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par Jean-Marie Harribey, Jean Tosti
L’Union européenne est un désastre total. En son sein, l’Union économique et monétaire est un désastre au carré. La 21e
Conférence des parties (COP 21) de l’ONU qui aura lieu à Paris en
décembre prochain pour trouver un accord sur le climat s’annonce comme
un désastre programmé.
Depuis huit ans, la crise ouverte aux États-Unis
et qui s’est répandue partout a engendré une somme de désastres sociaux
qu’on croyait ne plus jamais revoir. Tout cela parce que les classes
dominantes, d’un bout du monde à l’autre, ont fait le choix de renforcer
leur modèle financier plutôt que de le corriger, ne serait-ce que
modérément. Ainsi, la crise écologique et le réchauffement climatique
sont vus comme des occasions de donner une envergure encore plus grande à
la privatisation et à la marchandisation des biens naturels, en les
transformant en nouveaux actifs financiers. Et, comme si cela ne pouvait
aller sans un corollaire, dans le même temps, les peuples se voient
présenter la facture de cette crise capitaliste. Comment interpréter
autrement la violence de la pression exercée contre le peuple grec
depuis qu’il a osé élire un gouvernement promettant de rompre avec
l’austérité et d’engager un programme de réformes structurelles
positives et non pas négatives ?
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Dossier : La connaissance
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par Carlo Vercellone
La
place grandissante de la connaissance et de la dimension cognitive du
travail est l’un des traits marquants du nouveau capitalisme. Toutefois,
le rôle clé que la connaissance joue dans la dynamique économique,
n’est pas en tant que tel une nouveauté historique. Les questions qui se
posent et qui ont constitué le point de départ du programme de
recherche sur le capitalisme cognitif peuvent alors être formulées en
ces termes : quels sont les outils les plus adaptés pour appréhender le
rôle nouveau de la connaissance dans l’accumulation du capital ?
Et surtout, quelles sont les relations qu’elle entretient avec les
métamorphoses du travail et de la régulation du rapport salarial ?
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par Gérard Duménil, Dominique Lévy
Afin
de caractériser la nouvelle phase dans laquelle le capitalisme est
entré depuis quelques décennies, on peut affirmer sans risque de se
tromper qu’il est « financier », « mondial » et « néolibéral »...
Cet article se place cependant dans une perspective historique plus
longue, et moins consensuelle dans les rangs de la gauche : celle de
l’évolution séculaire des « rapports de production » et des « modes de production ». Nos économies et sociétés sont des « capitalismes managériaux », une expression qui souligne une hybridité entre modes de production : capitalisme, d’une part, et managérialisme,
d’autre part (en français, un manager n’est rien d’autre qu’un cadre,
c’est pourquoi nous préférons parler de capitalisme et de cadrisme).
Cette transformation fut le résultat d’une lente évolution amorcée par
l’importante révolution des institutions de la propriété des moyens de
production au début du XXe siècle. Une de ses manifestations
fut l’établissement d’une structure sociale faisant des cadres une
nouvelle classe aux côtés des classes capitalistes et classes
populaires, initialement une classe moyenne, mais aujourd’hui, une
nouvelle classe supérieure.
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par Hervé Le Crosnier
Le terme « société de la connaissance »
est devenu un signe de ralliement pour décrire les sociétés
contemporaines. Il désigne d’une part le basculement technique qui offre
une place de plus en plus grande aux machines de « traitement de l’information »
dans le processus productif. D’autre part, il souligne la place de la
connaissance dans la capacité à faire société... quand celle-ci est
partagée. Source d’innovations productives et sociales, la connaissance
est également l’enjeu d’un affrontement mondial concernant son mode de
production, d’appropriation, son usage et les règles de son partage. Si
nous entrons dans une « société de la connaissance »,
c’est donc au sein même des processus de gestion du savoir que résident
les formes nouvelles de la lutte de classes. Car loin d’être
inter-classistes, comme le rêvaient les promoteurs de la « société post-industrielle »
dans les années 1970, l’organisation de la production et l’usage de la
connaissance conduisent au contraire à un renforcement de nouvelles
formes de domination. Au point que l’on peut penser que cette
appellation recouvre en réalité la seconde phase de la mondialisation,
celle qui instaure un nouvel ordre mondial de l’usage des savoirs.
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par Gérard Collet
Pourquoi s’intéresser, au sein d’un dossier sur la « connaissance », à la survenue des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le paysage éducatif ?
Il se trouve que lesdites technologies sont au confluent d’attendus
économiques majeurs et d’impacts sociaux et éducatifs non moins
importants. Leur arrivée dans le paysage de l’éducation depuis une
quarantaine d’années est de nature à modifier à la fois le regard que
l’on jette sur la connaissance et sa nature même ; elle
peut également faire évoluer le système de valeurs qui fonde le système
éducatif. Il y a là un faisceau de raisons suffisant pour approfondir le
sujet.
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par Évelyne Perrin
Depuis
une ou deux décennies, se sont succédé, en France, des luttes et
mobilisations étudiantes plus ou moins fortes et durables, dont les deux
moments forts ont été la lutte contre le CPE (contrat première
embauche) au printemps 2006 et les luttes de 2007-2009 contre la LRU
(loi Liberté-responsabilité de l’Université), instaurant une
privatisation rampante des universités et l’entrée des entreprises dans
leur direction. Elles se poursuivent de façon plus fragmentée et sont
relayées par les grèves et mobilisations des personnels de
l’enseignement supérieur et de la recherche tout au long des années
2013-2015.
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par Martine Boudet
« Nous
sommes aujourd’hui confrontés à une crise des études littéraires, qui
s’exprime par les interrogations suivantes : à quoi sert l’enseignement
des Lettres ? Faut-il le maintenir ? Et si oui, que faut-il y faire ? » « La crise actuelle des études littéraires est d’abord une remise en cause de leur légitimité. À quoi peuvent-elles servir ? Comment envisager leur avenir ? » Ces interrogations, mises en exergue dans des essais récents, posent une problématique devenue incontournable : « Aujourd’hui
la question porte non sur le comment de la production littéraire et de
son étude, mais sur l’existence même de la littérature et l’intérêt de
son étude. Au-delà, ce qui est sous-jacent, c’est une crise de
civilisation qui embrasse à la fois les nouvelles technologies de la
communication et l’identité européenne. »
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par Jean-Claude Salomon, Michel Thomas
Chaque
jour de l’année, autour de 3 000 publications rapportent des travaux
originaux dans le seul domaine biomédical. Ces travaux, pour être
publiés, sont passés par le crible des comités de rédaction et des
lecteurs des différentes revues et sont tous considérés comme porteurs
d’un nouvelle avancée, si minime soit-elle, de la connaissance. Il est
bien entendu totalement impossible à un médecin ou à un biologiste de
lire, voire seulement de prendre connaissance de la totalité, et même
d’une proportion un tant soit peu significative de cette immense
production. Même en se plaçant dans le cadre d’une spécialité, voire
d’une hyperspécialité, il est impossible de tout lire, de tout
assimiler. Personne ne s’y risque plus au reste. Seuls certains travaux
trouvent leur audience auprès du public professionnel. Encore moins
touchent une fraction plus importante du public scientifique, et il est
exceptionnel que l’un d’entre eux atteigne le grand public. La situation
actuelle n’est différente de celle qui prévalait voici quelques
décennies que par le nombre beaucoup plus important de travaux publiés
par un nombre croissant de vecteurs, Internet étant venu donner une
nouvelle accélération au phénomène. Cependant les mécanismes qui
président à la naissance, à la vie, la gloire et l’oubli des
connaissances reste le même, et nous allons essayer de les analyser.
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par FI-CEMEA
Manifeste
de la Fédération internationale des Centres d’entraînement aux méthodes
d’éducation active. La FICEMEA porte cinq axes prioritaires pour
promouvoir une société égalitaire, solidaire vectrice de progrès social.
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par Claude Calame
Une science sociale critique ?
Parmi les sciences humaines et sociales sans doute l’anthropologie
est-elle par principe susceptible de faire interagir les savoirs sur
l’homme et ses communautés, et ceci dans un enrichissement mutuel et
critique. Comme savoir sur les sociétés et les cultures différentes,
l’anthropologie culturelle et sociale est en effet par principe
comparative. La démarche comparative nous engage même à l’approche
contrastive, différentielle d’autres communautés humaines, d’autres
cultures. En retour, elle nous invite à porter un regard oblique,
analytique et critique sur le paradigme social et anthropologique dont
nous dépendons, aussi bien dans nos pratiques académiques que dans notre
mode de vie.
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par Gilles Rotillon
Jean Tirole a publié, dans Les Échos du 7 décembre 2014, une tribune intitulée « L’éthique et le marché », où il feint de s’interroger sur les limites morales du marché, mais d’une tout autre manière que celle d’Adam Smith dans sa Théorie des sentiments moraux. À partir du constat que « les
spécialistes des autres sciences sociales (philosophes, psychologues,
sociologues, juristes et politistes…), une grande partie de la société
civile, et la plupart des religions » (ce qui fait
effectivement beaucoup de monde) ont une vision critique du marché sur
la base de jugements moraux, il cherche à montrer que ces réticences
sont principalement dues à une mauvaise connaissance des travaux récents
des économistes. Et il voit dans le « succès planétaire » du livre de Michael Sandel, Ce que l’argent ne saurait acheter : les limites morales du marché, le « symptôme de cette perception », qui donne un rôle primordial à nos indignations.
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