L’intervention de François Hollande a accéléré la procédure d’expulsion d’un couple et leurs enfants soutenus par toute une ville.
Figeac (Lot), envoyé spécial.
Le 31 juillet, François Hollande effectue une visite éclair dans le
département du Lot. Le sénateur maire de Saint-Cirq-Lapopie a invité le
président à inaugurer la nouvelle mairie du village. Ce jour-là, parmi
d’autres personnalités du Parti socialiste présentes, André Mellinger,
maire de Figeac, et Martin Malvy, président du conseil régional de
Midi-Pyrénées, remettent en main propre une lettre au chef de l’État
détaillant la situation de la famille Assoiev, des Géorgiens installés à
Figeac depuis 2011, sous le coup d’une obligation de quitter le
territoire que personne ne comprend. Quelques jours plus tard, François
Hollande fait répondre que la missive est transmise à Bernard Cazeneuve,
ministre de l’Intérieur.
Vers 1 heure du matin, le vendredi 7 août, la famille
Assoiev quitte son appartement, cité Montviguier à Figeac. Parents et
enfants ont reçu deux semaines plus tôt une lettre comminatoire de la
préfecture du Lot leur ordonnant de se rendre « par [leurs] propres
moyens » à l’aéroport de Toulouse-Blagnac et de se présenter dès 7
heures à la police aux frontières, avant d’embarquer dans un avion les
ramenant dans leur pays d’origine, la Géorgie. Mais la famille Assoiev
n’est pas arrivée à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Comme le dit le
comité de soutien citoyen qui lui vient en aide (1), « elle a choisi la
clandestinité pour se protéger ».
David, ingénieur, aujourd’hui âgé de 48 ans, est arrivé en
France en avril 2009. Son épouse, Jana, infirmière, et leurs grands
jumeaux, Amina et Anatoli, l’ont rejoint en juin 2011. Tous les quatre
se sont promis de ne jamais retourner en Géorgie où il ne fait pas bon
appartenir à la minorité kurde et pratiquer la religion yézidi. Selon
leurs récits, Anatoli a subi des violences et le frère de David a été
arrêté, et nul ne l’a revu. La famille Assoiev n’a pas obtenu l’asile
politique en France, mais un titre de séjour lui était chaque année
renouvelé. Jusqu’en août 2014. La préfecture du Lot lui signifie alors
une obligation de quitter le territoire français. Une décision confirmée
par le tribunal administratif.
Dans la ville de Figeac, tous ceux qui connaissent Jana,
David, Amina et Anatoli se demandent pourquoi la préfecture veut
expulser des Figeacois. Non seulement ils ne peuvent être suspectés du
moindre délit mais tous les quatre ont trouvé leur place dans leur
petite cité lotoise. David a travaillé dans une association. Son épouse,
Jana, d’abord embauchée dans un centre de vacances, a ensuite effectué
de l’aide à domicile chez des personnes âgées. Des emplois réguliers,
déclarés. Anatoli a été scolarisé pendant deux ans au lycée Champollion
de Figeac alors qu’il ne maîtrisait pas encore le français, ce qui a
beaucoup compliqué ses études. Depuis, toute la famille a appris notre
langue, Amina suivant des cours de français dispensés par la
Croix-Rouge. Elle est aussi bénévole à l’épicerie sociale de la ville,
tandis que son père donne de son temps à Emmaüs. Lot Habitat, bailleur
social de l’appartement de la famille Assoiev, l’atteste : « Ils sont
attentifs aux autres, agréables, serviables et ont une réelle envie de
s’impliquer dans la vie du quartier. »
Le retour en Géorgie serait périlleux pour David, qui a
été opéré du cœur et a une santé fragile. La situation d’Amina, 22 ans,
qui souffre d’épilepsie, est encore plus dramatique. La jeune femme est
suivie par un médecin neurologue de l’hôpital de Rodez, qui précise dans
un certificat médical : « Les conséquences d’un défaut de traitement
sur l’état de santé d’Amina pourraient être graves avec un risque
mortel. » Il n’est pas du tout sûr que ce traitement soit disponible en
Géorgie. En revanche, Amina pourrait être soignée à Montpellier dans un
service spécialisé dans l’épilepsie.
Les vacances estivales n’empêchent pas la mobilisation
pour la famille Assoiev. Un sit-in de cent personnes a eu lieu le 5 août
devant la préfecture du Lot, à Cahors. Ce mercredi 12 août, c’est
toujours l’effervescence. Les réunions se succèdent. Dans le local du
PCF, les militants examinent la situation. « Cette famille veut vivre et
travailler ici », rappelle Jean-Pierre Renaud, animateur des Amis de
l’Humanité de Figeac. Christiane Sercomanens raconte : « Hier, les
gendarmes m’ont appelée pour me demander où ils sont et j’ai répondu que
je n’en sais rien. » L’adjointe communiste au maire montre une liste de
quatre-vingts personnes : chacune « s’engage
solennellement à protéger la famille Assoiev ». Parmi les signataires, le maire PS André Mellinger.
À midi, coup de fil d’une militante de la Cimade : elle a eu un contact avec la préfète du Lot. Les ponts ne sont pas rompus. à 16 heures, nouvelle réunion, cette fois dans le local de la Cimade. Anne, militante de cette organisation : « Il faut être calme mais ne pas lâcher. » On se répartit les tracts à distribuer annonçant le rassemblement organisé le lendemain, jeudi 13. Jérôme Delmas : « Continuons d’informer. » Christiane se rend à la cité Montviguier pour apporter un paquet de tracts à Cathy. La plus proche voisine de la famille Assoiev est bouleversée : « Je me suis liée d’amitié avec eux. Je n’ai pas vu leur départ au milieu de la nuit et ça valait mieux. J’ai surtout peur pour Amina, qui est malade. Pourquoi une famille qui n’a fait de mal à personne doit-elle se cacher ? J’ai récupéré la guitare de David. Je la lui rendrai quand il reviendra. »
solennellement à protéger la famille Assoiev ». Parmi les signataires, le maire PS André Mellinger.
À midi, coup de fil d’une militante de la Cimade : elle a eu un contact avec la préfète du Lot. Les ponts ne sont pas rompus. à 16 heures, nouvelle réunion, cette fois dans le local de la Cimade. Anne, militante de cette organisation : « Il faut être calme mais ne pas lâcher. » On se répartit les tracts à distribuer annonçant le rassemblement organisé le lendemain, jeudi 13. Jérôme Delmas : « Continuons d’informer. » Christiane se rend à la cité Montviguier pour apporter un paquet de tracts à Cathy. La plus proche voisine de la famille Assoiev est bouleversée : « Je me suis liée d’amitié avec eux. Je n’ai pas vu leur départ au milieu de la nuit et ça valait mieux. J’ai surtout peur pour Amina, qui est malade. Pourquoi une famille qui n’a fait de mal à personne doit-elle se cacher ? J’ai récupéré la guitare de David. Je la lui rendrai quand il reviendra. »
(1) Ce comité regroupe les voisins
de la
famille, la Cimade, le Secours catholique, Emmaüs, la CGT, Solidaires,
le PCF, le PRG, EELV…
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