Une majorité de députés espagnols a appelé jeudi
le gouvernement à défendre devant les Nations unies le respect des
droits de l'Homme et du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui,
dans une déclaration présentée jeudi à Madrid. Signée par douze partis
représentés au Parlement, disposant de 228 élus sur 350 mais sans le
Parti populaire au pouvoir, la déclaration fait suite à l'expulsion par
le Maroc de la quasi-totalité des experts expatriés de la Mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso). Le Maroc considère depuis 1975 cette ancienne colonie espagnole comme partie intégrante de son territoire.
Les signataires incitent l'Espagne à défendre "un référendum
d'autodétermination libre et démocratique pour le peuple sahraoui" et à
demander pour la Minurso "un mandat pour la supervision des droits de
l'Homme" et "la libération de tous les prisonniers politiques
sahraouis". Sol Sanchez, porte-parole du parti écolo-communiste
Izquierda Unida (Gauche unie), à l'initiative du texte, espère que
Madrid pourra "exercer une pression, puisque nous sommes membres du
Conseil de sécurité, lors de cette réunion" pour "le rétablissement du
droit international et de la Minurso". Le sort de la Minurso, mandatée
en 1991 pour organiser un référendum sur l'autodétermination du
territoire, option que le Maroc rejette catégoriquement, doit être
réexaminé par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont l'Espagne
est membre non permanent.
"Au fur et à mesure que ce moment approche, le gouvernement marocain
augmente la pression", estime Enric Bataller, député de la coalition de
gauche régionaliste Compromis et signataire du texte, s'inquiétant "que
cette pression puisse amener à une escalade". "Les grandes puissances ne
manifestent aucun intérêt pour le problème sahraoui", se désole Odon
Elorza, député socialiste signataire du texte, l'attribuant à leur
volonté de ne pas froisser Rabat. "Pour la France, les Etats-Unis,
l'Espagne... le Maroc a eu un rôle important de gendarme sur les
questions d'immigration", estime-t-il. Mohammed Ali Ali Salem, issu la
délégation du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique
en Espagne, s'est de son côté montré déçu de ce texte, réclamant "un
calendrier pour un référendum" et "qu'on reconnaisse à la délégation du
Polisario [mouvement indépendantiste sahraoui armé] un statut
diplomatique". "Ce point a été évoqué dans un premier temps", justifie
Enric Bataller, mais il a été retiré "pour chercher le consensus" entre
tous les partis.
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