En se retirant du Forum Afro-Arabe de Malabo, la délégation Marocaine
a probablement cru que son geste et la motivation qu’elle a invoquée en
l’occurrence lui vaudront l’appui des Etats Africains « amis » de leur
pays qui donneront de la voix pour que soit satisfaite son exigence du
retrait à la RASD de son statut d’Etat participant à la rencontre.
Rabat s’est vite rendu compte que le chantage auquel sa délégation a
soumis la famille Africaine n’a pas eu l’effet escompté et que sa
diplomatie a commis une faute qui en choquant même les plus activistes États du continent dans le soutien aux thèses annexionnistes du Maroc
sur le dossier du Sahara Occidental, a entraîné l’Union Africaine à
rappeler les fondamentaux qui conditionnent l’adhésion d’un Etat en son
sein, à savoir que le postulant ne peut remettre en cause le statut de
l’un de ses Etats membres et qu’il s’engage à respecter le dogme
continental du respect de l’intangibilité des frontières héritées de la
colonisation.
Un rappel dont il faut comprendre que la demande Marocaine
d’adhésion à l’Union Africaine va être examinée en tenant compte des
réponses que fera Rabat sur ces deux conditionnalités.
Le roi Mohammed VI et les diplomates du Royaume tentent de rattraper
leur bévue diplomatique en affirmant qu’ils ne mettent aucune condition
au retour de leur pays au sein de l’institution panafricaine, en
espérant sûrement qu’une fois que sa demande aura reçu l’aval, il leur
sera possible de manœuvrer de l’intérieur de l’Union pour finir par
obtenir satisfaction sur le retrait à la RASD de sa qualité d’État
membre de l’organisation. Si telle est l’intention Marocaine, sa
diplomatie ne doit pas se leurrer : elle se heurtera à l’intransigeance
bloquante des États membres défendant l’intangibilité des frontières sur
le continent et à celle de ceux qui soutiennent la cause des
indépendantistes Sahraouis.
Les uns et les autres ne se satisferont probablement pas que le Maroc
déclare n’avoir aucune intention de rééditer ses chantages sur le
dossier du Sahara Occidental et mèneront bataille pour que sa demande
d’admission soit considérée comme inacceptable car émanant d’un Etat
sans respect pour le principe unanimement admis par la famille Africaine
du respect des frontières héritées de la colonisation. Ce que le
Royaume a allégrement transgressé tant s’agissant de reconnaître
l’indépendance de la Mauritanie dont il a pendant longtemps revendiqué
l’annexion que les frontières avec l’Algérie qu’il a voulu repousser en
tentant de s’emparer des régions de Béchar et Tindouf et enfin avec
l’occupation du Sahara Occidental.
S’il ne veut que réintégrer l’Union Africaine ayant enfin compris
qu’il ne gagne rien à tourner le dos au continent, le Maroc doit
convaincre qu’il renonce à sa boulimie annexionniste.
Ce qui doit commencer par son acceptation de la reprise du dialogue
avec les Sahraouis sous l’égide Onusienne et dont l’Union Africaine a
approuvé l’ouverture et la finalité qui est l’exercice par les Sahraouis
de leur droit à l’autodétermination. Faute de s’engager sans
tergiverser sur cette voie, le Royaume Marocain n’est pas près de
réintégrer la famille Africaine au sein de l’UA même s’il compte parmi
elle un groupe d’Etats ayant accepté de batailler en sa faveur. De
simple formalité n’allant provoquer aucune réserve ni opposition
insurmontable qu’elle a été présentée, la demande d’adhésion du Maroc à
l’Union Africaine suscite en réalité une levée de boucliers que justifie
l’arrogance et le mépris de sa diplomatie Africaine.
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