provinciale n’étaient que des rêves avant 2011. Aujourd’hui, le
village pense déjà à l’énergie solaire et éolienne. Portrait d’un
village qui avance à pas sûrs vers son développement.
Comment est-ce possible ? C’est la question que nous avons posé à Rachid Mandili, président de l’Association pour le développement de Tizi N’Oucheg, qui est venu partager l’histoire et les ambitions de son village lors du Citizen Lab organisé vendredi 27 janvier 2017 par le collectif Les Citoyens.
«Cela a commencé avec la mise en place de l’association mais bien avant 2011, on avait constaté que le manque d’infrastructure et l’absence du développement poussent vers la migration. On s’est donc posé la question, lors de la première réunion de notre association pour savoir ce dont on avait besoin», nous confie Rachid.
16 projets réalisés en six ans
Ce sont, en effet, pas moins de 30 projets qui ont été recensés lors de cette première rencontre. Des projets qui devront voir le jour, dans le cadre d’une «vision 2020», et qui sont en rapport avec l’eau potable, l’assainissement et une station d’épuration, l’infrastructure routière, une mosquée, l’agriculture,…bref, des projets de développement rural.
Aujourd’hui, nous sommes en 2017 et la liste des projets s’est élargie. «En 2011, nous n’avions pas encore pensé aux projets socioéconomiques, la construction des puits, l’exploitation de l’énergie solaire et éolienne, le développement de la route qui nous relie à la route provinciale», nous explique le président de l’association.
«Notre vision est simple : Dans 8 ans, les 30
projets devront être mis en place et Dieu merci, nous sommes à 16
projets après six ans. Nous avons réalisé les grands-projets, comme
l’eau, la route, l’assainissement, l’école, la mosquée. Si nous
arriverons à mettre en place trois autres, la mise à niveau de
l’ensemble des canaux d’irrigation du village, la mise à niveau de la
route et peindre l’ensemble du douar, notre village deviendra un projet
pilote.»
Autonomie, de la conception à la mise en placeDifficile pourtant d’imaginer qu’un village d’une région montagneuse puisse avoir son propre réseau de distribution d’eau et d’assainissement. Pourtant, le rêve des habitants de Tizi N’Oucheg est devenu une réalité. «Pour l’eau potable, nous avons une source dans la montagne alors que le village se trouve en bas. Entre la source et le village, ce sont presque 2 500 mètres de distance», nous explique ce représentant d’une population pleine d'ambitions. Grâce à un tuyau et des travaux, les hommes du village ont pu creuser puis raccorder la source à un château d’eau pour entreposer l'eau. «Après, à partir de ce château d’eau, nous avons construi des branchements pour diviser le village selon les zones hautes et les zones basses. Il n’y avait ni ingénieur ni spécialiste et ce n’était que notre propre conception», nous dit-il, très fière d’expliquer simplement un projet pourtant compliqué.
Quant à l’assainissement, les villageois -familiers des travaux de construction- ont profité de la pente. «Il s’agit d’un canal principal, qui entoure le village et qui alimenté par des petits canaux. Nous avons construit aussi une station d’épuration pour réutiliser cette eau usée vu que nous voulons l’exploiter dans l’agriculture pour la période d’été», poursuit notre interlocuteur.
Aucun financement public, les bienfaiteurs prennent le relai
Mais alors que l’éducation était l’une des principales préoccupations des habitants de ce douar, l’ensemble de Tizi N’Oucheg ont célébré, cette année, l’arrivée du premier étudiant issu du village à l’université. Une fierté pour les 600 habitants qui veulent voir leurs enfants diplômés. D’ailleurs, la réputation de Tizi N’Oucheg le précède. Les villages environnant veulent à leur tour experimenter ce «plan de développement rural». Actuellement, ce sont 50 villages voisins qui disposent, eux-aussi, de leurs visions et leurs projets pour les années à venir.
Mais maintenant que tous les autres villages veulent mettre en place des projets identiques, le nombre d’élèves et d’étudiants a sensiblement augmenté. Conséquence : l’internat d’Aghbalou, le centre le plus proche, est saturé. «Cette année, nous avons 10 élèves qui n’ont pas trouvé de place. Nous avons donc loué une maison pour les accueillir puisque tout le monde a droit à l’éducation, même ceux qui ont redoublé», fait savoir Rachid.
Naturellement, la question qui se pose à ce niveau est de savoir d’où provient l’argent pour financer tous ces projets. Probablement la contribution de l’Etat ? La réponse apportée par Rachid Mandili est tout aussi étonnante. «Pour l’argent, ce sont des bienfaiteurs, des visiteurs du douar, Ahmed Benabadji et sa famille qui ont beaucoup contribué, mais aussi l’auberge du Tizi N’Oucheg ainsi que les habitants du douar eux-mêmes», nous confie-t-il, amusé par notre réaction.
L’Etat marocain, via ses collectivités locales, n’a donc donné aucun dirham à ces villageois pour mettre en place ces projets. «Notre secret n’est autre que notre volonté de développer notre village et d’améliorer nos conditions de vie, nous-mêmes», nous affirme Rachid. Une réponse qui résume tout.
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Tizi N’Oucheg : Portrait d'un village économiquement et socialement responsable et autonome
Dans un village lointain, situé à 1 600 mètres d’altitude et 60km de
Marrakech -centre urbain le plus proche-, on combat le manque
d’infrastructure et de moyens par la détermination et la solidarité. A
Tizi N’Oucheg, l’eau potable, le réseau d’assainissement ou encore la
route provinciale n’étaient que des rêves avant 2011. Aujourd’hui, le
village pense déjà à l’énergie solaire et éolienne. Portrait d’un
village qui avance à pas sûrs vers son développement.
Comment est-ce possible ? C’est la question que nous avons posé à Rachid Mandili, président de l’Association pour le développement de Tizi N’Oucheg, qui est venu partager l’histoire et les ambitions de son village lors du Citizen Lab organisé vendredi 27 janvier 2017 par le collectif Les Citoyens.
«Cela a commencé avec la mise en place de l’association mais bien avant 2011, on avait constaté que le manque d’infrastructure et l’absence du développement poussent vers la migration. On s’est donc posé la question, lors de la première réunion de notre association pour savoir ce dont on avait besoin», nous confie Rachid.
16 projets réalisés en six ans
Ce sont, en effet, pas moins de 30 projets qui ont été recensés lors de cette première rencontre. Des projets qui devront voir le jour, dans le cadre d’une «vision 2020», et qui sont en rapport avec l’eau potable, l’assainissement et une station d’épuration, l’infrastructure routière, une mosquée, l’agriculture,…bref, des projets de développement rural.
Aujourd’hui, nous sommes en 2017 et la liste des projets s’est élargie. «En 2011, nous n’avions pas encore pensé aux projets socioéconomiques, la construction des puits, l’exploitation de l’énergie solaire et éolienne, le développement de la route qui nous relie à la route provinciale», nous explique le président de l’association.
«Notre vision est simple : Dans 8 ans, les 30
projets devront être mis en place et Dieu merci, nous sommes à 16
projets après six ans. Nous avons réalisé les grands-projets, comme
l’eau, la route, l’assainissement, l’école, la mosquée. Si nous
arriverons à mettre en place trois autres, la mise à niveau de
l’ensemble des canaux d’irrigation du village, la mise à niveau de la
route et peindre l’ensemble du douar, notre village deviendra un projet
pilote.»
Autonomie, de la conception à la mise en placeDifficile pourtant d’imaginer qu’un village d’une région montagneuse puisse avoir son propre réseau de distribution d’eau et d’assainissement. Pourtant, le rêve des habitants de Tizi N’Oucheg est devenu une réalité. «Pour l’eau potable, nous avons une source dans la montagne alors que le village se trouve en bas. Entre la source et le village, ce sont presque 2 500 mètres de distance», nous explique ce représentant d’une population pleine d'ambitions. Grâce à un tuyau et des travaux, les hommes du village ont pu creuser puis raccorder la source à un château d’eau pour entreposer l'eau. «Après, à partir de ce château d’eau, nous avons construi des branchements pour diviser le village selon les zones hautes et les zones basses. Il n’y avait ni ingénieur ni spécialiste et ce n’était que notre propre conception», nous dit-il, très fière d’expliquer simplement un projet pourtant compliqué.
Quant à l’assainissement, les villageois -familiers des travaux de construction- ont profité de la pente. «Il s’agit d’un canal principal, qui entoure le village et qui alimenté par des petits canaux. Nous avons construit aussi une station d’épuration pour réutiliser cette eau usée vu que nous voulons l’exploiter dans l’agriculture pour la période d’été», poursuit notre interlocuteur.
Aucun financement public, les bienfaiteurs prennent le relai
Mais alors que l’éducation était l’une des principales préoccupations des habitants de ce douar, l’ensemble de Tizi N’Oucheg ont célébré, cette année, l’arrivée du premier étudiant issu du village à l’université. Une fierté pour les 600 habitants qui veulent voir leurs enfants diplômés. D’ailleurs, la réputation de Tizi N’Oucheg le précède. Les villages environnant veulent à leur tour experimenter ce «plan de développement rural». Actuellement, ce sont 50 villages voisins qui disposent, eux-aussi, de leurs visions et leurs projets pour les années à venir.
Mais maintenant que tous les autres villages veulent mettre en place des projets identiques, le nombre d’élèves et d’étudiants a sensiblement augmenté. Conséquence : l’internat d’Aghbalou, le centre le plus proche, est saturé. «Cette année, nous avons 10 élèves qui n’ont pas trouvé de place. Nous avons donc loué une maison pour les accueillir puisque tout le monde a droit à l’éducation, même ceux qui ont redoublé», fait savoir Rachid.
Naturellement, la question qui se pose à ce niveau est de savoir d’où provient l’argent pour financer tous ces projets. Probablement la contribution de l’Etat ? La réponse apportée par Rachid Mandili est tout aussi étonnante. «Pour l’argent, ce sont des bienfaiteurs, des visiteurs du douar, Ahmed Benabadji et sa famille qui ont beaucoup contribué, mais aussi l’auberge du Tizi N’Oucheg ainsi que les habitants du douar eux-mêmes», nous confie-t-il, amusé par notre réaction.
L’Etat marocain, via ses collectivités locales, n’a donc donné aucun dirham à ces villageois pour mettre en place ces projets. «Notre secret n’est autre que notre volonté de développer notre village et d’améliorer nos conditions de vie, nous-mêmes», nous affirme Rachid. Une réponse qui résume tout.
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