Nous
diffusions la lettre que nous venons de recevoir qui évoque les
conditions d'arrestations et de jugement inéquitable de Mohammed
Ghallout.
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Le détenu politique: Mohammed GHALLOUT
N de détention: 89477
Clarification essentielle pour l'opinion publique nationale et internationale
Nombreuses sont les questions qui me passaient par la tête. Il y avait celles auxquelles je trouvais des réponses qui pouvaient m'apaiser la colère et celles qui étaient restées vierges jusqu'à aujourd'hui, et qui m'ont rendu perplexe. Peut-être, elles coïncideraient avec des réponses ultérieurement.
Les événements de 24 avril 2014 ont donné lieu à de multiples interprétations dont le point commun demeure celui que ces événements étaient un complot dont ses fils avaient été subtilement tissés afin de transmettre un message indirect aux intéressés.
C'est à travers cet exposé un peu plus détaillé, que je vais expliciter les circonstances de notre arrestation (Brahim LAHBOUBY, Abderazzak AARAB, Omar TAYBI, Mohammed GHALLOUT) au-dessus des bancs du café "Las Palmas" qui se situe au quartier Narjiss le 24 avril 2014 aux environs des sept heures soir.
Aussi c'est une occasion pour mettre en exergue quelques développements pendant l'enquête du juge d'instruction ainsi que les audiences consacrées au jugement jusqu'au dernier verdict injuste prononcé le 18 juin 2015.
Le jeudi 24 avril 2014 aux alentours du sept heure soir. Lieu café " Las Palmas ", quartier Narjiss, l'événement fut l'attente de la demie-finale du championnat européen (Juventus contre benevika portugais). Nous y étions, en train d'échanger des blagues et énigmes lorsqu'un groupe d'agents civils entra au café d'un seul coup et ferma les portes. Un parmi eux se dirigea immédiatement vers nous et traça un sourire sur ses lèvres en disant : "les voilà!!!!". On comprenait bien que c'était un maillon dans une chaine d'intrication qui eut été tissée derrière nos dos et qui allait nous faire oublier le suivi du match. L’emplacement devint soudain entièrement armé d'agents civils qui se pressèrent partout dans le café.
-"GHALLOUT!, lève-toi et accompagne-nous!" Dit quelqu'un d'eux
-Mais ....! Pourquoi ?! Vous êtes qui?! Répondis-je, à la fois souriant et étonné
-C'est la police ; tu auras à poser cette question ultérieurement
Dans une fourgonnette garée à côté du café, on me fit monter après m'avoir menotté. Pendant ce moment-là, j'entendis une voix:
- Et ceux-ci?
- Amène-les, eux aussi
Dans les bancs de derrière et entre deux agents, une cascade de questions passait par ma tête. Que se passe-t-il? Pourquoi nous, les quatre ? Y a-t-il une chose que je ne sais pas? Est-ce le scénario de Sefrou qui se répète aujourd’hui, sachant que celui -ci était une fausse recherche? Toutes ces questions me poussaient à demander la cause à un agent qui me répondit: ferme-la !!! Tu vas tout savoir.
Au commissariat, les mains menottées, enfermé dans un cercle de gens en habit civil.
-Qu'est-ce que tu racontes, GHALLOUT ? Se présenta l'un d'eux et me posa cette question
-Rien; répondis-je en posant d'emblée une question : que se passe-t-il?
- Tu vas comprendre: répliqua-t-on
Après quelques minutes, entrèrent les trois autres condamnés dont les visages donnaient une impression qu'ils se posaient les mêmes interrogations que moi.
Nous étions séparés et assis dans les quatre coins de la salle lorsqu'un tas de gens y entra et se mit à nous interroger: que se passe-t-il aujourd’hui dans l'université? Comment? Est-ce que c' était juste contre l'organisation d'un colloque? Pourquoi?....quand...?
D'une manière assez brève, notre réponse fut sous forme d'une question s'interrogeant sur notre rapport avec ce que s'y est passé:
AARAB: je suis étudiant en 3ème année sciences physiques, je n'ai aucune relation ni avec les basistes, ni avec les "tajdid tollabi"
Pour LAHBOUBI: il répondit qu'il n'avait rien avec l'université, car il suivait ses études à l'institut de technologie basé à la route D’immouazzar
Pour TAYBI et moi (GHALLOUT): nous n'étions plus étudiants, car nous avions eu nos licences au titre de l'année universitaire 2012_2013, et nous avions interrompu notre lien organique avec les basistes en juillet 2013; et qu'à ce moment-là nous étions libres et nous ne dépendions ni de basistes ni d'aucune autre organisation politique ou syndicale.
Puis, chacun de nous fut dirigé seul, pour lui prendre des photos qui seront exposées sur trois personnes" selon leurs prétentions", et conduit vers la geôle ou le CHU si elle était en mauvais état. Le lendemain commencèrent les séances d'interrogations. Après Omar qui était interrogé sur l'événement et qui confirmait qu'il n'avait aucune relation avec ce qui s'était passé à l'université en explicitant les détails à partir de son arrivée au salon de coiffeur jusqu'à son arrestation au quartier Narjiss.
Quant à mon tour, je reçus tout un tas de questions:
-Où étais-tu hier à partir de 12h?
-J'étais au café "Palma"
-Et avant ça?
-Je suis arrivé à Fès le mercredi matin-là et j'ai passé toute la journée avec quelqu'un de mes amis. Quant à hier, après notre réveil à 11.30, nous avons mangé notre petit déjeuner chez une laitière- je me rappelle bien ce que j'ai mangé et mon ami aussi- puis nous avons pris le chemin vers "Palma" où on a trouvé un ami qui nous avait attendus.
-C'est qui la personne avec qui tu étais? Ou tu l'as rencontrée?
- Un fonctionnaire travaillant à Casablanca, il était à ce moment-là en congé. Tandis que la deuxième, c'était un coiffeur venu de Taounate, plus exactement de Galaz.
- Quelle lien as-tu avec les basistes?
- Aucune relation depuis 2012-2013
-As-tu une relation avec une autre organisation?
-Du tout, ma fréquentions sur l'université c'était juste pour passer les concours d'accès au master. Il est à mentionner que j'avais passé deux concours: l'un à Rabat (sciences politiques) et l'autre à Fès (les relations internationales) mais on m'a exclu parce que j'étais en prison entre 26 juillet 2013 et 12 février 2014.
-Bon d'accord!!! À quelle heure as-tu rencontré Omar au café?
- 13h.30 de l'après-midi
- Et à quelle heure partiriez-vous pour l'université?
-Aux limites de 14h30 de l'après-midi. Nos deux collègues nous ont quittés vers chez eux, alors qu'après une demi-heure nous étions allés pour l'université
- Combien de temps vous avez y passé?
- Environ 2 heures
- Qu'y avez-vous rencontré? Et comment y était le climat?
- C'était un climat normal, on y a rencontré Brahim, une étudiante, puis Abd erazzak, et aux alentours de cinq heures soir on s'était dirigé vers "Las Palmas".
- Qui t'as averti des événements?
- À Palma une nouvelle avait été publiée sur le mur de Facebook d'une étudiante qui y était assise
- Quoi exactement?
- Fès urgent! En ces moments, les forces obscurantistes mènent une attaque contre les militants de l'UNEM et les masses estudiantines.
- Alors, c'était ta seule source?
- La nouvelle a été confirmée par téléphone d'une étudiante résidant à la cité universitaire
Comme ça ce fut passé le premier temps des séances d'interrogations sans que celles-ci ne concernaient le reste des condamnés.
Le lendemain (samedi 26 avril 2014) on devrait comparaitre devant le tribunal de première instance alors que la direction fut vers la cour d'appel. La chose qui nous a poussés à s'interroger sans n’avoir reçu aucune réponse.
- Êtes -vous les étudiants arrêtés pour avoir tué? Demanda un avocat
-Comment? Répondîmes-nous à un air étonné
- Va-t’en monsieur!! De quelle mort parlez-vous?? Ce sont des étudiants: dit un agent
Ce qu'avait dit l'avocat nous a beaucoup souciés.
-Êtes-vous avertis de la mort d'un étudiant de "atajdid atollabi"? demanda l'adjoint du procureur général
- Aucune idée; répondîmes-nous
- Même au commissariat?
-Absolument, non
-Bon, étiez-vous à l'université au moment des événements qui s'y déroulaient?
-Non
- Alors!! Vous pouvez partir
C’était une prolongation de la garde à vue pour une nouvelle série d'interrogation un peu plus acharnée qu'auparavant.
- Il s'agit d'une mort, vous aurez à avouer tout ce que vous savez, et nous sommes près de toute information, voire on sait tous que, vous les quatre, vous n'étiez pas présents le moment de confrontation...: déclara l'un d'eux
Il est à noter que Brahim et Abd Erazzak avaient confirmé qu'ils n'étaient pas présents le moment de déroulement de ces événements, d'après leur seule séance d'interrogation qui s'était tenue le samedi après-midi, et qu'ils avaient des justifications.
Après avoir enregistré nos aveux dans leurs ordinateurs, on nous força à signer des PV sans les avoir lus. Au lendemain, on nous dirigea vers la cour d'appel où le vice-procureur général allait nous confirmer que nous serions pourvoi à une libération provisoire ou bien la conservation du dossier. Le juge d'instructions lui aussi nous a affirmé notre innocence de tout ce qui s'était passé le 24 avril, et ce, bien justifié. Mais la réalité sera néfaste lorsqu'ils nous ont conduits à la prison tous les trois alors que LAHBOIBI sera mis en liberté provisoire.
C'était d'une manière assez détaillée l'exposé des différentes phases de notre arrestation. Il est à signaler, par ailleurs, que nos photos eurent été montrées aux victimes qui nient notre présence au moment du déroulement des événements (deux victimes: la premières suit ses études à la faculté des sciences Dhar Lehraz et la deuxième auprès de l'université de Meknès).
Les arrestations n'eurent pas cessé de s'ensuivre à partir de notre arrivée à la prison. Le nombre eut augmenté pour atteindre 11 prisonniers politiques le 20 mai 2014.
En ce qui suit, une mise en lumière des principales phases qui ont concerné l'instruction ou l'audience du prononcé du verdict:
-La première face à face avec la soi-disant victime est tenue le 10 juin 2014. Cette dernière n'a pu connaitre que 6 camarades, je n'étais pas parmi eux, sachant qu'il y avait une contradiction dans ses dires par rapports à ses aveux auprès de la police judiciaire.
- Le 24 juin 2014 une deuxième face à face avec un autre soi-disant témoin. Il s'agissait d'un étudiant issu de l'université de MEKNES et qui était à la faculté de droit de FES au moment de la naissance de ces événements. Ce témoin a indiqué de son doigt 7 camarades (j'étais concerné). En réalité, je l'avais jamais vu, et lui aussi avait affirmé ça auprès de la police judiciaire mais il revenait là-dessus devant le juge d'instruction.
Pour les autres témoins; ils ont confirmé tout ce que j'avais avoué et dit auprès de la police judiciaire et pendant l'enquête primordiale menée par le juge d'instruction. (24 octobre 2014).
Aussi voilà ce qu'ont déclaré les détenus politiques lors des deux dernières audiences; celle de 21 mai 2015 et celle de 18 juin 2015:
- Osama ZENTAR et Belkacem BENAZZ ont déclaré qu'ils étaient à la faculté de lettre au moment du déclenchement des confrontations(les détails seront disponibles sur des prochains rapports)
-Abdennabi CHAOUL et Mustapha CHAOUL ainsi que Abdelouahhab RAMADI ont déclaré qu'ils étaient au sit-in organisé à la faculté des sciences jusqu'à ce qu'ils s'étonnèrent d'une attaque menée par des étrangers à l'université(les détails seront disponibles sur des prochains rapports).
-Yassine LAMSIYAH et Hicham BOULEFT ont déclaré qu'ils étaient à la faculté de droit avant qu'ils furent étonnés par l'attaque(les détails seront disponibles sur des prochains rapports)
-ZAKARIA a déclaré qu'il était à Khouribga entre 15 et 25 avril 2014
-Nous, les quatre, avons déclaré notre absence de l'université au moment de déroulement de ces événements. Tout en restant attachés à nos antérieures dires, LAHBOUBI a déclaré qu'il était à l'institut de technologie du 8 h à 13h. AARAB a déclaré qu'il était à la salle du sport pendant toute la matinée de 24 avril puis il se dirigeait chez lui à Monfleri, et ce jusqu'à 16 h, en se prétextant de justification. Alors que Omar et moi étions surs de ce que nous avions fait et dit pendant toutes les phases d'enquête et avons déclaré ça.
Quant aux dires des témoins. Il y avait ceux qui niaient notre présence aux événements et ceux qui étaient contre ça. Parmi ces derniers; le premier (issu de la faculté des sciences) n'assistait à aucune audience tandis que le deuxième (issu de l'université de Meknès), ses aveux montraient plusieurs contradictions et changements, et ce, auprès de la police judiciaire, le juge d'instruction et le corps du jugement définitif.
Il est inconcevable qu'un témoin cite trois différents discours sans que le tribunal prenne en considération ses contradictions. Cette fois-ci? il a eu à indiquer de son doigt 9 détenus politiques, alors qu'auparavant il ne parlait que de 7, en ajoutant LAHBOUBI qui se justifie son absence du lieu désigné par le soi-disant témoin, d'un document administratif.
C'étaient les principaux détails de l'audience tenue le 21 mai 2015 alors que celle de 18 juin 2015, qui a donné lieu à un injuste verdict, avait été l'objet de maintes violations aux principes d'une véritable justice. À cette fin, on a remarqué le rejet de toutes les demandes du corps d'avocat en termes de rapports du CNDH du médecin ayant accompli l'anatomie médicale, l'absence du dossier médical, l'écoute aux dires de chacun du doyen de la faculté de droit, celui de la faculté des sciences et le président de l'université...ainsi que d'autres graves dérogations aux princier d'une équitable justice.
Le plus étonnant également, c'est que la délibération des juges, qui n'a duré même pas une demi-heure, a donné lieu à un verdict sans nous avoir accordé une minime occasion pour un dernier mot. Un verdict de 111 ans de prison ferme de quoi j'ai eu 15 ans, c'était leur but.
D'après tout ce que je viens d'expliciter, il semble objectivement qu'il y ait un complot délibéré dont les fils ont été minutieusement tissés.
Enfin, je m'adresse à tous les militants et toutes les militantes, toutes les instances des droits de l'Homme nationales et internationales en les exhortant à déshonorer ce complot et à lutter sur cette base afin de découvrir la réalité telle qu'elle est.
Et je finis mon exposé-ci par une citation du nationaliste GUEVARA "vous pouvez intriguer quelques hommes en quelques temps mais vous ne pouvez jamais intriguer tous les hommes en tous les temps".
Le détenu politique: Mohammed GHALLOUT
N de détention: 89477
N de détention: 89477
Clarification essentielle pour l'opinion publique nationale et internationale
Nombreuses sont les questions qui me passaient par la tête. Il y avait celles auxquelles je trouvais des réponses qui pouvaient m'apaiser la colère et celles qui étaient restées vierges jusqu'à aujourd'hui, et qui m'ont rendu perplexe. Peut-être, elles coïncideraient avec des réponses ultérieurement.
Les événements de 24 avril 2014 ont donné lieu à de multiples interprétations dont le point commun demeure celui que ces événements étaient un complot dont ses fils avaient été subtilement tissés afin de transmettre un message indirect aux intéressés.
C'est à travers cet exposé un peu plus détaillé, que je vais expliciter les circonstances de notre arrestation (Brahim LAHBOUBY, Abderazzak AARAB, Omar TAYBI, Mohammed GHALLOUT) au-dessus des bancs du café "Las Palmas" qui se situe au quartier Narjiss le 24 avril 2014 aux environs des sept heures soir.
Aussi c'est une occasion pour mettre en exergue quelques développements pendant l'enquête du juge d'instruction ainsi que les audiences consacrées au jugement jusqu'au dernier verdict injuste prononcé le 18 juin 2015.
Le jeudi 24 avril 2014 aux alentours du sept heure soir. Lieu café " Las Palmas ", quartier Narjiss, l'événement fut l'attente de la demie-finale du championnat européen (Juventus contre benevika portugais). Nous y étions, en train d'échanger des blagues et énigmes lorsqu'un groupe d'agents civils entra au café d'un seul coup et ferma les portes. Un parmi eux se dirigea immédiatement vers nous et traça un sourire sur ses lèvres en disant : "les voilà!!!!". On comprenait bien que c'était un maillon dans une chaine d'intrication qui eut été tissée derrière nos dos et qui allait nous faire oublier le suivi du match. L’emplacement devint soudain entièrement armé d'agents civils qui se pressèrent partout dans le café.
-"GHALLOUT!, lève-toi et accompagne-nous!" Dit quelqu'un d'eux
-Mais ....! Pourquoi ?! Vous êtes qui?! Répondis-je, à la fois souriant et étonné
-C'est la police ; tu auras à poser cette question ultérieurement
Dans une fourgonnette garée à côté du café, on me fit monter après m'avoir menotté. Pendant ce moment-là, j'entendis une voix:
- Et ceux-ci?
- Amène-les, eux aussi
Dans les bancs de derrière et entre deux agents, une cascade de questions passait par ma tête. Que se passe-t-il? Pourquoi nous, les quatre ? Y a-t-il une chose que je ne sais pas? Est-ce le scénario de Sefrou qui se répète aujourd’hui, sachant que celui -ci était une fausse recherche? Toutes ces questions me poussaient à demander la cause à un agent qui me répondit: ferme-la !!! Tu vas tout savoir.
Au commissariat, les mains menottées, enfermé dans un cercle de gens en habit civil.
-Qu'est-ce que tu racontes, GHALLOUT ? Se présenta l'un d'eux et me posa cette question
-Rien; répondis-je en posant d'emblée une question : que se passe-t-il?
- Tu vas comprendre: répliqua-t-on
Après quelques minutes, entrèrent les trois autres condamnés dont les visages donnaient une impression qu'ils se posaient les mêmes interrogations que moi.
Nous étions séparés et assis dans les quatre coins de la salle lorsqu'un tas de gens y entra et se mit à nous interroger: que se passe-t-il aujourd’hui dans l'université? Comment? Est-ce que c' était juste contre l'organisation d'un colloque? Pourquoi?....quand...?
D'une manière assez brève, notre réponse fut sous forme d'une question s'interrogeant sur notre rapport avec ce que s'y est passé:
AARAB: je suis étudiant en 3ème année sciences physiques, je n'ai aucune relation ni avec les basistes, ni avec les "tajdid tollabi"
Pour LAHBOUBI: il répondit qu'il n'avait rien avec l'université, car il suivait ses études à l'institut de technologie basé à la route D’immouazzar
Pour TAYBI et moi (GHALLOUT): nous n'étions plus étudiants, car nous avions eu nos licences au titre de l'année universitaire 2012_2013, et nous avions interrompu notre lien organique avec les basistes en juillet 2013; et qu'à ce moment-là nous étions libres et nous ne dépendions ni de basistes ni d'aucune autre organisation politique ou syndicale.
Puis, chacun de nous fut dirigé seul, pour lui prendre des photos qui seront exposées sur trois personnes" selon leurs prétentions", et conduit vers la geôle ou le CHU si elle était en mauvais état. Le lendemain commencèrent les séances d'interrogations. Après Omar qui était interrogé sur l'événement et qui confirmait qu'il n'avait aucune relation avec ce qui s'était passé à l'université en explicitant les détails à partir de son arrivée au salon de coiffeur jusqu'à son arrestation au quartier Narjiss.
Quant à mon tour, je reçus tout un tas de questions:
-Où étais-tu hier à partir de 12h?
-J'étais au café "Palma"
-Et avant ça?
-Je suis arrivé à Fès le mercredi matin-là et j'ai passé toute la journée avec quelqu'un de mes amis. Quant à hier, après notre réveil à 11.30, nous avons mangé notre petit déjeuner chez une laitière- je me rappelle bien ce que j'ai mangé et mon ami aussi- puis nous avons pris le chemin vers "Palma" où on a trouvé un ami qui nous avait attendus.
-C'est qui la personne avec qui tu étais? Ou tu l'as rencontrée?
- Un fonctionnaire travaillant à Casablanca, il était à ce moment-là en congé. Tandis que la deuxième, c'était un coiffeur venu de Taounate, plus exactement de Galaz.
- Quelle lien as-tu avec les basistes?
- Aucune relation depuis 2012-2013
-As-tu une relation avec une autre organisation?
-Du tout, ma fréquentions sur l'université c'était juste pour passer les concours d'accès au master. Il est à mentionner que j'avais passé deux concours: l'un à Rabat (sciences politiques) et l'autre à Fès (les relations internationales) mais on m'a exclu parce que j'étais en prison entre 26 juillet 2013 et 12 février 2014.
-Bon d'accord!!! À quelle heure as-tu rencontré Omar au café?
- 13h.30 de l'après-midi
- Et à quelle heure partiriez-vous pour l'université?
-Aux limites de 14h30 de l'après-midi. Nos deux collègues nous ont quittés vers chez eux, alors qu'après une demi-heure nous étions allés pour l'université
- Combien de temps vous avez y passé?
- Environ 2 heures
- Qu'y avez-vous rencontré? Et comment y était le climat?
- C'était un climat normal, on y a rencontré Brahim, une étudiante, puis Abd erazzak, et aux alentours de cinq heures soir on s'était dirigé vers "Las Palmas".
- Qui t'as averti des événements?
- À Palma une nouvelle avait été publiée sur le mur de Facebook d'une étudiante qui y était assise
- Quoi exactement?
- Fès urgent! En ces moments, les forces obscurantistes mènent une attaque contre les militants de l'UNEM et les masses estudiantines.
- Alors, c'était ta seule source?
- La nouvelle a été confirmée par téléphone d'une étudiante résidant à la cité universitaire
Comme ça ce fut passé le premier temps des séances d'interrogations sans que celles-ci ne concernaient le reste des condamnés.
Le lendemain (samedi 26 avril 2014) on devrait comparaitre devant le tribunal de première instance alors que la direction fut vers la cour d'appel. La chose qui nous a poussés à s'interroger sans n’avoir reçu aucune réponse.
- Êtes -vous les étudiants arrêtés pour avoir tué? Demanda un avocat
-Comment? Répondîmes-nous à un air étonné
- Va-t’en monsieur!! De quelle mort parlez-vous?? Ce sont des étudiants: dit un agent
Ce qu'avait dit l'avocat nous a beaucoup souciés.
-Êtes-vous avertis de la mort d'un étudiant de "atajdid atollabi"? demanda l'adjoint du procureur général
- Aucune idée; répondîmes-nous
- Même au commissariat?
-Absolument, non
-Bon, étiez-vous à l'université au moment des événements qui s'y déroulaient?
-Non
- Alors!! Vous pouvez partir
C’était une prolongation de la garde à vue pour une nouvelle série d'interrogation un peu plus acharnée qu'auparavant.
- Il s'agit d'une mort, vous aurez à avouer tout ce que vous savez, et nous sommes près de toute information, voire on sait tous que, vous les quatre, vous n'étiez pas présents le moment de confrontation...: déclara l'un d'eux
Il est à noter que Brahim et Abd Erazzak avaient confirmé qu'ils n'étaient pas présents le moment de déroulement de ces événements, d'après leur seule séance d'interrogation qui s'était tenue le samedi après-midi, et qu'ils avaient des justifications.
Après avoir enregistré nos aveux dans leurs ordinateurs, on nous força à signer des PV sans les avoir lus. Au lendemain, on nous dirigea vers la cour d'appel où le vice-procureur général allait nous confirmer que nous serions pourvoi à une libération provisoire ou bien la conservation du dossier. Le juge d'instructions lui aussi nous a affirmé notre innocence de tout ce qui s'était passé le 24 avril, et ce, bien justifié. Mais la réalité sera néfaste lorsqu'ils nous ont conduits à la prison tous les trois alors que LAHBOIBI sera mis en liberté provisoire.
C'était d'une manière assez détaillée l'exposé des différentes phases de notre arrestation. Il est à signaler, par ailleurs, que nos photos eurent été montrées aux victimes qui nient notre présence au moment du déroulement des événements (deux victimes: la premières suit ses études à la faculté des sciences Dhar Lehraz et la deuxième auprès de l'université de Meknès).
Les arrestations n'eurent pas cessé de s'ensuivre à partir de notre arrivée à la prison. Le nombre eut augmenté pour atteindre 11 prisonniers politiques le 20 mai 2014.
En ce qui suit, une mise en lumière des principales phases qui ont concerné l'instruction ou l'audience du prononcé du verdict:
-La première face à face avec la soi-disant victime est tenue le 10 juin 2014. Cette dernière n'a pu connaitre que 6 camarades, je n'étais pas parmi eux, sachant qu'il y avait une contradiction dans ses dires par rapports à ses aveux auprès de la police judiciaire.
- Le 24 juin 2014 une deuxième face à face avec un autre soi-disant témoin. Il s'agissait d'un étudiant issu de l'université de MEKNES et qui était à la faculté de droit de FES au moment de la naissance de ces événements. Ce témoin a indiqué de son doigt 7 camarades (j'étais concerné). En réalité, je l'avais jamais vu, et lui aussi avait affirmé ça auprès de la police judiciaire mais il revenait là-dessus devant le juge d'instruction.
Pour les autres témoins; ils ont confirmé tout ce que j'avais avoué et dit auprès de la police judiciaire et pendant l'enquête primordiale menée par le juge d'instruction. (24 octobre 2014).
Aussi voilà ce qu'ont déclaré les détenus politiques lors des deux dernières audiences; celle de 21 mai 2015 et celle de 18 juin 2015:
- Osama ZENTAR et Belkacem BENAZZ ont déclaré qu'ils étaient à la faculté de lettre au moment du déclenchement des confrontations(les détails seront disponibles sur des prochains rapports)
-Abdennabi CHAOUL et Mustapha CHAOUL ainsi que Abdelouahhab RAMADI ont déclaré qu'ils étaient au sit-in organisé à la faculté des sciences jusqu'à ce qu'ils s'étonnèrent d'une attaque menée par des étrangers à l'université(les détails seront disponibles sur des prochains rapports).
-Yassine LAMSIYAH et Hicham BOULEFT ont déclaré qu'ils étaient à la faculté de droit avant qu'ils furent étonnés par l'attaque(les détails seront disponibles sur des prochains rapports)
-ZAKARIA a déclaré qu'il était à Khouribga entre 15 et 25 avril 2014
-Nous, les quatre, avons déclaré notre absence de l'université au moment de déroulement de ces événements. Tout en restant attachés à nos antérieures dires, LAHBOUBI a déclaré qu'il était à l'institut de technologie du 8 h à 13h. AARAB a déclaré qu'il était à la salle du sport pendant toute la matinée de 24 avril puis il se dirigeait chez lui à Monfleri, et ce jusqu'à 16 h, en se prétextant de justification. Alors que Omar et moi étions surs de ce que nous avions fait et dit pendant toutes les phases d'enquête et avons déclaré ça.
Quant aux dires des témoins. Il y avait ceux qui niaient notre présence aux événements et ceux qui étaient contre ça. Parmi ces derniers; le premier (issu de la faculté des sciences) n'assistait à aucune audience tandis que le deuxième (issu de l'université de Meknès), ses aveux montraient plusieurs contradictions et changements, et ce, auprès de la police judiciaire, le juge d'instruction et le corps du jugement définitif.
Il est inconcevable qu'un témoin cite trois différents discours sans que le tribunal prenne en considération ses contradictions. Cette fois-ci? il a eu à indiquer de son doigt 9 détenus politiques, alors qu'auparavant il ne parlait que de 7, en ajoutant LAHBOUBI qui se justifie son absence du lieu désigné par le soi-disant témoin, d'un document administratif.
C'étaient les principaux détails de l'audience tenue le 21 mai 2015 alors que celle de 18 juin 2015, qui a donné lieu à un injuste verdict, avait été l'objet de maintes violations aux principes d'une véritable justice. À cette fin, on a remarqué le rejet de toutes les demandes du corps d'avocat en termes de rapports du CNDH du médecin ayant accompli l'anatomie médicale, l'absence du dossier médical, l'écoute aux dires de chacun du doyen de la faculté de droit, celui de la faculté des sciences et le président de l'université...ainsi que d'autres graves dérogations aux princier d'une équitable justice.
Le plus étonnant également, c'est que la délibération des juges, qui n'a duré même pas une demi-heure, a donné lieu à un verdict sans nous avoir accordé une minime occasion pour un dernier mot. Un verdict de 111 ans de prison ferme de quoi j'ai eu 15 ans, c'était leur but.
D'après tout ce que je viens d'expliciter, il semble objectivement qu'il y ait un complot délibéré dont les fils ont été minutieusement tissés.
Enfin, je m'adresse à tous les militants et toutes les militantes, toutes les instances des droits de l'Homme nationales et internationales en les exhortant à déshonorer ce complot et à lutter sur cette base afin de découvrir la réalité telle qu'elle est.
Et je finis mon exposé-ci par une citation du nationaliste GUEVARA "vous pouvez intriguer quelques hommes en quelques temps mais vous ne pouvez jamais intriguer tous les hommes en tous les temps".
Le détenu politique: Mohammed GHALLOUT
N de détention: 89477
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