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mercredi 16 septembre 2015

A Mohammedia, une piscine interdite «aux femmes de plus de 12 ans» et aux chiens


Narjis Rerhaye,Libération, 15/9/2015

 

A Mohammedia, une piscine interdite «aux femmes de plus de 12 ans» et aux chiens
C’est la consigne de trop.  L’interdiction de trop qui fait craindre le pire. La scène se passe  non loin de Mohammedia, ce dimanche 13 septembre. Un père de famille conduit ses fillettes à la piscine.  En cet été finissant, il entend faire profiter ses filles des derniers rayons de soleil de la saison alors que les établissements scolaires ont ouvert leurs portes.
Direction «La noria»,  un club réputé pour ses espaces réservés au fitness, au tennis, à la natation pour petits et grands.    Le lieu est  ultramoderne. «La noria» est située dans la commune de Sidi Moussa Mejdoub, sur la route nationale 1 Casablanca-Rabat.
A l’entrée de la piscine, un panneau retient pourtant l’attention du père de famille.  C’est le règlement intérieur de la piscine affiché sous forme de vignettes et d’infographies  bleues et rouges pour décliner ce qui est appelé par les propriétaires de cet espace « les consignes générales » pour pouvoir accéder ou pas à la piscine.
En rouge et sous forme de médaillon barré, une longue liste d’interdictions est égrenée.  Interdiction de fumer, de plonger, de pousser, de courir et d’utiliser des objets gonflables… Rien de bien anormal  jusque-là. Sauf que les interdictions ne s’arrêtent pas là.  
La pancarte des consignes générales à respecter dans ce centre de loisirs précise en grosses lettres rouges que la baignade est interdite aux « femmes de plus de 12 ans ».  Autrement dit, les filles pas encore pubères ou à peine n’ont pas le droit de se baigner au même titre que les citoyennes de ce pays qui auraient eu la mauvaise idée de faire trempette à Mohammedia, dans ce centre de loisirs.
L’interdiction ne vaut pas pour les hommes de plus de 12 ans. Mais elle est par contre valable pour les chiens. Le règlement intérieur de cette piscine leur en interdit l’accès.
Indigné, révolté et surtout très en colère, le père de famille décide de rebrousser chemin. Pas question de laisser ses filles dans un tel lieu. Elles n’ont pas 12 ans mais leur père croit fort à ce principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Au sortir de cet espace de loisirs –il faudra trouver une autre appellation pour désigner cette nouvelle zone d’apartheid interdite aux citoyennes de ce pays- il donne l’alerte sur Twitter. «Ma découverte au centre de loisirs aujourd’hui. Piscine interdite aux femmes et filles de plus de 12 ans», twitte-t-il, photo à l’appui.
Passée l’indignation, les questions se bousculent. Les clubs et autres espaces de loisirs –fussent-ils privés- ont-ils le droit de décréter de telles interdictions en totale contradiction avec la Constitution? Quel est le recours face à une telle violation de l’article 19  de la loi suprême et qui consacre l’égalité entre les femmes et les hommes? Que comptent faire les pouvoirs publics pour que ne s’installent pas des zones de non droit telles que ce centre de loisirs où «les femmes de plus de 12 ans» n’ont pas droit de cité?
En l’absence de l’autorité de la parité et de l’égalité qui n’a toujours pas vu le jour et alors que le gouvernement Benkirane est déjà en campagne féroce dans la perspective des législatives, le pire est à craindre, redoutent les activistes du mouvement féminin.
Ce lundi 14 septembre 2015, la pancarte interdisant l’accès à la piscine aux «femmes de plus de 12 ans» et aux chiens était toujours accrochée à l’entrée de la piscine du club «La noria».

 

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