Un nombre record arrive chaque jour, mais les autorités politiques évitent de prendre les mesures de solidarité qui s'imposent.
Une impasse, voilà où se trouve l’Europe dans sa (non)
gestion des migrants. Seule Angela Merkel semble pour l’instant s’en
apercevoir. La chancelière allemande a indiqué dimanche à la télé ZDF
que la situation était «extrêmement insatisfaisante» et a prévenu : la question des migrants va occuper les Européens «bien plus que la Grèce et la stabilité de l’euro».
Il faut dire que Berlin a de quoi s’inquiéter : l’Allemagne pourrait
accueillir jusqu’à 750 000 réfugiés en 2015, selon des estimations non
officielles dévoilées mardi - contre 203 000 en 2014.
La situation s’avère particulièrement chaotique en Grèce où, la semaine dernière, 21 000 migrants (dont 82% de Syriens) sont arrivés dans les îles, soit autant en une semaine que pendant les six premiers mois de 2014, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Partout, la situation explose : en Grèce (160 000 arrivées par la mer depuis le 1er janvier 2015), en Italie, à Calais, à Vintimille… Syriens et Afghans forment la majeure partie du lot, selon Frontex.
Alors que plus de 2 300 migrants sont morts en Méditerranée depuis début 2015 selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’urgence est maximale. Elle commande de soulager au plus vite les pays de premier accueil comme l’Italie et la Grèce qui n’en peuvent plus. Il faut ensuite mieux répartir les réfugiés. Mais que fait l’Europe ? Pas grand-chose.
Mais les Européens n’ont jusqu’ici pas réussi à mettre en place un plan à la mesure du défi : les gouvernements européens se sont entendus en juillet pour réinstaller 22 000 réfugiés syriens mais ils ont refusé de se répartir 40 000 demandeurs d’asile arrivés en Italie et en Grèce. Or depuis, les chiffres ont encore explosé.
Et, au lieu de prendre en compte cette réalité, le chef de la diplomatie française s’en tient encore, comme nombre de ses homologues, à une distinction de plus en plus absurde entre «réfugiés politiques» - qui ont droit à l’asile, comme les Syriens - et «migrants économiques», catégorie «que l’on ne peut pas garder chez nous» et qu’il faut selon lui renvoyer. Mais qu’est-ce qui différencie un migrant qui fuit la misère et un autre qui fuit la guerre ? Pas grand-chose : tous deux luttent pour leur survie et feront tout pour entrer en Europe, même si on les refoule.
«Le nombre attendu d’arrivées peut sembler élevé, a récemment expliqué William Lacy Swing, directeur général de l’OIM. Mais c’est un nombre qui pourrait facilement être absorbé par l’Union européenne, une vaste région de plus de 500 millions d’habitants. Pour cela, les Etats membres de l’UE doivent coopérer pour mettre en place une approche plus cohérente et humanitaire.»
Faute d’agir de manière appropriée, l’Europe affronte en la subissant «la pire crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale», selon le Commissaire européen à l’Immigration, Dimitris Avramopoulos. Et plus elle tardera à s’en soucier, plus elle aura du mal à y faire face.
Des records battus chaque jour
Toute l’Europe est concernée. En juillet, le nombre d’arrivées de migrants aux frontières extérieures a triplé par rapport à l’an dernier, à 107 500 (contre 70 000 en juin), selon l’agence européenne Frontex, qui surveille ces frontières. C’est la première fois que la barre des 100 000 entrées en un mois est franchie depuis que Frontex a commencé à les comptabiliser en 2008.La situation s’avère particulièrement chaotique en Grèce où, la semaine dernière, 21 000 migrants (dont 82% de Syriens) sont arrivés dans les îles, soit autant en une semaine que pendant les six premiers mois de 2014, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Partout, la situation explose : en Grèce (160 000 arrivées par la mer depuis le 1er janvier 2015), en Italie, à Calais, à Vintimille… Syriens et Afghans forment la majeure partie du lot, selon Frontex.
Alors que plus de 2 300 migrants sont morts en Méditerranée depuis début 2015 selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’urgence est maximale. Elle commande de soulager au plus vite les pays de premier accueil comme l’Italie et la Grèce qui n’en peuvent plus. Il faut ensuite mieux répartir les réfugiés. Mais que fait l’Europe ? Pas grand-chose.
Un logiciel obsolète
«Madame Merkel a raison», a pourtant reconnu le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius mardi devant la presse réunie au quai d’Orsay. Mais que fait-il pour l’aider ? La France reste pingre en matière d’accueil - elle accepte notamment quelques milliers de Syriens, au mieux (1). «Chacun doit prendre sa part du fardeau quand il y a fardeau», indique encore Fabius, appelant ses homologues à faire preuve de «solidarité et responsabilité».Mais les Européens n’ont jusqu’ici pas réussi à mettre en place un plan à la mesure du défi : les gouvernements européens se sont entendus en juillet pour réinstaller 22 000 réfugiés syriens mais ils ont refusé de se répartir 40 000 demandeurs d’asile arrivés en Italie et en Grèce. Or depuis, les chiffres ont encore explosé.
Et, au lieu de prendre en compte cette réalité, le chef de la diplomatie française s’en tient encore, comme nombre de ses homologues, à une distinction de plus en plus absurde entre «réfugiés politiques» - qui ont droit à l’asile, comme les Syriens - et «migrants économiques», catégorie «que l’on ne peut pas garder chez nous» et qu’il faut selon lui renvoyer. Mais qu’est-ce qui différencie un migrant qui fuit la misère et un autre qui fuit la guerre ? Pas grand-chose : tous deux luttent pour leur survie et feront tout pour entrer en Europe, même si on les refoule.
Un manque de réaction
Jeudi, la France et la Grande-Bretagne signeront un nouvel accord pour faire face à l’afflux de migrants à Calais. Puis le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve se rendra à Berlin dans la soirée, pour rencontrer son homologue allemand. Ils pourront encore une fois consulter les chiffres en se frottant les yeux : selon Frontex, 340 000 migrants sont arrivés dans l’UE de janvier à juillet de cette année via l’Italie, la Grèce et la Hongrie, contre 123 500 à la même époque en 2014.«Le nombre attendu d’arrivées peut sembler élevé, a récemment expliqué William Lacy Swing, directeur général de l’OIM. Mais c’est un nombre qui pourrait facilement être absorbé par l’Union européenne, une vaste région de plus de 500 millions d’habitants. Pour cela, les Etats membres de l’UE doivent coopérer pour mettre en place une approche plus cohérente et humanitaire.»
Faute d’agir de manière appropriée, l’Europe affronte en la subissant «la pire crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale», selon le Commissaire européen à l’Immigration, Dimitris Avramopoulos. Et plus elle tardera à s’en soucier, plus elle aura du mal à y faire face.
(1) En 2014, la France a reçu 62 735 demandes d'asile,
ce qui faisait un demandeur pour un millier d’habitants, très loin de la
Suède (8,4 pour 1000), de la Hongrie (4,3) ou de l’Allemagne (2,5).
Elle en a accepté 28%, selon l'OFPRA.
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