par Michael Ignatieff, The New York Times, 5/9/2015
Ceux
d'entre nous en dehors de l'Europe qui regardent les images incroyables
de la gare Keleti à Budapest, du cadavre d'un petit enfant échoué sur
une plage turque, des familles syriennes désespérées risquant leurs vies
dans le voyage nocturne vers les îles grecques, continuent à s'entendre
dire qu'il s'agit là d'un problème européen.
-Vous êtes d'où? -Terre |
La guerre civile syrienne a créé plus de quatre millions de
réfugiés. Les USA en ont admis environ 1500. Les USA et
leurs alliés sont en guerre avec l'État islamique en Syrie - bien, tout
le monde est d'accord, ils sont une menace - mais n'avons-nous pas une
responsabilité envers les réfugiés fuyant les combats ? Si nous avons
armé les rebelles syriens, ne devrions-nous pas aussi aider les gens qui
essaient de se dégager de leur emprise ? Si nous avons échoué à
négocier la paix en Syrie, ne pouvons-nous pas aider les gens qui ne
peuvent pas attendre la paix plus longtemps?
Il n'y a pas que les USA qui continuent à prétendre que la
catastrophe de réfugiés est un problème européen. Regardez les pays qui
se targuent d'être des refuges pour les sans-abri. Le Canada, d'où je
viens? Aussi peu que 1 074 Syriens, à la date du mois d'août.
L'Australie? Pas plus de 2 200. Le Brésil ? Moins de 2000, à la date du
mois de mai.
Le pire, ce sont les pétro-États. Selon le dernier décompte par
Amnesty International, combien de réfugiés syriens les États du Golfe et
l'Arabie saoudite ont-ils pris ? Zéro. Beaucoup d'entre eux ont
acheminé des armes en Syrie depuis des années, et qu'ont-ils fait pour
donner un nouveau foyer aux quatre millions de personnes tentant de fuir
? Rien.
Le poids de la crise est tombé sur les Turcs, les Égyptiens, les
Jordaniens, les Irakiens et les Libanais. Les appels de fonds du Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ont échoué à atteindre
leurs objectifs. La misère dans les camps de réfugiés est devenue
insupportable. Maintenant, les réfugiés ont décidé, en masse, que si la
communauté internationale ne veut pas les aider, si ni la Russie ni les
USA ne vont mettre fin à la guerre, ils ne vont pas attendre plus
longtemps. Ils viennent à notre rencontre. Et nous sommes surpris?
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