Un mois après les deux coups de semonce de l’Europe au Maroc (cour de
justice et parlement), Rabat gèle les rendez-vous bilatéraux et
suspend, jusqu’à nouvel ordre, l’ensemble des manifestations et réunions
organisées avec les pays de l’Union européenne. Un message a été envoyé
dans ce sens par les Affaires étrangères aux différents départements
ministériels.
En effet, rapporte le quotidien Les Inspirations Eco, la ministre
déléguée aux Affaires étrangères Mbarka Abouaïda a adressé à ses pairs
au gouvernement une note (dont le quotidien dispose de la copie)
demandant à ce que « soient suspendues, immédiatement, toute
participation aux réunions organisées par l’Union européenne et
l’organisation de celles inscrites à l’agenda bilatéral Maroc-UE, (en
plus) de s’abstenir de tout échange ou contact avec la délégation de
l’UE à Rabat, et ce jusqu’à nouvel ordre ». La charge est rude,
mais la note fait partie des mesures prises par le Maroc suite à l’arrêt
de la Cour de justice européenne annulant l’Accord agricole entre les
deux parties.
Cette décision diplomatique musclée, il faut le reconnaître, est
destinée à exercer une pression sur le Conseil de l’Europe et surtout la
Commission pour accélérer le processus d’appel décidé le surlendemain
de la décision judiciaire européenne ; or, les textes laissent le temps
aux instances dirigeantes de l’UE pour matérialiser leur appel. Et comme
il se pourrait que la Commission ait annoncé sa décision de contester
la décision de la justice européenne dans le seul but de « calmer » et
de rassurer le Maroc, Rabat veut être fixé sur les véritables intentions
de Bruxelles.
Mais ce n’est pas tout... quelques jours après l’arrêt de la cour de
justice, c’était au tour du parlement européen de demander que le mandat
de la Minurso soit étendu aux questions de droits de l’Homme, une
affaire qui avait fait monter le Maroc au créneau voici quelques années,
quand le roi Mohammed VI avait pris par deux fois son téléphone pour
exprimer, à Obama puis à Ban Ki-moon, la désapprobation du Maroc quant à
cette proposition.
La démarche de la ministre déléguée des Affaires étrangères, qui a dû
« consulter » plus haut avant d’émettre sa note, est donc le début d’un
(autre) bras de fer avec la Commission de Bruxelles, sachant que le
Maroc a d’ores et déjà entamé la diversification de ses partenariats
économiques et commerciaux étrangers.
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