MARDI 7 JUIN 2016
Depuis le 15 février 2016, la compagnie Polonaise
Geofizyka-Kraków est au Sahara Occidental occupé. L’entreprise annonce sur son
site web qu’elle mène ses activités au Maroc en contrat avec l’ONHYM, Office
national des hydrocarbures et des mines de l’État
marocain.
En
recoupant nos sources, la zone concernée par les activités de l’entreprise
polonaise d’enquête sismique est une vaste zone dont la diagonale serait l’axe
Boucraa - Bougdour. Cette zone, entre les villes de Semara. El
Aaiun, Boujdour. et Gueltat Zemmour, est au Sahara Occidental, et
non au Maroc.
Les
activités sur les ressources naturelles dans le Sahara Occidental, dit
territoire non autonome par l’ONU, sont conditionnées en droit international à
la volonté du peuple sahraoui, - donc sa consultation et son accord -, et à son
bénéfice. Il n’en est rien dans le cas présent, et cela rend illégale la
présence de l’entreprise polonaise.
Selon
nos recherches, les activités correspondent à l’appel d'offres ouvert sur offres
de prix n°26/2015 du 30/07/2015, « prestations d'acquisition et de traitement
des données sismiques 2D (zone de Lemsid) », proposé par l’ONHYM pour le
gouvernement marocain, qui occupe militairement la partie ouest de notre pays.
Voir le document de l’appel d’offre ici. http://ao.onhym.com/Documents/AO%2026-2015%20-%20CPS%20SIGNE.pdf
La
recherche sismique est prévue en 7 lignes quadrillant la zone, soit un total
selon l’appel d’offre de 950km d’étude sismique, que l’entreprise à 330 jours
pour réaliser.
La première des lignes à être
étudiée va de Kdayyat Essba’a vers Lmsyed près de la cote atlantique, au nord de
Boujdour, soit environ 200km. La 2ème va de Lemsyed vers
Lgelta.
Les
opérations de préparation du terrain et de repérage ont donc
commencé le 15 février, après une semaine de rapide vérification par l’armée
marocaine des risques liés aux mines terrestres et autres restes de guerre.
Après la période des tests, l’étude sismique a officiellement commencé le 17
mai.
Sur
place sont présentes près de cent personnes,
des employés polonais, et marocains de l’entreprise, des Sahraouis et Marocains
en contrat de sous-traitance pour des tâches subalternes, et
l’armée marocaine. Il semble que l’Onhym soit l’intermédiaire entre ces
différentes entités.
Au niveau matériel mobile, il y a 7 grands
camions blancs d’études sismiques (camion
vibrateur sismique) sans immatriculation, 2 camions orange, l'un de maintenance
des camions blancs et l’autre dit « le labo » de réception des données
vibrationnelles, et 52 véhicules 4x4.
A
Boucraa, la société polonaise a installé, avec l'aide de l'armée marocaine, un
quartier de 10 bungalows préfabriqués destiné à loger dans un premier temps les
chauffeurs et les employés nettoyeurs, sahraouis et
marocains. Chaque préfabriqué doit servir pour 10 personnes. Une
cuisine, avec une salle de restauration, gérée par une équipe de cuisiniers et
aides assure l’intendance de toute
l’équipe.
C’est
dans ce quartier que sont garés les véhicules de transport et d’étude de
l’entreprise, et qu’est stocké le
matériel.
Le
quartier est entouré d’un mur de sable puis d’un
grillage.
Les
employés polonais et marocains, dans un premier temps logés dans des maisons
luxueuses appartenant à l’OCP (office chérifien des phosphates) dans la ville de
Boucraa, ont rejoint le reste du groupe dans le quartier préfabriqué le 22
mai 2016, ainsi que le bataillon de FAR chargé de leur
sécurité.
L’organisation de l’étude
sismique
Le
groupe chargé du nettoyage du terrain doit enlever à la main toutes les pierres
présentes sur le tracé de l’étude sismique sur une largeur de 6 mètres, ensuite
marquer le terrain à l’aide de sac de sable, et fixer au sol les géophones
reliés avec des câbles, soit pas loin de 300 géophones par jour. Ce sont les
topographes qui identifient les endroits précis ou sont posés les sacs et
installés les géophones.
Cette
équipe devait initialement, sous le contrôle de
chefs marocains,
nettoyer et marquer 3 à 4 kilomètres par
jour. Une récente demande de l’entreprise polonaise que cette charge passe à 9
km par jour dans les mêmes conditions (nombre de personnes,
salaires…), a déclenché des réactions et des mouvements de grève, quand les
conditions de travail n’étaient déjà pas satisfaisantes. Cela fera l’objet d’une
information plus précise ultérieurement.
Depuis
le 17 mai, viennent ensuite 3 des 7 camions blancs, qui se déplacent doucement
vers les places identifiées, démarrent en même temps tous ensemble et avancent à
une allure de 5 km/h pour entreprendre les relevés sismiques qui seront étudiés
ensuite.
L’équipe de travail au 30 mai
2016*
51 sahraouis sont embauchés sans contrat
par Logisteam pour 3 mois, chauffeurs des différents personnels, selon une
prestation 4X4 avec chauffeur, payé 13000 dh soit 10000 dh pour le véhicule et
3000dh pour le chauffeur. Ils travaillent 12h par jour sans repos hebdomadaire.
La maintenance des véhicules et le gasoil sont à la charge de la société
polonaise.
Un
chauffeur marocain dans le même groupe est venu de Casablanca avec un véhicule
4x4 de location immatriculé dans cette même ville. Ses conditions de travail et
employeur ne sont pas connus de nos
sources.
6
chauffeurs marocains conduisent les camions blancs et orange. Ils ont signé des
contrats avec Logisteam et ne bénéficient pas des repos
hebdomadaire.
50
hommes, soit 20 Sahraouis et 30
Marocains, embauchés pour nettoyer et baliser le terrain sont sous
contrats avec Afrique Partenariat pour 3 mois, pour 12h de travail quotidien,
sans repos hebdomadaire, payés 3000 dh (235 euros) par mois. Ils sont logés sur
la base et nourris.
6
topographes marocains, employeur et contrat inconnu de nous à ce jour,
travaillent 12h chaque jour sans repos hebdomadaire. Ils sont logés et nourris
au camp.
20
Polonais, soit un directeur de projet, 2 chargés finances et caisse, et 17
ingénieurs sont logés nourris sur la base et n’ont pas de repos
hebdomadaire.
16
cuisiniers marocains travaillent 12h par jour sans repos hebdomadaire et logent
à la base préfabriquée. Employeur et salaires inconnus de nos
sources.
2
aides-cuisine sahraouis, en contrat avec Afrique partenariat, travaillent à la
base préfabriquée 12 heures par jour, sans repos hebdomadaire, pour un salaire
mensuel de 3000 dh/mois, logement au
camp.
Pour
l’entreprise Logisteam, les recrutements ont été assurés sur place par le
codirigeant de l’entreprise, Yahdih Sidi Youssef, un entrepreneur sahraoui expérimenté dans le
secteur étude sismique depuis qu’il a travaillé avec des compagnies de
prospection pétrolière sur la zone Zag au sud du Maroc. Le siège de l’entreprise
Logisteam est à Casablanca.
L’armée
d’occupation
L’armée
marocaine sur place compte deux bataillons de 10
personnes.
L’un
sous le commandement d’un adjudant est chargé des Polonais. Les soldats chacun
avec son fusil M-16 se déplacent avec les Polonais seul ou en groupe pour
assurer leur sécurité. Ils logent et sont nourris dans le quartier de
préfabriqués de l’entreprise.
L’autre
groupe des FAR, indépendant, commandé par le capitaine Cotto est un groupe
spécialisé en déminage. Ils sont chargés de décontaminer les 7 lignes définies
pour l’étude sismique. Ils logent et sont nourris dans un camp à quelques km de
Boukraa. Selon nos sources, leur travail est attaché au gouvernement marocain et
non avec la société polonaise. Selon des témoins ils sont équipés de matériel
détecteur de métaux de type « poêle à frire
».
Equipe
Média, El Aaiun, Sahara Occidental
occupé
Le 6
juin 2016
* Voir
l’information complémentaire à paraître à propos des grèves et leurs
conséquences.
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