par Jacques Besnard, Slate.fr, 24.02.2016
Mouad Belghouat (DR).
Membre actif du Mouvement du 20 février 2011, étendard de
la jeunesse marocaine depuis sa première arrestation, «El Haqed» a
quitté son pays pour continuer la musique en Belgique. Rencontre.
«On va prendre notre dose de vitamine D?», plaisante-t-il
d’emblée en français lorsqu’on se rencontre en plein centre de
Bruxelles, indiquant du regard un rond salvateur ensoleillé qui pointe
le bout de son nez à la terrasse d’un café. Le sourire et la bonhomie de
Mouad Belghouat témoignent d'une faculté salvatrice à relativiser: cinq
ans après le début du «Printemps marocain» le 20 février 2011, la vie
du jeune homme, devenu étendard du mouvement, est on ne peut plus
chaotique, entre interdiction de chanter, intimidations, pratiquement
deux années passées en prison et un exil forcé loin de sa famille.
Quand le jeune Marocain commence le rap à dix-huit ans avec ses potes
pour s'amuser à côté de ses petits boulots, rien ne le prédestine à
devenir ce «martyr». Ses chansons décrivent bien les conditions de vie
difficiles de son quartier populaire d'El Oulfa, à Casablanca, mais à
l'entendre, ses lyrics ne sont pas encore vraiment politiques. «J'ai commencé à devenir plus engagé un peu plus tard, c'est venu naturellement», assure-t-il
en arabe. Un changement de ton dans ses sons qui intervient en 2009.
Pour la scène, Mouad devient alors «El Haqed», souvent écrit en langage
SMS «L7a9d», que l'on peut traduire par «l'indigné» ou «l'enragé».
Deux ans plus tard, lorsque le Printemps arabe secoue l'Egypte et la
Tunisie, obligeant Moubarak et Ben Ali à quitter le pouvoir, la jeunesse
marocaine commence à son tour à se rebeller. Le 20 février 2011, des
dizaines de milliers de manifestants battent ainsi le pavé pour réclamer
des réformes économiques et sociales (santé, éducation...), plus de
démocratie et le pluralisme politique.
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