par
Taoufiq Tahani, Président de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS), vendredi 14 août 2015
Ce qui frappe dans l’affaire de "Tel-Aviv plage", c’est la totale légèreté avec laquelle elle a été traitée par la Mairie de Paris. Légèreté qui repose sur une perception complètement faussée de ce qu’est aujourd’hui la situation israélo-palestinienne. Et de l’enjeu stratégique que constitue l’image d’Israël, image qui n’a cessé de se dégrader au fil des agressions contre Gaza et de la fuite en avant de la colonisation.
L’entrevue du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens
mercredi 12 août avec Patrick Klugman, adjoint aux relations
internationales de la ville de Paris, pour faire annuler la
manifestation ou tenter de lui donner un autre contenu n’a fait que nous
le confirmer : ne voyant aucunement les implications politiques d’une
telle initiative, la ville s’en est remise à une agence privée pour la
gestion de l’événement.
Il s’agit en l’occurrence de « l’agence culturelle »
de Lionel Choukroun, toute la communication extérieure de l’événement
passant par le site « coolisrael »… dont le nom de domaine appartient à
l’Ambassade d’Israël en France. Lequel est directement géré par Elad
Ratson, directeur des relations publiques de cette même ambassade. Tout
simplement. Il s’agit donc d’une opération de communication
directement gérée par l’Ambassade pour redorer, via Tel-Aviv, l’image
ternie d’Israël et faire la promotion du tourisme israélien en plein
marasme depuis l’agression de l’an dernier contre Gaza.
Les choses sont donc claires et le filtrage
des entrées à la « plage » sous la supervision des nervis de la LDJ
n’est que la cerise sur le gâteau. Mais comment Madame Hidalgo a-t-elle
pu ne pas voir que cette grossière opération de com allait faire
scandale ? Comment a-t-elle pu faire preuve d’une telle cécité
politique ?
Tout simplement parce qu’elle est, comme
bien d’autres, restée dans sa bulle sans voir quelle est la réalité
politique de l’impasse actuelle. Elle en est restée à l’idée qu’il
suffirait d’un peu de bonne volonté et d’écarter les « extrémistes »
pour que le conflit se règle entre gens de bonne volonté, sans voir que
ses amis travaillistes ont été des artisans majeurs de l’impasse
actuelle en donnant en leur temps plein feu vert à la colonisation.
S’ils peuvent aujourd’hui regretter les « excès » de Benjamin
Netanyahou, ils ont été ses partenaires et n’ont malheureusement, pas
plus aujourd’hui qu’hier, ni la volonté ni le courage de regarder la
réalité en face et de voir l’autre, le Palestinien, véritablement comme
un égal qui a les mêmes droits personnels ou nationaux et n’attend pas
qu’on les lui octroie.
Madame Hidalgo peut rêver d’une Tel-Aviv
symbole de partage et d’échanges, mais le conseil municipal de la ville
amie a refusé que le nom de la ville figure en arabe sur son logo…
jugeant sans doute que trop peu « d’Arabes » (pour ne pas dire de
Palestiniens) vivent aujourd’hui à Jaffa qui fait partie de la ville… et
est prisée des milieux artistes pour sa belle architecture ottomane.
Elle devrait tirer les leçons du fiasco de
« Tel-Aviv plage », cesser de caresser les chimères d’un
« rapprochement » qui ferait l’impasse sur ce qui fâche et oser enfin
affronter la réalité.
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