UA : LE MAROC RAPPELÉ À SES OBLIGATIONS DE TRAITER AVEC LA RASD
Par Hocine Adryen, 5/2/2017
« Le Maroc ne rentre pas dans l’Union Africaine par la petite, mais par la grande porte », a déclaré hier le roi du Maroc Mohamed VI dans son discours devant les présidents et chefs de gouvernement africains lors du 28e sommet de l’UA qui a pris fin hier à Addis-Abeba.
Or, son adhésion à l’UA n’a été possible qu’après le vote d’une
quarantaine de voix sur 54 possibles alors qu’une quinzaine de pays se
sont abstenus de donner leur voix au Maroc.
A titre d’exemple, le Sud Soudan nouvellement indépendant a recueilli 54
signatures, soit le plein de voix. En quoi le Maroc est-il entré par la
grande porte si plus d’une quinzaine de pays se sont abstenus de lui
apporter leur confiance ?
De plus, 32 ans après avoir quitté l’ex-OUA pour protester contre
l’admission de la RASD au sein de l’instance panafricaine, le Maroc
retourne et nie ses principes défendus ainsi que sa parole durant plus
de trente ans en acceptant de siéger aux côtés de la délégation de la
RASD, et a même signé par son Parlement l’Acte constitutif de l‘UA sans
broncher. A peine a-t-il repris le siège au sein de l’UA que le roi
reçoit une gifle cinglante.
L’Union africaine (UA) a appelé hier à Addis-Abeba le Conseil de
sécurité des Nations unies à assumer ses responsabilités en restaurant
le « plein fonctionnement » de la Mission des Nations unies pour le
référendum au Sahara occidental (Minurso).
La conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA a dans sa
décision relative à la situation au Sahara occidental, exhorté le
Conseil de sécurité « à assumer pleinement ses responsabilités en
restaurant le plein fonctionnement de la Minurso qui est indispensable à
la supervision du cessez-le-feu et à l’organisation du référendum
d’autodétermination ».
Les dirigeants africains ont également appelé le Conseil de sécurité à «
trouver des réponses à la question des droits de l’homme et à celle de
l’exploration et de l’exploitation illégales des ressources naturelles
du territoire, en particulier suite à l’important arrêt de la Cour de
justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 sur les accords signés
en 2012 entre l’UE et le Maroc sur la libéralisation mutuelle du
commerce des produits agricoles et de la pêche ».
La Conférence a noté avec une « profonde préoccupation » l’impasse «
persistante » dans la recherche d’une solution au conflit au Sahara
occidental, et souligné « la nécessité urgente d’efforts internationaux
additionnels pour faciliter un règlement « rapide » du conflit.
A cet égard, la conférence a réitéré son appel à l’Assemblée générale
des Nations unie « pour qu’elle détermine une date pour la tenue du
référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental et assure
la préservation de l’intégrité du Sahara occidental en tant que
territoire non autonome, de tout acte susceptible de la compromettre ».
Par ailleurs, la conférence a réitéré la Déclaration adoptée lors de ses
24e et 26e sessions ordinaires concernant la tenue par le Forum de
Crans Montana, une organisation de droit de suisse, d’une réunion sur le
territoire occupé du Sahara occidental, appelant Crans Montana à cesser
cette activité.
Enfin l’UA a encore une fois lancé à un appel à tous les Etats membres,
aux organisations de la société civile africaine et aux autres acteurs
concernés pour qu’ils boycottent un tel événement.
Le communiqué a été lu devant la délégation marocaine abasourdie et
complètement sonnée. Son retour à l’UA est semé d’embûches. Le Maroc
doit aussi rendre des comptes à l’UA au sujet de la RASD. L’UA a décidé
de reprendre la main sur le dossier du Sahara occidental.
Le dernier rapport de la Présidente de la Commission de l’UA, ainsi que
les décisions du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA ont été
récemment remis à la Commission de l’UA, ainsi qu’à celui du Président
du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA présidé par l’Algérien Smail
Chergui qui a été plébiscité par ses pairs pour engager un second mandat
de cinq ans.
Tout comme pour l’Envoyé Spécial de la Commission de l’UA pour le Sahara
occidental, Joaquim Chissano qui doit immédiatement se remettre au
travail pour engager des discussions bilatérales entre les deux parties,
aujourd’hui que le Maroc est membre à part entière de l’UA. Si le Maroc
persiste à ne pas reconnaître comme il l’a toujours fait la mission de
l’ex-président mozambicain, il doit rendre des comptes à l’UA.
L’envoyé spécial de l’Union africaine pour le Sahara occidental a
déploré « qu’aucun progrès n’ait été accompli » sur l’organisation d’un
référendum d’autodétermination du territoire, une des tâches assignées à
la Minurso : « Il faut donner au peuple du Sahara occidental l’occasion
de choisir librement son destin », a-t-il insisté.
Pour Joaquim Chissano, le Conseil de sécurité de l’ONU devrait inclure
la protection des droits de l’Homme dans le mandat de la Minurso, fixer
une date pour tenir le référendum et dénoncer « l’exploitation illégale
des ressources naturelles » du territoire par le Maroc.
Il estime que l’Union africaine doit avoir un « rôle dirigeant » de l’UA
pour résoudre le conflit, alors que Rabat refuse de reconnaître cette «
décision unilatérale » estimant que le différend « est du ressort
exclusif de l’ONU ». Le dira-t-il aujourd’hui ?
Source : Le Jeune Indépendant
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