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vendredi 8 janvier 2016

L’Afrique en 2015 : Boko Haram mais aussi 10 bonnes nouvelles


L’Afrique en 2015 : Boko Haram mais aussi 10 bonnes nouvelles



Célébration de la fin de l'épidémie d'Ebola en Guinée le 30 décembre 2015.

 image: http://s2.lemde.fr/image/2016/01/04/768x0/4841548_3_84c0_celebration-de-la-fin-de-l-epidemie-d-ebola_6ef2f2f85259f53b017465d97269c531.jpg

  Dans son éditorial du 15 décembre, « Agir avant la catastrophe », le directeur du Monde évoque 2015 comme une année « calamiteuse ». Certes, il parle de la France - et il a raison !
Cependant, la rédaction du Monde Afrique s’est demandé si ce jugement s’appliquait aussi au continent. La réponse est plus nuancée. 2015 a certes vu la poursuite de maux : les attentats perpétrés par Boko Haram, le drame des migrations, la manipulation des règles constitutionnelles pour permettre à certains dirigeants de se maintenir au pouvoir… Mais derrière ce lot d’actualités qui plombent l’avenir du continent, d’autres nouvelles parfois passées inaperçues dessinent un bilan plus positif et surtout plus prometteur. Voici celles que nous avons retenues

  • Une alternance pacifique et démocratique au Nigeria

C’est la première fois dans l’histoire du Nigeria qu’un président sortant est battu dans les urnes. Le 28 mars, Muhammadu Buhari, qui s’était présenté sans succès aux élections de 2003, 2007 et 2011, l’a emporté avec près de 54 % contre Goodluck Jonathan. Le vote s’est passé presque sans violence alors que les scrutins précédents avaient été marqués par plusieurs centaines de morts.
Muhammadu Buhari, 73 ans, ex-général, ex-putschiste, a dirigé le pays dans les années 1980 sans laisser de bons souvenirs. Mais il a bénéficié d’une vague d’engouement due aux échecs de son prédécesseur dans la lutte lutter contre Boko Haram et la corruption. Lorsque le gouverneur de la banque centrale Lamido Sanussi a dénoncé la disparition de 20 milliards de dollars provenant du pétrole, le président Jonathan l’avait tout simplement… licencié.
le nouveau chef de l’Etat semble faire mieux, à la fois en relançant la guerre contre la secte islamiste et en procédant à plusieurs arrestations de personnalités, dont celle de Diezani Alison-Madueke, ministre du pétrole de 2010 à 2015, surnommée la « bling bling lady », soupçonnée d’avoir couvert la disparition des 20 milliards de dollars et d’avoir offert à ses enfants des tours du monde en jet privé, aux frais du gouvernement.
  • Le Nobel de la paix pour la transition démocratique en Tunisie

En décernant en octobre, le prix Nobel de la paix au « quartet », c’est l’ensemble de la société civile tunisienne qui s’est sentie récompensée par le jury norvégien. Cette plate-forme issue de la société civile et organisée autour des quatre organisations - le syndicat UGTT, la fédération patronale Utica, l’Ordre national des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l’homme - a réussi à maintenir le dialogue national alors que le pays menaçait de basculer dans l’instabilité après deux assassinats politiques et la contestation croissante contre le parti islamiste Ennahda, à l’époque à la tête du gouvernement. Des mois de discussions difficiles ont permis d’aboutir à une feuille de route : départ d’Ennahda, désignation d’un gouvernement de technocrates, adoption d’une nouvelle Constitution et tenue d’élections.
Cette distinction est un message fort envoyé à la Tunisie, premier pays à avoir déclenché la vague des révolutions arabes en 2011. Elle est à ce jour le seul pays où l’espoir d’un changement a débouché sur une Constitution plus libérale - la première dans le monde arabe qui consacre la liberté de conscience et la parité des sexes et des élections ayant permis une véritable alternance sans violence.
  • Le message de paix du pape François en Afrique

C’était la première fois de sa vie que l’Argentin Jorge Mario Bergoglio se rendait en Afrique. Lors de sa visite de cinq jours, du 25 au 30 novembre, le pape a sillonné le Kenya, l’Ouganda et la Centrafrique, trois pays par des violences, pour y porter un message « de réconciliation, de pardon et de paix ».
Son discours social, son engagement en faveur des plus pauvres et contre l’exclusion ont naturellement trouvé un écho particulier dans ces Etats minés par les inégalités et les difficultés économiques de tous ordres. « Trop souvent, des jeunes sont rendus extrémistes au nom de la religion pour semer discorde et peur, et pour déchirer le tissu même de notre société », a également déploré le souverain pontife à Nairobi.
A Bangui, il a exhorté les dirigeants centrafricains à « l’unité ». S’exprimant en français, il leur a demandé d’éviter « la tentation de la peur de l’autre, de ce qui ne nous est pas familier, de ce qui n’appartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse ».
Plus qu’un. Après la Sierra Leone, le 7 novembre, la Guinée est le second des trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par une épidémie de maladie à virus Ebola à avoir officiellement stoppé la chaîne de transmission de l’infection.
Reste donc le Liberia, qui a les yeux rivés sur l’échéance du 14 janvier 2016, date à laquelle il aurait à son tour atteint les 42 jours sans nouveau cas. C’est en effet la condition définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : n’avoir aucun nouveau cas d’infection pendant une période équivalant à deux fois la durée maximum d’incubation – de 21 jours dans le cas d’Ebola – à compter de la guérison du dernier malade.
Néanmoins, le Liberia, comme ses voisins sait à quel point la victoire peut être fragile. Par deux fois, ce pays avait rempli ce critère mais en juin, puis en novembre 2015, de nouvelles infections étaient apparues du fait d’une ré-émergence du virus chez des personnes considérées jusque-là comme guéries.
L’épidémie qui avait débuté il y a deux ans en Guinée a connu une ampleur sans précédent : plus de 28 600 personnes au total ont été infectées en Afrique de l’Ouest et 11 300 en sont mortes. La menace s’éloigne donc, mais n’a pas totalement disparu.
  • L’Afrique entendue à la COP 21

L’unité a payé : en se présentant à la COP21 organisée en décembre à Paris avec une liste de revendications communes, les pays africains ont réussi à obtenir le soutien financier des grands pays industrialisés à leur initiative sur les énergies renouvelables. Ce projet élaboré dans le cadre de l’Union africaine prévoit de déployer 300 gigawatts d’ici 2030, dont 10 au cours des cinq prochaines années. C’est cette première étape que se sont engagés à assurer les pays du G7 en promettant plus de 10 milliards de dollars.
Le geste peut paraître modeste au regard des besoins du continent où deux tiers environ de la population n’a pas accès à l’électricité, mais il doit permettre de doubler le rythme actuel d’installation des énergies renouvelables. L’Afrique subsaharienne avec son milliard d’habitants dispose d’infrastructures énergétiques comparables à celles de l’Espagne – 47 millions d’habitants – et près de la moitié sont concentrées en Afrique du sud.
A Paris, les préoccupations des Africains ont été entendues. Ce qui n’avait pas été le cas en vingt ans de conférences internationales monopolisées par les intérêts des vieilles puissances industrielles- principales émettrices de gaz à effet de serre et depuis peu par ceux des nouveaux pays émergents.
  • Mo Ibrahim distingue enfin un « champion de la gouvernance »

La création du prix Mo Ibrahim avait soulevé un grand espoir : voir émerger sur le continent des champions de la bonne gouvernance. Mais l’idée généreuse du milliardaire britannico-soudanais de récompenser un ancien chef d’Etat ou de gouvernement pour sa gestion exemplaire s’est vite transformée en casse-tête. Peu de dirigeants africains se sont distingués depuis 2007, à tel point que le prix est passé pour une distinction sans lauréat ou presque.
C’est donc avec soulagement que le jury a attribué en mars la récompense à Hifikepunye Pohamba, qui a présidé la Namibie pendant dix ans à partir de 2004. Un pays qui affiche une bonne santé économique avec une croissance de 5 % ces dernières années et « une démocratie et une cohésion sociale renforcées », a estimé le comité d’attribution du prix. L’ancien dirigeant a emporté avec une somme de 5 millions de dollars sur une période de dix ans ainsi que 200 000 dollars par an et à vie.
En neuf ans, Hifikepunye Pohamba est seulement le quatrième à recevoir cette enveloppe. Le dernier en date était l’ancien président cap-verdien Pedro Pires en 2011. Avant lui, avaient été distingués en 2008, Festus Mogae qui a présidé le Botswana de 1998 à 2008, et l’ancien chef de l’Etat du Mozambique Joaquim Chissano.
  • La Côte d’Ivoire va fabriquer son chocolat

Il était temps ! Le premier producteur de cacao au monde a enfin sa chocolaterie. Le 18 mai, le groupe français Cemoi, spécialisé dans l’achat et la transformation des fèves, a ouvert une usine à Abidjan, dans la zone industrielle de Yopougon.
Avec une production annuelle de 10 000 tonnes annoncée, le site construit sur une surface de 2 000 me et pour un coût d’environ 4 milliards de francs CFA (6 millions d’euros), selon Patrick Poirrier, président-directeur-général de Cemoi, va produire de la poudre de cacao et de la pâte à tartiner pour le marché sous-régional. Elle emploiera une centaine de collaborateurs locaux.
« L’or brun » représente 22 % du PIB, plus de 50 % des recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire et surtout les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale. Mais si 6 millions d’Ivoiriens en vivent, de source officielle, peu d’entre eux ont l’occasion de savourer du chocolat, un produit transformé hors du pays, qui coûte cher et dont la consommation ne figure pas dans les habitudes alimentaires.
  • Les investissements étrangers dans les services dépassent ceux dans le pétrole sur le continent

Selon deux études du cabinet EY (ex-Ernst & Young), dont l’une sur l’attractivité du continent, les investissements étrangers sont devenus la première source d’apport de capitaux en Afrique, avec une projection pour 2015 de 73,6 milliards de dollars. Une somme qui dépasse à la fois l’aide au développement (54,9 milliards estimés en 2015) et les transferts de fonds des migrants africains (64,6 milliards).
Surtout, ces capitaux étrangers se dirigent désormais davantage dans les services que dans les matières premières, génératrices de peu d’emplois et de peu de valeur ajoutée. Le secteur de l’immobilier, de l’hôtellerie et de la construction représente 43,8 % des investissements directs étrangers contre 25,4 % pour celui du pétrole, du gaz et du charbon. Si l’on ajoute les télécoms, les médias et la technologie, la distribution et les biens de consommation ainsi que les services financiers, on arrive à 60 % des projets d’investissements et 55 % du capital investi.
L’autre étude de EY porte sur la rentabilité des investissements en Afrique et n’est pas moins enthousiaste. Les prises de bénéfice sont en forte augmentation. « La fourchette de retour sur investissement en Afrique est comprise entre 20 et 30 %, bien supérieure à celle observée en Amérique du Nord », note Ferid El Ketroussi, manager des transactions africaines chez EY.
  • La « reine de l’ivoire » arrêtée en Tanzanie

La Chinoise Yang Feng Glan était à la tête d’un vaste réseau de braconnage en Tanzanie, d’où son surnom de « reine de l’ivoire ». Son arrestation et son déferrement le 6 octobre devant le tribunal Kisutu de Dar es Salaam met un terme à un trafic mené pendant quatorze ans dans le pays et en Afrique de l’Est.
Yang Feng Glan a reconnu son implication dans la vente de 706 défenses d’éléphants pour un montant équivalent à 2 millions d’euros. La « reine de l’ivoire », qui servait d’intermédiaire entre un réseau de braconniers et des acheteurs internationaux, risque entre 20 et 30 ans de prison.
La Tanzanie compte l’une des plus importantes populations d’éléphants en Afrique de l’Est. Mais, en cinq ans, une baisse de 63 % d’éléphants a été observée par l’Association zoologique de Francfort, une ONG allemande. L’arrestation de Yang Feng Glan, la plus spectaculaire enregistrée dans la région, constitue un espoir pour la Tanzanie qui peine à lutter efficacement contre le braconnage.
  • Une transition sauvée d’un putsch au Burkina Faso

C’est l’histoire d’une transition politique qui aurait pu virer au drame. Cette période ouverte après la chute du président Blaise Compaoré, en novembre 2014 a été perturbée par une tentative de putsch militaire le 16 septembre 2015 vite déjouée. Organisée le 29 novembre, l’élection présidentielle qui a vu s’installer Roch-Marc Christian Kaboré au palais de Kosyam, et les élections législatives qui se sont déroulées au même moment ont permis au Burkina Faso de mettre un terme à treize mois d’instabilité.
L’organisation du scrutin, initialement prévu en octobre 2015 et reporté de plus d’un mois en raison du coup d’Etat de Gilbert Diendéré, a été saluée par les observateurs et la communauté internationale. L’organe de transition, avec à sa tête le diplomate Michel Kafando, est aussi crédité d’avoir pu maintenir une paix relative, malgré de nombreuses velléités de déstabilisation. Mais surtout, d’avoir rouvert des dossiers sensibles comme l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara et celui du journaliste Norbert Zongo. Autant de chantiers qui doivent être parachevés par les nouvelles autorités du Burkina Faso, en plus de la relance économique du pays.

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