Dans cette ex-colonie espagnole contrôlée en grande partie par le
Maroc, immense territoire quasi désertique peuplé d’environ un
demi-million d’habitants, les armes se sont tues en 1991, à l’entrée en
vigueur d’un cessez le feu après une quinzaine d’années de guerre.
Depuis, l’ONU y maintient une force de paix et a proposé un
référendum d’autodétermination qui a constamment été repoussé en raison
de désaccords sur la composition du corps électoral.
Rabat propose aujourd’hui aux Sahraouis une autonomie sous sa
souveraineté que le Polisario, soutenu par l’Algérie, rejette en bloc.
De hauts responsables sahraouis affirment que les combattants du
mouvement indépendantiste restent mobilisés de leur côté du « mur des
sables ».
Ces remblais de deux à trois mètres de haut construits par le Maroc coupent en deux le Sahara occidental sur 2700 km de long.
« En dépit du cessez le feu, nous continuons le recrutement et la
mobilisation », explique à l’AFP Abdullahi Lehbib, le « ministre de la
Défense » du Front Polisario.
Selon lui, le mouvement compte 25.000 combattants et « tout Sahraoui », hommes et femmes, est « mobilisable ».
« Le blocage du processus de paix et surtout la situation à
Guerguerat font que nous sommes en état d’alerte le long du mur »,
ajoute-t-il, en référence à une petite ville du sud-est du territoire,
près de la Mauritanie, où le Polisario a installé en décembre une
nouvelle position militaire après que le Maroc eut entamé durant l’été
la construction d’une route goudronnée au-delà de son mur de défense.
– ‘Guerre d’usure’ –
Au nord-ouest du territoire, près d’El-Mahbes, dans un secteur sous
contrôle sahraoui, le mur est entouré de tranchées, de barbelés et de
champs de mines.
Sur place, le chef militaire du secteur décrit comment ses hommes, en
treillis et équipés d’armes automatiques, opèrent des rondes en
véhicule tout-terrain et surveillent tout ce qui bouge près du mur.
Cheikh Bechri Mhamed indique que leur travail consiste également à sécuriser le sol jonché de mines antipersonnel.
A moins de 100 km de là, dans un des camps de réfugiés sahraouis de
Tindouf (sud-ouest de l’Algérie), le directeur du +Musée de la
résistance+ explique aux visiteurs que l’armée sahraouie a su
« s’adapter » à la constructions des murs malgré « quelques
difficultés ».
Selon Mohamed Ouleda, un militaire, « le mur de défense n’a pas été
efficace pour défendre les Marocains »: « l’armée a choisi certaines
régions pour opérer des incursions bien qu’à l’époque il n’y avait que
12.000 militaires sahraouis face à une armada marocaine ».
Il souligne que selon des documents de la Croix-Rouge -que l’AFP n’a
pas été en mesure de consulter-, les Sahraouis ont fait « 511
prisonniers de guerre marocains entre la construction du mur et le
cessez-le-feu ».
Dans son musée, M. Ouleda montre des « butins de guerre », des armes,
des véhicules blindés ou encore des documents militaires marocains
« récupérés de l’autre côté du mur ».
« C’était une guerre d’usure » derrière le mur, se remémore le chef actuel du Front Polisario, Brahim Ghali.
« Les Marocains ont construit ce mur en pensant qu’il était
infranchissable », explique M. Ghali, interrogé par l’AFP dans un camp
de Tindouf. « Mais il est en fait devenu pour l’armée marocaine un poids
économique, psychologique et moral plutôt qu’une solution »,
explique-t-il. « C’est à ce moment là que le Maroc a entamé les
négociations qui ont abouti au plan de paix de l’ONU et au
cessez-le-feu ».
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