Reprise sous tension au Maroc du procès des événements de Gdim Izik. Il oppose les 25 prévenus sahraouis aux familles des victimes de ces émeutes meurtrières, qui s'étaient déroulées en 2010 à Laâyoune, lors du démantèlement d'un camp de protestation de populations sahraouies. Le Maroc et le Front Polisario s'étaient à l'époque accusés mutuellement d'avoir provoqué les affrontements meurtriers qui avaient éclaté entre forces de l'ordre et manifestants sahraouis. Jugés par un tribunal militaire pour meurtre, les 25 accusés avaient écopé en 2013 de peines de prison à perpétuité, un jugement invalidé après la suppression un an plus tard, des tribunaux d'exception.
Dans la salle d'audience, la vingtaine de prévenus sahraouis
est confinée dans un box en verre, casques de traduction, et
retransmission télévisée pour les observateurs. Tout est réuni pour
montrer que les conditions d'un procès équitable sont réunies.
Mais
selon Sophie Michez, avocate observatrice du barreau de Bruxelles, les
interruptions discontinues rendent difficile la tenue du procès : « Il
y a encore un manque d’organisation. On laisse beaucoup de latitude aux
avocats. Donc il faudrait un peu recadrer tout cela pour un peu
avancer ».
Si l'ambiance est houleuse, pour la partie civile, ce procès est
l'occasion de faire entendre la voix des familles de victimes. Et c’est
important pour maître Brahim Rachidi, l'un de leurs avocats : « Nous
ne voulons pas une indemnisation matérielle, mais une indemnisation
morale parce que ce sont des patriotes qui ont été écrasés par des Land
Rover et on a même été jusqu’à uriner sur les corps des morts ».
Affaire complexe
Du côté de la défense, représentée notamment par le Français Joseph Breham, le procès est avant tout une affaire de droit international : « Puisque
le Sahara occidental est un territoire occupé, tel que cela a été
reconnu par les Nations unies, les conventions de Genève s’appliquent :
soit, ils considèrent que nos clients sont des criminels de droit commun
et à ce moment-là, ils doivent appliquer le droit sahraoui ; soit, ils
considèrent que nos clients sont des prisonniers politiques, et à ce
moment-là, ils peuvent juger en droit marocain. C’est une des raisons
des délais importants, ils sont très embêtés de cette alternative ».
Pour la première fois, la justice civile marocaine doit traiter d'une
affaire cristallisant les tensions autour du conflit dans le Sahara
occidental. Signe de cette atmosphère électrique, les manifestants aux
messages antagonistes ont protesté - sous bonne garde policière - toute
la journée aux abords de la cour d'appel.
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