Mohammed Jaabouk, yabiladi.com, 21/1/2017
De
nouveaux documents déclassifiés par la CIA lèvent en partie le voile
sur les circonstances du déroulement de la Marche verte. L’entrée des
Marocains au Sahara était le fruit d’un accord conclu entre Juan Carlos,
alors prince héritier et le roi Hassan II, assure l'agence de
renseignement américaine. Détails.
A la veille de l’expiration du mandat de Barack Obama, la CIA, sur
une décision de justice, a déclassifié plus de 930 000 documents
secrets. L’un d’eux a particulièrement séduit les médias espagnols. Et
pour cause, il se rapporte aux tractations entre le prince héritier Juan
Carlos, alors chef des armées et chef d’État par intérim, et le roi
Hassan II sur l’avenir du Sahara occidental.
Hassan II et Juan Carlos de Borbón |
Le 6 novembre 1975, le coup d’envoi de la Marche verte est donné. Au
total, 350 000 Marocains, dont 10% de femmes, se dirigent vers le
Sahara. Les soldats espagnols stationnés à Laâyoune sont dans
l’incapacité d’empêcher la progression des marcheurs. L’option du
recours à la force étant écartée, l’heure est plutôt au dialogue.
Un compromis entre le Maroc et l'Espagne
Avant l'arrivée des marcheurs, un compromis est conclu entre Rabat et
Madrid. «Les manifestants entrent seulement quelques miles au Sahara
espagnol en vue d’y rester quelques temps aux abords du territoire où il
n’y a pas de troupes espagnoles», révéla Juan Carlos à l’ambassadeur
américain Wells Stabler. Et d’ajouter qu’«une délégation composée d’une
cinquantaine de Marocains aura le droit d’entrer à Laâyoune», la
capitale du Sahara occidental.
Le document précise que les zones non-autorisées aux marcheurs
étaient signalées par le terme «champs de mines». Le prince héritier a
confié au diplomate américain que les soldats espagnols au Sahara ont
reçu l’ordre d’«user de tous les moyens à leur disposition pour empêcher
que les Marocains ne traversent ces lignes». Juan Carlos n’a pas
mentionné la possibilité de son armée, encore sur place, de recourir à
la force.
En effet, dès la fin octobre 1975, les troupes espagnoles se retirent
des zones de Mahbès, Jdiriya et Haoussa, situées à l’ouest de Smara.
Commence alors une véritable course entre les Forces armées royales
(FAR) et le Polisario, appuyé par l'Algérie, pour le contrôle des points
évacués. C’est dans ce contexte de pré-guerre que s’inscrivent les
menaces directes de Hassan II de riposter avec les armes contre toute
agression visant les participants marocains à la Marche verte.
Ce compromis entre Rabat et Madrid allait se concrétiser quelques
jours plus tard lors de la signature des accords de Madrid, le 14
novembre 1975 entre des représentants marocains, espagnols et
mauritaniens sur le partage du Sahara.
Hassan II et Juan Carlos |
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