De violents heurts ont éclaté le 5 février entre les forces de l'ordre et des manifestants qui voulaient commémorer le décès de Abdelkrim El Khattabi à Al Hoceima et Boukidan.
Al Hoceima est sous tension en ce début d'année. Alors
que les forces de l’ordre ont dispersé, le 4 janvier, un sit-in en
soutien à Mouhcine Fikri, grossiste de poisson mort broyé le 28 octobre
par le mécanisme d'une benne à ordure alors qu'il contestait la saisie
de son poisson, de nouveaux heurts ont éclaté le 5 février lors d’une
manifestation de commémoration à la mémoire du résistant Abdelkrim El
Khattabi, décédé le 6 février 1963.
Des incidents similaires ont été signalés dans le village voisin de Boukidan. Les forces de l’ordre ont "fait barrage aux manifestants de Boukidan" selon Houcine Lamrabet, militant associatif présent à la manifestation. "Les manifestants ont été empêchés de se rendre à Al Hoceima et vers 15h les affrontements ont commencé", décrit la même source.
Courses poursuites et jets de pierre
Notre source rapporte que des courses poursuites et des jets de
pierre entre forces de l’ordre et manifestants ont eu lieu lors de ces
affrontements. "C’était assez violent, pourtant cette commémoration est organisée tous les ans et sans heurts", affirme Houcine Lamrabet. La situation était, selon lui, similaire à Al Hoceima où les manifestants ont été "violentés par les forces de l’ordre".
Alors que des rumeurs circulaient sur l’usage de bombes lacrymogènes et
des balles en caoutchouc, la direction générale de la Sûreté nationale
(DGSN) a publié, le 5 février, un démenti relayé par l’agence de presse
MAP, dans lequel il est précisé qu’"aucun type d’arme de fonction n’a été utilisé".
Pour la DGSN, les forces de l'ordre se sont "interposées" à l’organisation d’un rassemblement à Al Hoceima "en application d’une décision d’interdiction émanant des autorités locales compétentes et notifiée aux concernés". D'après les autorités, cette décision a provoqué la colère des manifestants qui ont réagi par des jets de pierre "infligeant des blessures à un nombre d’éléments de la sûreté". Toutefois, le communiqué ne précise pas le nombre de blessés. La DGSN précise également "personne n’a été arrêté dans le cadre de ces événements". Houcine Lamrabet affirme de son côté que "deux interpellations ont eu lieu à Al Hoceima".
Ouverture d’une enquête à Boukidan
Dans un autre communiqué publié le 5 février, la DGSN revient sur
l’intervention des forces de l’ordre à Boukidan. Selon la police, 27
éléments des forces de l’ordre ont été blessés lors d’une intervention
ayant pour but de disperser la foule. Les manifestants ont "bloqué volontairement la voie publique", d'après la DGSN. La direction de la sûreté nationale assure que la manifestation de Boukidan ne satisfaisait pas "les conditions légales en vigueur" tout en affirmant que l’intervention des forces de l’ordre s’est faite "dans le respect total des règles et dispositions légales". Une enquête a été ouverte "afin de déterminer l’identité des agresseurs et prendre les mesures légales qui s’imposent", précise le communiqué.
Pour rappel, les circonstances tragiques de la mort de Mouhcine Fikri
ont poussé des dizaines de milliers de sympathisants à travers le
Maroc à descendre dans les rues. En plus des revendications à caractère
social et économique, les manifestants réclament une enquête
transparente sur les circonstances ayant conduit au drame.
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