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jeudi 20 août 2015

A quand un "DROIT A LA SANTE" au Maroc ?


Hiba, les jours d'après. 

Quand j’ai écris un post au sujet de Hiba, suite au conseil d’une amie qui s’est proposée de payer une journée, je ne savais pas que ceci allait entrainer un tel élan de solidarité et de sympathie. Je ne pouvais non plus prévoir les réactions des uns et des autres à propos des comportements du personnel de nuit d’une clinique ou du service rendu aux patients par les équipes des hôpitaux publics au Maroc. La plupart des gens ont été scandalisés.
Le système fait l’Homme, c’est bien connu. Et le système de santé (public ou privé) est bancal au Maroc, il faut être aveugle pour ne pas le voir, surtout les professionnels de santé (et j’en suis un) qui sont formés dans le dit système et qui exercent comme ils peuvent dans les CHU, hôpitaux et cliniques.
Un système mal fait broie les compétences et tire les plus honnêtes et les plus aguerris vers le bas. Parce qu’il n’est pas possible pour un médecin ou un infirmier quelque soit son abnégation et sa formation de palier à cela. Chacun peut faire ce qu’il peut pour servir de son mieux, mais il lui sera difficile de fournir plus que ses capacités. Le proverbe dit : la plus belle personne ne peut donner que ce qu’elle a !!!
En ce qui concerne Hiba, en l’occurrence la prise en charge des nouveau-nés au Maroc, et de ce cas il s’agit de la grande prématurité, les moyens sont très limités et le taux de mortalité est ahurissant. C’est que ce n’est pas une priorité ni du gouvernement ni d’une quelconque association ou groupe de pression. Ceux qui ont les moyens se débrouillent (et encore !!) dans quelques cliniques ou partent en France. Le reste peut être parfois sauvé dans certaines structures des CHU quand il y a de la place et quand ils ont de la chance !! D’ailleurs nous venons de perdre il y a deux mois un nouveau-né de 8 mois et demi et pesant 2.800 kg à El Jadida faute de prise en charge nocturne. Je joindrai le lien de l’article qui n’a ému aucun ‘’responsable’’ !!
En ce qui concerne les accouchements dans les hôpitaux publics, c’est une catastrophe et le mot n’est pas excessif. Je connais des gynécologues et des sages-femmes dans presque tout le Maroc et il n’y a en pas un qui est satisfait de ses conditions de travail, ni du service rendu aux femmes qui viennent accoucher dans les structures hospitalières. l'Hiver dernier, les photos des femmes avec leurs nouveau-nés couchées par terre après l'accouchement ont ému tous les Marocains, mais rien n’a été entrepris pour palier cela parce que ça ne touche pas les ‘’puissants’’. J’ai écris également un article (traduit en arabe et publié sur Hespress) avec des propositions concrètes pour la prise en charge dans des conditions humaines des femmes. Encore une fois, aucun ‘’responsable’’ ne se sent concerné…
A un moment ou un autre, il faudra que nous disons stop à cela afin que le personnel qui a été ‘’obligé’’ de travailler dans des conditions bancales arrête de subir le dénigrement des Marocains dès qu’ils sont face à un service de santé mal rendu.
Et là je ne parle que de bonnes personnes qui ont du mal à faire leur travail faute de moyens. Les autres qui profitent de ce délabrement pour monnayer leurs services (par une corruption) ou exacerbés n’ont plus d’empathie vis-à-vis des autres et les traitent moins bien que du bétail.
A ceux là, la réponse est toute simple, une fois que le système devient efficace avec encouragements pour les bons et punitions et mise à pied pour les mauvais et les corrompus, les choses entreront dans l’ordre. Et personnellement, j’ai connu des médecins corrompus et inconscients qui ont complètement changé de comportement une fois arrivés en France, parce que sous les cieux structurés, les fautes et manquements vont de la perte d’emploi jusqu’à la perte d’autorisation d’exercice et des sanctions pénales (la prison).
Dans les pays où les choses ne sont pas claires et l’arbitraire avec ses passe-droits ont une place prépondérante, quand quelqu’un a un problème de santé, on le laisse se débrouiller et chercher des solutions. Le bon sens des décideurs c’est de permettre à tout un chacun d’accéder aux soins possibles tout en respectant sa dignité. Mais, je ne pense pas que c’est le but recherché par nos gouvernants actuels qui avancent à marche forcée vers la privatisation des soins et même de la formation des médecins et des paramédicaux. Non seulement, on ne se dirige pas vers l’amélioration des services pour les plus humbles, au contraire c’est vers une baisse des services et une monétarisation de ces derniers.
Et Hiba, dans son miracle de survie nocturne sans assistance, a pu trouver une place dans les œuvres de la goutte de lait, la seule institution caritative de Casablanca fondée en 1930. Aucune fondation, aucun bienfaiteur n’a pensé lancer d’autres institutions de ce genre dans une ville qui compte des millions habitants avec une offre de soins en néonatologie très limitée. Et j’évite de parler des autres villes du royaume.
Pourvu que l’histoire et la survie de Hiba puissent arriver aux bonnes oreilles, il se peut que les cœurs s’attendrissent et les esprits se mettent en éveil dans le domaine afin de réagir face aux accouchements des femmes et de la prise en charge des nouveau-nés en difficulté. Faire quelque chose de palpable, pas seulement faire semblant comme on a trop souvent l'habitude.

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