Doumane
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Libérez le journaliste
Mustapha El Hasnaoui
18/9/2015
A l’occasion de la visite du président François Hollande au Maroc les 19 et 20 septembre, Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de la situation actuelle de la liberté d’information dans le pays, où la critique de sujets tabous tels que la monarchie ou l’intégrité territoriale peut amener à de lourdes condamnations.
Au Maroc, les journalistes sont toujours confrontés aux
mêmes lignes rouges : l’islam, l’intégrité territoriale (Sahara
occidental) et la monarchie, sujets hautement sensibles.
Depuis le début de l’année, RSF a recensé de nombreuses
exactions envers les journalistes, objets de pressions diverses, souvent
accusés de diffamation ou d’allégations mensongères dès lors qu’ils
critiquent la politique du palais ou des affaires en lien avec des
membres du gouvernement. Certains sont dans le collimateur des autorités
depuis des années.
Harcèlement des journalistes
Condamné en 2005 pour diffamation à 10 ans d’interdiction de son métier, Ali Lmrabet a entamé fin juin 2015 une grève de la faim
devant les Nations unies à Genève pendant plus d’un mois, pour
protester contre l’administration marocaine qui refuse de lui délivrer
ses papiers d’identité, documents essentiels à la reprise de son
activité professionnelle. Harcelé par les autorités depuis l’an 2000,
cet ancien directeur de publication de magazines satiriques avait
également été condamné à trois ans de prison ferme en 2003 pour “outrage
à la personne du roi”, “atteinte à l’intégrité territoriale” et
“atteinte au régime monarchique”.
Le cas d’Ali Anouzla est également
symptomatique de la pression judiciaire qui s’abat sur les journalistes
qui osent aborder des sujets considérés comme tabous par la monarchie.
Anouzla avait été placé en détention préventive pendant cinq semaines et
inculpé pour « terrorisme » en 2013 pour avoir publié un lien qui
renvoyait à un article d’El Paìs montrant une vidéo d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). L’affaire est toujours en cours. Anouzla a récemment lancé un siteLakome2, suite à la fermeture de son premier site d’information Lakome il y a deux ans.
Parmi d’autres cas, celui du jeune blogueur et journaliste pour la chaîne du Front Polisario Mahmoud Al-Haissan. Libéré en février dernier après huit mois de détention, il est toujours poursuivi par la justice
pour « attroupement armé », « obstruction de la voie publique »,
« agression sur des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions »
et « dégradation de biens publics ». Ce journaliste avait couvert des
manifestations pacifiques, organisées à Laâyoune par des Sahraouis lors
de la Coupe du monde de football au Brésil en juin 2014. Ces
manifestations ont été dispersées violemment par les forces de l’ordre
suite à des slogans politiques lancés en faveur de l’indépendance du
Sahara occidental. Le journaliste a été arrêté après avoir filmé ces
violences.
Pour avoir publié un article en janvier 2015 sur l’explosion d’une voiture à Meknès, le journaliste Hamid El Mehdaoui, directeur du site indépendant Badil.info,
a été accusé de diffusion de « fausses nouvelles » en toute « mauvaise
foi » troublant l’ordre public suite à une plainte déposée par le
gouverneur de la région. Les autorités ont préféré la version selon
laquelle la voiture avait pris feu toute seule. Le journaliste a donc
été condamné
à verser une amende en août dernier et son site a été suspendu pour une
période de trois mois. Quelques semaines auparavant, il avait été
condamné dans l’affaire Karim Lachkar,
du nom du jeune homme décédé après son arrestation par des policiers.
Accusé d’avoir publié des articles ”mensongers” à ce sujet, et suite à
la plainte du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), il a été
condamné avec sa source à quatre mois de prison avec sursis, une amende
et des dommages et intérêts.
En juillet 2015, le journaliste Niny Rachid, directeur du quotidien arabophone Al-Akhbar, a étécondamné
à verser une lourde amende dans un procès en diffamation à l’encontre
du ministre de l’Equipement et du Transport. Son crime ? Avoir publié
deux articles dont un accusant une société d’avoir « utilisé des
matériaux non conformes » pour la construction d’un tronçon d’autoroute.
Le journaliste a fait appel du jugement. En juin, le site d’actualité Goud.ma ainsi que son directeur de publication Ahmed Najim ont été condamnés
pour diffamation et « injure » envers le secrétaire particulier du roi,
pour avoir repris un article qui l’accusait de corruption. S’il perd
son appel, le site et le journaliste devront verser de lourds dommages
et intérêts en plus d’une amende.
Silence, on surveille
Sur Internet, les journalistes, professionnels ou non, sont également surveillés. Dernièrement, Mâati Monjib, président de l’association Freedom Now et de l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI),a entamé une grève de la faim le 16 septembre pour protester contre l’acharnement des autorités. Il est recherché par la police pour “atteinte à la sécurité de l’Etat”. Sont mises en cause les activités de formation des journalistes multimédia au sein de l’association Freedom Now. Les membres de l’AMJI sont également traqués par les autorités. Pour rappel, Hicham Mansouri, chargé de projet au sein de l’AMJI a été condamné en mars dernier à dix mois de prison ferme pour “adultère” dans un procès douteux.
En juillet dernier, le ministère de l’Intérieur a porté
plainte contre un rapport publié au printemps dernier par Privacy
International et l’Association des droits numériques (ADN). Ce rapport dénonce les pratiques de surveillance des autorités
marocaines contre des journalistes et net-citoyens. L’association ADN
ainsi que les témoins interrogés risquent à tout moment d’être
interpellés ou arrêtés. La vice-présidente de l’ADN, Karima Nadir, a
subi un interrogatoire de cinq heures le 8 septembre au sein de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).
La censure et les pressions des autorités s’abattent
également sur la presse étrangère. En janvier et février derniers, des
journalistes français de France Télévisions et France 24 ont été expulsés
du pays pour avoir voulu travailler sans autorisation. Ces derniers
avaient pourtant tenté d’obtenir au préalable ces documents auprès des
autorités, en vain.
Les autorités marocaines contestent régulièrement nos
rapports sur la liberté de la presse, estimant que celle-ci progresse
dans le pays, RSF relève pourtant une lente mais régulière dégradation
de cette liberté.
Pourtant, le projet de réforme du code de la presse et de l’édition était porteur d’espoir mais il peine à aboutir. Des avancées ont été saluées
par notre organisation, tels que le projet d’abandonner les peines de
prison pour les délits de presse, mais elles restent insuffisantes et le
chemin semble encore long avant le vote du Parlement.
Le Maroc figure aujourd’hui à la 130e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par notre organisation en 2015.
RSF
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=41536
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L’ASVDH condamne les agressions marocaines contres les journalistes sahraouis
El Aaiun (capitale occupée de la RASD), 19/9/ 2015
(SPS)
L'Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves des
Droits de l'Homme Commises par l'Etat Marocain (ASVDH) a "fermement"
condamné les agressions et provocations perpétrées par l’occupant
marocain contres les journalistes sahraouis.
Dans un communiqué dont une copie est parvenue à la SPS,
l’Association sahraouie a appelé les Nations Unies et toutes les
organisations internationales à exercer des pressions sur l’Etat
d’occupation marocaine pour garantir la protection des journalistes
sahraouis dans la partie occupée du Sahara occidental.
Elle a également exprimé sa solidarité avec les deux journalistes
sahraouis Mahmoud Elhaissen et Mohamed Mayara en raison des agressions
et provocations commises à leur encontre par les forces d’occupation
marocaines.
L’ASVDH a en outre appelé la communauté internationale à exercer des
pressions sur le Royaume du Maroc afin de lever l’état de siège
militaire et médiatique imposé sur les territoires occupés du Sahara
Occidental. (SPS)
Le jeune sahraoui Hassan Dah, journaliste, fait partie des emprisonnés de Gdeim Izik, condamné à 30 ans de prison.(ndlr)
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