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mardi 8 mars 2016

Solidarité avec Wafaa Charaf, militante marocaine incarcérée






À l’occasion du 8 mars, journée internationale des femmes, le Parti communiste révolutionnaire joint sa voix aux militantes et militants du mouvement démocratique au Maroc pour exiger la libération de Wafaa Charaf, emprisonnée depuis bien tôt deux ans pour un délit d’opinion. Voici le texte d’un communiqué accompagné d’un appel à l’action, diffusé par ses supporters:
Transformer une victime en coupable. Voilà l’un des lugubres tours de passe-passe dont le pouvoir marocain a le secret. Militante de la défense des droits humains, Wafaa Charaf en fait la cruelle expérience derrière la haute enceinte blanche de la prison de Tanger. Cette jeune femme de 28 ans est embastillée depuis le 9 juillet 2014, date à laquelle elle a été arrêtée et placée en détention préventive après avoir déposé plainte contre X pour enlèvement et séquestration.
Les faits remontent au 27 avril de la même année. Très liée au monde ouvrier de ce port africain aux portes de l’Europe, Wafaa Charaf participait ce jour-là à un rassemblement de soutien aux ouvriers de la multinationale Greif (le numéro un mondial de l’emballage industriel), licenciés après la création d’une section syndicale. Un affront, au cœur de cette zone franche qui permet aux entreprises locales ou occidentales d’empocher des cadeaux fiscaux tout en disposant d’une main-d’œuvre bon marché, privée des droits les plus élémentaires. À l’issue de ce rassemblement, la militante était embarquée par des inconnus qui l’ont brutalisée, questionnée sur ses activités, avant de l’abandonner couverte de blessures au bord d’une route, en pleine nuit, à une quinzaine de kilomètres de la ville.

Ce scénario de mauvais polar porte la signature des méthodes policières régulièrement dénoncées par l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dont Wafaa Charaf est membre. L’enquête ouverte par la plainte de la jeune femme n’aura d’ailleurs pas pour objet d’identifier ses agresseurs, bien au contraire. C’est finalement elle qui sera poursuivie pour «mensonges et diffamation», maintes fois convoquée, avant d’être incarcérée et condamnée, en appel, à deux ans de prison ferme et à une lourde amende.
«C’est une affaire politique. Ce qui est reproché à Wafaa, ce sont ses engagements contre les violations des droits humains. Ici, les patrons se comportent de la pire des manières à l’intérieur des usines», s’emporte Aboubakr El Khamlichi, le président de Chabaka, un réseau fédérant les associations de défense des droits des migrants et des ouvriers. Ce vieux militant au regard clair et franc est secoué de tremblements, stigmates des sévices endurés durant son long séjour en prison, dans les années 1980. Jugé en même temps que Wafaa Charaf en première instance pour «complicité de fausses déclarations», il a finalement été relaxé.
Tête couverte d’un voile bleu, Fatima Khayati est l’une de ces ouvrières de Greif aux côtés desquelles luttait Wafaa Charaf. «Elle était notre plus précieux soutien, notre porte-voix. Payés 2 300 dirhams (environ 200 euros), nous étions méprisés, maltraités. Nous voulions simplement faire respecter nos droits, améliorer nos conditions de travail. Mais lorsque nous nous sommes syndiqués, la réaction des patrons a été sauvage», relate-t-elle. «C’est une multinationale puissante, il est difficile de s’y attaquer. Wafaa s’est montrée solidaire de notre lutte de bout en bout», acquiesce une autre ouvrière licenciée, Khadija Amaouche.
Comme la plupart de leurs collègues mis à la porte, elles n’ont toujours pas retrouvé de travail. Implantée dans une cinquantaine de pays, la multinationale, dont le siège se trouve dans l’Ohio (États-Unis), a réalisé au troisième trimestre 2014 un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars. Insuffisant, selon son PDG, David B. Fischer, qui a alors promis de «continuer à réaliser les plans de façon agressive pour renforcer le portefeuille d’affaires» du géant de l’emballage industriel.
Zone de non-droit pour les travailleurs, la zone franche de Tanger est un paradis pour les entreprises en quête du profit maximum. Wafaa Charaf est surtout coupable, aux yeux de ses procureurs, de s’être attaquée au tabou de la condition ouvrière dans ces limbes de l’industrie, à une quinzaine de kilomètres des côtes européennes. «La nature de ce régime est antidémocratique. La pression est permanente sur tous ceux qui dénoncent les violations des droits humains. Mais elle est plus forte encore sur ceux qui dénoncent la collusion entre le régime et le patronat pour bafouer les droits des ouvriers», assure Ahmed Sekkaki, responsable de la Voie démocratique, le parti progressiste auquel appartient Wafaa. Avec le mouvement du 20 février qui a ébranlé de façon inédite, en 2011, la monarchie marocaine, des peurs se sont dissipées, des voix se sont déliées. Mais le Makhzen reste intraitable pour les militants de la liberté, du progrès social et de la démocratie.
«La répression s’est accrue de façon très sévère. Il n’est pas rare que des traitements inhumains et dégradants soient infligés aux militants, dans les commissariats ou en prison, directement ou indirectement, par la manipulation de codétenus», relate Najib Sekkaki, le président de l’AMDH à Tanger. Du fond de sa prison, Wafaa Charaf garde un moral d’acier. Chaque mobilisation pour sa libération lui donne cœur et courage. Par-delà les murailles, ses pensées s’envolent toujours vers les sans-droits qui, dehors, sont eux aussi privés de liberté.
(Informations tirées du journal L’Humanité)

Exigez la libération de Wafaa Charaf!
ÉCRIVEZ UNE LETTRE DE PROTESTATION À:
Habiba ZEMMOURI, consule générale du Maroc à Montréal
2192, boul. René-Lévesque Ouest, Montréal (Qc) H3H 1R6

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