Journal d'Ivry 94, mai 2016
Nommé citoyen d’honneur d’Ivry, le
militant sahraoui Naâma Asfari est emprisonné depuis 2010 à Rabat-Salé
au Maroc. Nous avons pu le contacter.
Le camp de Gdeim Izik en 2010 avant son évacuation.© Anthony Jean
Naâma Asfari : Faim de liberté
Il s’agissait d’attirer l’attention sur le silence que l’État
marocain veut nous imposer. Malheureusement, il était très difficile de
continuer après trente jours, surtout avec la pression des familles.
Nous avons attendu en vain l’ouverture de négociations, et les avocats
européens venus nous voir ont été refoulés…Le Maroc ne respecte pas les
résolutions des Nations Unies.
Parvenez-vous à suivre la situation des Sahraouis dans les territoires occupés ?
Les informations que l’on a, c’est ce que nous lisons dans les
journaux marocains. Le Maroc répète à la communauté internationale que
le problème vient du Polisario (mouvement de libération du peuple sahraoui), et que les Sahraouis sous administration marocaine soutiennent l’État… Alors en 2010 (voir ci-contre), nous
avons montré que tous les Sahraouis sont unis derrière le Polisario et
qu’il n’y aura pas d’autre alternative qu’un référendum
d’autodétermination. Mais cette action pacifique d’un peuple pacifique a
suscité le 8 novembre 2010 une intervention militaire contre un
campement de trente mille civils sahraouis. Le Maroc, aujourd’hui,
continue à nous emprisonner de façon illégale –y compris selon la loi
marocaine -et bénéficie du soutien direct du gouvernement français qui
bloque, au sein de l’ONU, toute tentative de résolution du conflit.
Le conseil municipal d’Ivry vous a nommé citoyen d’honneur mais, au-delà, que peut-on attendre de la solidarité internationale ?
Le fait qu’Ivry me reconnaisse comme l’un de ses citoyens est un
geste extraordinaire montrant que l’on est dans un monde où les
gouvernements ne représentent pas les peuples ! Je salue de tout mon
cœur les Ivryens, et je crois que cette initiative va contribuer à lever
ce silence que le Maroc essaie d’imposer contre la légitimité de la
cause sahraouie. Les grandes puissances ‑ et principalement la France et
l’Espagne - ont l’obligation de jouer un rôle de facilitateurs entre le
Maroc et le Polisario pour déboucher sur un temps de stabilité et de
paix où tous les peuples puissent cohabiter. Ce que nous demandons,
c’est le respect de notre droit à l’autodétermination. C’est à nous de
choisir notre destin à partir d’un référendum juste et équitable. Nous
sommes en prison pour ça, pas pour autre chose !
Propos recueillis par la rédaction
Téléchargez la délibération du Conseil Municipal du 17 mai 2016 élevant Naâma Asfari au rang de citoyen d'honneur d'Ivry-sur-Seine
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