Interview de l'association APSO
par Milena Rampoldi, ProMosaik e.V.
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Peuple du Sahara Occidental, une
association française qui a pour but de faire connaitre la tragédie de
l’occupation marocaine du Sahara Occidental. L’association représente une
source d’information essentielle sur ce pays tombé dans l'oubli. ProMosaik e.V.
vient de parler avec François pour lui poser
de questions sur l’association et ses activités, sur la situation du pays et
sur les similarités avec la PALESTINE. Il faut lutter pacifiquement pour
permettre la décolonisation du Sahara Occidental et son indépendance. Au nom de
l’anti-impérialisme il faut s’opposer à cette occupation et à l’injustice. Et
il faut aider les prisonniers politiques sahraouis.
Milena: ProMosaik voit la question du Sahara Occidental comme une question coloniale. Le peuple du Sahara Occidental a le droit de vivre en liberté et dans son identité culturelle. Que pensez-vous de cela ?
François : Votre formulation est intéressante, parce que
dans la question sahraouie, ce que nous pensons ou considérons personnellement
n’est pas très important puisque c’est une question de droit international. Les
Nations Unies disent et répètent depuis 1963 que le Sahara Occidental est un
territoire à décoloniser et que le peuple sahraoui, qui l’a toujours
revendiqué, a le droit d’autodéterminer son avenir et celui des ressources de
sa terre, ce qui veut dire aussi le droit de choisir pour l’indépendance.
Choisir de parler sa langue, la Hassanya, et de vivre selon sa culture
ancestrale nomade… Le Sahara Occidental était depuis 1884 une colonie
espagnole. Le mouvement de décolonisation de l’Afrique valait aussi pour ce
territoire. La Cour Internationale de Justice l’a réaffirmé en 1975 juste avant
l’invasion du territoire par le Maroc et la Mauritanie. L’Assemblée Générale de
l’ONU l’a répété en 1979 quand la Mauritanie s’étant retirée et ayant reconnu
la République Sahraouie, le Maroc a persisté dans son occupation militaire et a
tenté d’envahir tout le territoire, en construisant dans les années 80 un mur
de défense qui fait maintenant plus de 2500 km de long.
La charte de l’ONU, et particulièrement le chapitre 73 (chapitre XI) pose précisément les devoirs des colonisateurs, envers le peuple, envers la terre et les ressources qu’ils occupent. Ils « reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l'obligation de favoriser dans toute la mesure possible leur prospérité, dans le cadre du système de paix et de sécurité internationales établi par la présente Charte » … voir http://www.un.org/fr/documents/charter/chap11.shtml
Chaque année, l’ONU répète donc que les Sahraouis ont le droit à s’autodéterminer, et jamais le référendum d’autodétermination n’a encore eu lieu. Le blocage vient du Maroc qui, depuis la signature du cessez le feu en 1991 dont c’était la condition, ne tient pas l’engagement pris. Si l’ONU a pris en compte cette volonté de destin sahraoui, c’est que le peuple l’a manifesté, qu’il s’est organisé. En effet, les mouvements de résistance des Sahraouis - quelques soient leurs formes - contre les envahisseurs ont toujours existé, d’abord contre l’Espagne, puis contre les deux nouveaux occupants. Maroc et Mauritanie.
En 1973, les Sahraouis refondent un mouvement de résistance qu’ils appellent le front Polisario, Front pour la libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro. En 1976, au lendemain de l’annonce officielle de son départ par l’Espagne, les Sahraouis proclament en exil leur République, la RASD.
Géographiquement, le territoire dont les frontières sont internationalement reconnues est actuellement et depuis la fin des années 80, coupé en deux par le mur évoqué plus haut. C’est un mur militaire marocain, technologiquement très équipé, un mur de défense de la partie dans laquelle le Maroc exploite et pille pour son compte les ressources naturelles du Sahara Occidental. Là encore le droit international ne laisse pas matière à interprétation.
En 2002, Hans Corel, conseiller juridique et secrétaire général adjoint de l’ONU a rendu un avis portant spécialement sur les ressources minérales du Sahara Occidental, leur exploration et exploitation, reprenant les règles du droit international. Sa conclusion était que pour utiliser les ressources naturelles du territoire sahraoui il fallait l’avis et l’autorisation du peuple et que cela soit pour son bénéfice. Cela vaut pour toutes les ressources du territoire. Cette partie occupée représente les ¾ du territoire à l’ouest, côté océan. La partie gérée par les Sahraouis est à l’est, côté désert.
Le territoire dans son ensemble est encore largement pollué des restes de la guerre, mines terrestres et autres engins explosifs, et donc très dangereux. Le mur est un vrai mur, qui sépare les familles sahraouies qui vivent sur leur terre, ou en territoire libéré et à proximité en exil en Algérie comme réfugiés. Concrètement donc les Sahraouis vivent actuellement dans les territoires libérés, en exil, ou dans les territoires occupés militairement par le Maroc, à l’ouest du mur.
De 160 à 200 000 Sahraouis vivent dans les campements de réfugiés, dans le désert salin et aride du sud ouest algérien, proche de la ville de Tindouf, en total dépendance de l’aide humanitaire internationale et dans des conditions extrêmes, 50° d’amplitude thermique, aucune végétation… En territoire occupé, les Sahraouis qui revendiquent leur nationalité le font au risque de leur liberté et parfois de leur vie. Les discriminations par la puissance coloniale sont quotidiennes dans tous les domaines, et les droits humains des Sahraouis bafoués dans tous leurs articles, nous en parlerons plus après dans ce texte.
Cette situation bloquée depuis 40 ans est possible parce que les puissances occidentales la tolèrent et ne font pas suffisamment prévaloir l’impératif du respect du droit international. La France notamment, tout en affirmant que le conflit doit se régler dans le cadre du plan de paix de l’ONU soutient tacitement le Maroc, même au pire de ses exactions, et sans aucune cohérence avec les valeurs nationales de notre pays des droits de l’homme.
La charte de l’ONU, et particulièrement le chapitre 73 (chapitre XI) pose précisément les devoirs des colonisateurs, envers le peuple, envers la terre et les ressources qu’ils occupent. Ils « reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l'obligation de favoriser dans toute la mesure possible leur prospérité, dans le cadre du système de paix et de sécurité internationales établi par la présente Charte » … voir http://www.un.org/fr/documents/charter/chap11.shtml
Chaque année, l’ONU répète donc que les Sahraouis ont le droit à s’autodéterminer, et jamais le référendum d’autodétermination n’a encore eu lieu. Le blocage vient du Maroc qui, depuis la signature du cessez le feu en 1991 dont c’était la condition, ne tient pas l’engagement pris. Si l’ONU a pris en compte cette volonté de destin sahraoui, c’est que le peuple l’a manifesté, qu’il s’est organisé. En effet, les mouvements de résistance des Sahraouis - quelques soient leurs formes - contre les envahisseurs ont toujours existé, d’abord contre l’Espagne, puis contre les deux nouveaux occupants. Maroc et Mauritanie.
En 1973, les Sahraouis refondent un mouvement de résistance qu’ils appellent le front Polisario, Front pour la libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro. En 1976, au lendemain de l’annonce officielle de son départ par l’Espagne, les Sahraouis proclament en exil leur République, la RASD.
Géographiquement, le territoire dont les frontières sont internationalement reconnues est actuellement et depuis la fin des années 80, coupé en deux par le mur évoqué plus haut. C’est un mur militaire marocain, technologiquement très équipé, un mur de défense de la partie dans laquelle le Maroc exploite et pille pour son compte les ressources naturelles du Sahara Occidental. Là encore le droit international ne laisse pas matière à interprétation.
En 2002, Hans Corel, conseiller juridique et secrétaire général adjoint de l’ONU a rendu un avis portant spécialement sur les ressources minérales du Sahara Occidental, leur exploration et exploitation, reprenant les règles du droit international. Sa conclusion était que pour utiliser les ressources naturelles du territoire sahraoui il fallait l’avis et l’autorisation du peuple et que cela soit pour son bénéfice. Cela vaut pour toutes les ressources du territoire. Cette partie occupée représente les ¾ du territoire à l’ouest, côté océan. La partie gérée par les Sahraouis est à l’est, côté désert.
Le territoire dans son ensemble est encore largement pollué des restes de la guerre, mines terrestres et autres engins explosifs, et donc très dangereux. Le mur est un vrai mur, qui sépare les familles sahraouies qui vivent sur leur terre, ou en territoire libéré et à proximité en exil en Algérie comme réfugiés. Concrètement donc les Sahraouis vivent actuellement dans les territoires libérés, en exil, ou dans les territoires occupés militairement par le Maroc, à l’ouest du mur.
De 160 à 200 000 Sahraouis vivent dans les campements de réfugiés, dans le désert salin et aride du sud ouest algérien, proche de la ville de Tindouf, en total dépendance de l’aide humanitaire internationale et dans des conditions extrêmes, 50° d’amplitude thermique, aucune végétation… En territoire occupé, les Sahraouis qui revendiquent leur nationalité le font au risque de leur liberté et parfois de leur vie. Les discriminations par la puissance coloniale sont quotidiennes dans tous les domaines, et les droits humains des Sahraouis bafoués dans tous leurs articles, nous en parlerons plus après dans ce texte.
Cette situation bloquée depuis 40 ans est possible parce que les puissances occidentales la tolèrent et ne font pas suffisamment prévaloir l’impératif du respect du droit international. La France notamment, tout en affirmant que le conflit doit se régler dans le cadre du plan de paix de l’ONU soutient tacitement le Maroc, même au pire de ses exactions, et sans aucune cohérence avec les valeurs nationales de notre pays des droits de l’homme.
François : APSO, les Amis du Peuple du Sahara Occidental,
est une association française de solidarité avec les Sahraouis, Nous avons deux
axes, l’information et la solidarité directe aux Sahraouis. Nous informons les
francophones sur la question du Sahara Occidental par des textes d’actualité ou
d’analyse publiés sur les blogs Apso, des contributions dans des médias engagés
ou sans concessions comme les vôtres. Nous venons aussi de contribuer à un
dossier Sahara Occidental qui paraitra dans le prochain Afrique en Lutte
». Nous assurons des conférences pour tous publics et sur les différents
domaines de nos interventions, des débats…
Nous avons aussi réalisé et produit un film documentaire « L’autre côté du mur » (2011) grâce aux compétences d’un de nos membre, Denis Véricel. Ce film documentaire est un support que nous utilisons pour nos conférences, et qui peut aussi s’acquérir en DVD pour des projections privées de ceux que ça intéresse. Et nous avons publié cette année un ouvrage collectif rassemblant des textes que des spécialistes et témoins directs ont écrit à notre demande, c’est « Lutter au Sahara ». C’est aussi Denis qui a coordonné cet énorme travail. Nous y consacrons une partie de cet article plus loin.
La solidarité directe avec les Sahraouis est multiforme, et tient compte de ce que nous avons des compétences mais très peu de moyens financiers. Nous partageons donc avec les Sahraouis connaissances et expériences, avec ceux qui sont en exil en France, dans les campements de réfugiés, où nous soutenons plus particulièrement les démarches en direction de la jeunesse, ou en territoire occupé où nous soutenons les média locaux sahraouis. Nos thématiques d’intervention sont le sport, les arts, les sciences, la culture, les ressources naturelles, l’information et les problématiques jeunesses, la question en général…
Nous avons aussi réalisé et produit un film documentaire « L’autre côté du mur » (2011) grâce aux compétences d’un de nos membre, Denis Véricel. Ce film documentaire est un support que nous utilisons pour nos conférences, et qui peut aussi s’acquérir en DVD pour des projections privées de ceux que ça intéresse. Et nous avons publié cette année un ouvrage collectif rassemblant des textes que des spécialistes et témoins directs ont écrit à notre demande, c’est « Lutter au Sahara ». C’est aussi Denis qui a coordonné cet énorme travail. Nous y consacrons une partie de cet article plus loin.
La solidarité directe avec les Sahraouis est multiforme, et tient compte de ce que nous avons des compétences mais très peu de moyens financiers. Nous partageons donc avec les Sahraouis connaissances et expériences, avec ceux qui sont en exil en France, dans les campements de réfugiés, où nous soutenons plus particulièrement les démarches en direction de la jeunesse, ou en territoire occupé où nous soutenons les média locaux sahraouis. Nos thématiques d’intervention sont le sport, les arts, les sciences, la culture, les ressources naturelles, l’information et les problématiques jeunesses, la question en général…
Milena : ProMosaik part de l’idée que pour changer
quelque chose il faut de l’information engagée, et qu’il faut se mettre en
réseau. Comment est-ce que vous pratiquez ça dans votre organisation ?
François : APSO est une association et un réseau. Nous
essayons de partager entre nous les actions que nous menons, les courriers,
documents, nos expériences, connaissances… ce que nous produisons. Il nous
semble plus efficace de ne pas toujours refaire un travail déjà fait, et de
garder l’énergie pour autre chose. Nous essayons d’entrer en contact avec
d’autres organisations, et de créer et garder des relations, pour croiser les
problématiques et occasions d’action. Et nous appartenons au réseau
international WSRW, Western Sahara Resource Watch, qui est un observatoire des
ressources naturelles du Sahara Occidental. Nous sommes coordinateurs pour la
France et de fait spécialistes ici de cette question. Travailler en réseau
n’est pas évident, et représente un investissement, mais qu’il faut
effectivement faire pour espérer faire changer les choses.
Milena : Parlez à nos lecteurs de votre publication « Lutter au
Sahara, du colonialisme vers l’indépendance au Sahara Occidental ».
François : « Lutter au Sahara, du colonialisme vers
l’indépendance au Sahara Occidental » est un ouvrage très important, et qui
fait référence sur la question du Sahara Occidental. L’ouvrage a été édité par
APSO en avril 2015, avec les encouragements de Noam Chomsky. Les auteurs des 15
articles sélectionnés pour cet ouvrage sont des témoins ou spécialistes
directs, qui proposent leur récit ou analyse. Ce sont : Denis Véricel, Edouardo
Galeano, Francesco Bastagli, Anna Theofilopoulou, Oliver Quarante, Bill
Fletcher Jr, Jacob Mundy, Vincent Chapaux, Ayad Ahram, Juan Soroeta, Jeffrey
Smith, Erik Hagen, Alice Wilson, Tara Deubel, Sebastien Boulay, Mohamed Mouloud
Mohamed Fadel.
Les chapitres et thématiques sont : Géopolitique du conflit, Le Maroc face au Sahara Occidental, Le Droit - Les ressources naturelles, Regards anthropologiques Les titres des textes : Murs, Fragments du Sahara Occidental, La saga du Sahara Occidental continue aux Nations Unies : Un point de vue de l’intérieur, Le rôle de la France, La lutte au Sahara Occidental : dépasser son invisibilité aux États-Unis, Les Colons marocains au Sahara Occidental : Colonisateurs ou cinquième colonne? , Le rôle de la monarchie dans la fabrique de l’opinion publique marocaine, Sur le conflit du Sahara Occidental et les Droits de l’Homme dans la région, Palestine et Sahara Occidental : Analyse comparative des deux conflits et du droit applicable, L’appropriation du Sahara : Le rôle des ressources naturelles dans l’occupation du Sahara Occidental, Le poisson passe avant la paix, Comment sont organisées les élections dans les camps de réfugiés sahraouis?, Identité sahraouie et intégration des minorités : Point de vue des étudiants sahraouis vivant au Maroc, Résister par la culture, résister pour sa culture. La poésie sahraouie face aux politiques d’occupation du Maroc au Sahara Occidental, Notre jeunesse sahraouie.
Après avoir lu l’introduction et le très beau texte d’Eduardo Galeano qui le suit, il est possible de lire le livre dans l’ordre que l’on veut, selon ses intérêts premiers.
Les chapitres et thématiques sont : Géopolitique du conflit, Le Maroc face au Sahara Occidental, Le Droit - Les ressources naturelles, Regards anthropologiques Les titres des textes : Murs, Fragments du Sahara Occidental, La saga du Sahara Occidental continue aux Nations Unies : Un point de vue de l’intérieur, Le rôle de la France, La lutte au Sahara Occidental : dépasser son invisibilité aux États-Unis, Les Colons marocains au Sahara Occidental : Colonisateurs ou cinquième colonne? , Le rôle de la monarchie dans la fabrique de l’opinion publique marocaine, Sur le conflit du Sahara Occidental et les Droits de l’Homme dans la région, Palestine et Sahara Occidental : Analyse comparative des deux conflits et du droit applicable, L’appropriation du Sahara : Le rôle des ressources naturelles dans l’occupation du Sahara Occidental, Le poisson passe avant la paix, Comment sont organisées les élections dans les camps de réfugiés sahraouis?, Identité sahraouie et intégration des minorités : Point de vue des étudiants sahraouis vivant au Maroc, Résister par la culture, résister pour sa culture. La poésie sahraouie face aux politiques d’occupation du Maroc au Sahara Occidental, Notre jeunesse sahraouie.
Après avoir lu l’introduction et le très beau texte d’Eduardo Galeano qui le suit, il est possible de lire le livre dans l’ordre que l’on veut, selon ses intérêts premiers.
Milena : Comment on peut connecter la question du
Sahara Occidental aux autres mouvements anti-impérialistes comme par exemple en
Palestine ? Quels sont les points communs ?
François
: Les questions sahraouie et palestinienne ont effectivement de grandes
similitudes au regard du droit international. Colonies, pratiques coloniales,
colons, mur, pillage des ressources naturelles, guerre et bombardements, mines
terrestres … Israël et Maroc assoient leur occupation illégale des territoires
de Palestine et Sahara Occidental sur une violation constante des résolutions
de l'ONU. L’information est très contrôlée dans les deux cas, les médias ou
délégations d’étrangers ne peuvent travailler ni attester par leur venue dans
les territoires occupés. Une version officielle subjective est diffusée avec
insistance, et reprise au niveau international. Cette version ne parle jamais
de la répression brutale, des enlèvements, tortures, assassinats,
incarcérations arbitraires et abusives… des infrastructures construites pour
les colons et militaires, leurs présences, leur maintien, bâtiments dans les
villes les ports, les routes et les murs de défense.
Les droits humains violés au Sahara Occidental, que nous avons évoqués ci-dessus, le sont aussi en Palestine. Dans notre ouvrage « Lutter au Sahara, du colonialisme vers l’indépendance au Sahara Occidental », Juan Soroeta propose une analyse comparative des deux conflits et du droit applicable. Cela peut permettre d’approfondir pour ceux qui le souhaitent.
Au niveau populaire, et pour ce que nous avons pu contraster, les Sahraouis rencontrés dans les campements ou en territoire occupé du Sahara Occidental sont très au fait de l’actualité de la Palestine, attentifs, inquiets et solidaires. Nous ne savons pas si la réciproque existe. Les échanges dont nous avons connaissance ont lieu en diaspora. La très belle rencontre entre le réalisateur palestinien devenu anglais, Saeed Tajy Farouki, et l’athlète sahraoui Salah Amaidan, a donné le poignant film « The Runner », Regard d’un Palestinien sur un Sahraoui… En France les nombreux militants de la cause palestinienne sont à l’écoute de ce nous expliquons du problème sahraoui similaire, mais ils ont beaucoup à faire. Peut-être serait-il intéressant de faire plus d’actions - sensibilisations communes, comme une action pour la journée des prisonniers politiques où l’attention avait été attirée conjointement sur Kurdes, Palestiniens et Sahraouis.
Les droits humains violés au Sahara Occidental, que nous avons évoqués ci-dessus, le sont aussi en Palestine. Dans notre ouvrage « Lutter au Sahara, du colonialisme vers l’indépendance au Sahara Occidental », Juan Soroeta propose une analyse comparative des deux conflits et du droit applicable. Cela peut permettre d’approfondir pour ceux qui le souhaitent.
Au niveau populaire, et pour ce que nous avons pu contraster, les Sahraouis rencontrés dans les campements ou en territoire occupé du Sahara Occidental sont très au fait de l’actualité de la Palestine, attentifs, inquiets et solidaires. Nous ne savons pas si la réciproque existe. Les échanges dont nous avons connaissance ont lieu en diaspora. La très belle rencontre entre le réalisateur palestinien devenu anglais, Saeed Tajy Farouki, et l’athlète sahraoui Salah Amaidan, a donné le poignant film « The Runner », Regard d’un Palestinien sur un Sahraoui… En France les nombreux militants de la cause palestinienne sont à l’écoute de ce nous expliquons du problème sahraoui similaire, mais ils ont beaucoup à faire. Peut-être serait-il intéressant de faire plus d’actions - sensibilisations communes, comme une action pour la journée des prisonniers politiques où l’attention avait été attirée conjointement sur Kurdes, Palestiniens et Sahraouis.
François : La première des violations des droits humains des Sahraouis est celle du non respect de l’autodétermination du peuple. De là découlent toutes les autres. En territoire occupé, le colonisateur marocain use de tous les artifices « classiques » d’un occupant pour priver le peuple de sa dignité, pour tenter de le faire disparaître, et par le pillage de ses ressources naturelles en lui confisquant son avenir. Pour développer en quelques lignes, et considérant les 30 articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, on peut ajouter les aspects suivants. Les Sahraouis en territoire occupé n’ont donc pas le droit d’exprimer leurs pensées si elles ne suivent pas la ligne officielle marocaine qui nie leur existence. Ils n’ont pas le droit d’utiliser leur langue, de suivre leurs coutumes, de donner à leurs enfants les prénoms qu’ils souhaitent. Ils ne peuvent pas posséder leur terre, choisir librement leur travail et y être traités équitablement, ils ne peuvent développer leur personnalité sous un régime de peur, espionnage et délation…
Certains Sahraouis reçoivent une allocation de survie accordée par le Maroc pour le prix de leur docilité, et à cette condition, leur indignité. La discrimination quotidienne, violence psychologique, côtoie la violence physique sur les Sahraouis. La violence, la torture et l’assassinat, les arrestations et incarcérations arbitraires, les procès truqués, et aveux extorqués sous la torture sont des pratiques courantes. L’iniquité de la justice marocaine garantit de fait l’impunité aux Marocains, policiers, militaires ou civils qui agressent des Sahraouis.
François : Il n’est pas facile de parler de la souffrance
des prisonniers politiques sahraouis parce qu’eux-mêmes sont très discrets et
pudiques sur leurs ressentis, leurs vécus et quand nous arrivons à être en
contact direct avec eux, ils s’inquiètent plus volontiers de notre santé que de
nous livrer les difficultés de leur quotidien. Néanmoins, être condamné pour
ses opinions, ou en fonction de ses opinions politiques est une injustice
fondamentale. Les familles sahraouies ne s’y trompent pas qui fêtent le retour
de leurs parents libérés comme des héros quand ils ont purgé la peine qui leur
a été imposée pour leurs activités en faveur du respect du droit dû à leur
peuple. Nous savons que les prisonniers sahraouis sont particulièrement
maltraités dans les prisons marocaines. Ils sont incarcérés avec les
prisonniers de droits communs puisque le Maroc nie la présence de prisonniers
politiques – Sahraouis et Marocains – dans ses prisons. Ils sont brimés,
dévalisés, torturés, mis au cachot aux premiers prétextes… Des membres de notre
association ont plus particulièrement soutenu ou parrainé des jeunes hommes
pour lesquels des articles ont été écrits. Ce sont Salek Laasairi, condamné à
perpétuité, Hassan Dah, condamné à 30 ans après Gdaym Izik, et Saleh Amidan,
maintenant libéré après 10 ans de prison. Pour Salek, lire http://apsoinfo.blogspot.fr/2014/05/em-38-jours-sans-manger-pour-protester.html
et http://ap-so.blogspot.fr/2014/04/destin-brise-double-peine.html,
pour Hassan http://apsoinfo.blogspot.fr/2013/03/hassan-dah-sahraoui-prisonnier.html
et pour Saleh http://apsoinfo.blogspot.fr/2012/08/info-em-les-sahraouis-prisonniers.html
et http://apsoinfo.blogspot.fr/2012/09/appel-de-jeunes-prisonniers-au-maroc.html.
Saleh avait fait parvenir un message à son cousin lui aussi incarcéré pour ses actes politiques et sorti avant lui, ce sont quelques mots presque poétiques qui sont lisibles ici :
Saleh avait fait parvenir un message à son cousin lui aussi incarcéré pour ses actes politiques et sorti avant lui, ce sont quelques mots presque poétiques qui sont lisibles ici :
Les prisonniers sahraouis de droit commun emprisonnés
à la Prison Noire de El Aaiun, outre des conditions d’incarcérations
inacceptables et proches de l’insalubre, subissent eux aussi des violences de
la part des autorités coloniales. Les journalistes sahraouis de l’Équipe Média
en ont récemment fait état dans un article qui est disponible dans sa
traduction en français en suivant ce lien : http://apsoinfo.blogspot.fr/2015/08/abus-et-violences-la-prison-noire-el.html.
Lire aussi :
Lire aussi :
http://promosaik.blogspot.com.tr/2015/08/les-jeunes-doivent-prendre-le-relais.html
http://promosaik.blogspot.com.tr/2015/08/the-singer-aziza-brahim-from-west.html
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