L'Humanité, Texte collectif, 28/4/2015
Lettre au président de la République à propos du Sahara occidental (1)
Le
29 avril 2014, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la
résolution 2152 (2014) sur le Sahara occidental en prolongeant jusqu’au
30 avril 2015 le mandat de la Mission des Nations unies pour
l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) mais sans
extension de ce mandat à la surveillance du respect des droits de
l’homme. Depuis cette date, les violations des droits de l’homme dans
les territoires sahraouis occupés se sont encore aggravées, malgré les
engagements pris par le Maroc.
Les manifestations, toujours pacifiques, de la population
sahraouie pour le droit à l’autodétermination sont violemment réprimées.
De nombreux militants sahraouis arrêtés sont condamnés au cours de
procès inéquitables. La pratique de la torture et des traitements
inhumains perdure. Les libertés d’expression, d’association,
d’information et de manifestation ne sont toujours pas respectées. Des
délégations d’observateurs étrangers et des journalistes sont
régulièrement expulsés. Les 22 militants sahraouis du groupe de Gdeim
Izik condamnés le 17 février 2013 à de lourdes peines de prison par un
tribunal militaire (jugé illégal par de nombreuses associations des
droits de l’homme françaises, marocaines et internationales) sont
toujours détenus, leur recours en cassation déposé il y a deux ans
n’ayant pas eu de suite à ce jour.
De nombreuses organisations internationales des droits de
l’homme (Amnesty International, Human Rights Watch, Centre
Robert-Kennedy, Acat…), plusieurs organes des Nations unies et le
Parlement européen ont dénoncé les violations des droits de l’homme dont
est victime la population sahraouie. Ces violations découlent
directement de la non-application de son droit à l’autodétermination.
La Minurso, qui est sur place depuis 1991 pour organiser
le référendum d’autodétermination et superviser le cessez-le-feu entre
le Maroc et le Front Polisario, reste la seule mission des Nations unies
en Afrique dépourvue d’un mandat de surveillance du respect des droits
de l’homme. L’introduction d’une « composante droits de l’homme » dans
le mandat de la Minurso pourrait non seulement permettre au Conseil de
sécurité de recevoir des informations fiables et rapides sur une
situation instable, mais aussi de désamorcer les campagnes de
désinformation menées par certains des deux camps et qui compliquent la
recherche d’une solution politique au conflit.
Il est temps de mettre un terme à cette anomalie et à
cette injustice ! Dans son dernier rapport du 10 avril 2014 sur le
Sahara occidental, le secrétaire général des Nations unies, M. Ban
Ki-moon, a appelé les deux parties à poursuivre leur coopération, mais
en réaffirmant que l’objectif final « n’en reste pas moins le contrôle
soutenu, indépendant et impartial des droits de l’homme tant dans le
territoire que dans les camps ».
C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le président
de la République, qu’à la prochaine réunion du Conseil de sécurité des
Nations unies sur le Sahara occidental la France s’engage afin que la
surveillance du respect des droits de l’homme au Sahara occidental soit
incluse dans le mandat de la Minurso comme c’est d’usage pour des
missions de maintien de la paix.
(1) Organisations signataires :
Action
des chrétiens pour l’abolition de
la torture ; Agir contre le
colonialisme aujourd’hui ; Association des anciens appelés d’Algérie et
de leurs amis contre
la guerre ; Association pour la défense du droit
international humanitaire ; Association française d’amitié et de
solidarité avec les peuples d’Afrique ; Association des amis de la
RASD ; Association de solidarité avec le peuple sahraoui de Lorraine ;
Association havraise de solidarité et d’échange avec tous les immigrés ;
Comité de jumelage de Gonfreville-l’Orcher ; Comité limousin de
solidarité avec le peuple sahraoui ; Comité pour le respect des libertés
et des droits humains au Sahara occidental ; Droit solidarité ;
Fédération des associations de solidarité avec
les travailleurs
immigrés ; Fondation Frantz-Fanon ; Le Mouvement de la paix ; Mouvement
contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples ; Plateforme pour
la solidarité avec le peuple
du Sahara occidental ; Survie.
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