Nul doute que l’affaire Hicham Mansouri prend aujourd’hui une place
centrale dans le débat public sur la protection de la vie privée au
Maroc. Un débat, il faut le rappeler, éludé par les autorités et dont
une infime partie de la société civile semble de façon isolée vouloir
faire avancer, parfois avec beaucoup de difficultés.
La réaction agressive du gouvernement marocain suite à l’organisation
en février dernier par l’Association des droits numériques (ADN) d’une
rencontre sur le thème de la protection de la vie privée est là pour
nous le rappeler.
Rappel du cas d’espèce Hicham Mansouri, jeune étudiant à l’Institut
supérieur de l’information et de la communication (ISIC) à Rabat
travaille également comme coordinateur de projets au sein de
l’Association marocaine pour la presse d’investigation (AMJI). Le mardi
17 mars 2015, il a été violemment arrêté dans son appartement dans des
conditions humiliantes comme en atteste son frère sur cette vidéo, ainsi
que son avocate Naima El Guellaf.
A 09h00 du matin, une femme rend visite à Hicham Mansouri et quelques
minutes plus tard, l’appartement est investi et saccagé par des agents
en civil, comme le montre des photos prises par des proches de l’accusé
quelques instants après l’intervention.
Selon les déclarations de Hicham Mansouri rapportées par ses proches,
les policiers l’auraient forcé à se déshabiller ainsi que son invitée
pour être pris en photos, drapés de serviettes de bain et conduis en
l’état au poste de police. Le même scénario se reproduira au
commissariat. Une manière de suggérer un flagrant délit d’adultère…
De même source, un médecin de la prison locale de Salé a délivré un
certificat médical attestant que Hicham Mansouri a été victime de coups
et blessures portés au visage. La version des autorités est ainsi mise à
mal par le cadre juridique sur la protection de la vie privée.
D’après son communiqué, la Wilaya de police de Rabat affirme que
Hicham Mansouri est poursuivi pour « complicité d’adultère » et d’«
exploitation d’un local habituellement destiné à la prostitution » ! En
réalité, pour avoir reçu une femme chez lui ! Une femme majeure et,
selon ses dires, divorcée de surcroit.
Comment est-il possible que le ministère public puisse mettre en
mouvement une telle action privant deux personnes de leur liberté alors
qu’elles se trouvaient dans un espace privé sans le moindre indice
d’infraction ou d’atteinte publique aux bonnes mœurs ? La notion de vie
privée englobe la fortune personnelle et tout ce qui concerne l’individu
dans ses relations familiales ou amicales, sa vie conjugale ou
sentimentale, sa vie physique et ses maladies.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) adopte une conception
plus large de la vie privée. Outre les domaines susvisés, elle étend le
concept aux convictions religieuses, philosophiques, morales ou
politiques d’une personne, à tous les rapports affectifs que celle-ci
peut entretenir, sans les limiter aux rapports familiaux ou conjugaux,
le sexe et la vie sexuelle, la vie professionnelle et la vie matérielle.
Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire Hicham Mansouri
révèle l’excès de zèle du parquet marocain. Pourquoi s’en prendre à la
stricte intimité d’un couple concubin présumé alors que des cas
similaires sont légion au Maroc sans jamais être inquiétés ? Pourquoi,
le parquet s’est-il auto saisi en prenant le risque d’être pointé du
doigt sur une affaire éminemment liée aux libertés individuelles ?
Rappelons que Hicham Mansouri, à travers ses appartenances
associatives et professionnelles évolue dans un environnement où le
combat contre le joug despotique est une priorité. Suite à cette
affaire, on serait en droit de s’interroger s’il s’agit d’une nouvelle
politique répressive marquée du sceau de la pudibonderie sacrée en vue
de montrer à l’opinion publique que les autorités sont au taquet sur les
questions éthiques pour détourner l’attention de plusieurs scandales
financiers et autres qui ont alimenté l’actualité nationale
dernièrement. C’est une technique de gouvernance bien connue en période
de stérilité créative où le pouvoir rabâche les questions identitaires
et sécuritaires pour verrouiller encore plus la vie politique et les
espaces de liberté. D’aucuns voient, d’ailleurs, dans cette nouvelle
forme d’acharnement contre un militant de la liberté de la presse et
d’expression, une manière de dissiper l’attention sur le manque de
performance du pouvoir en matière de redressement de l’économie du pays
et d’avancées sur les questions cruciales liées à la démocratie.
Rida Benotmane
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liyakoun fi ma3loumekoum almaghribou fi sahra ihi wa sahra ou fi maghribiha welli ma3ejbouch l7al yakhbat rassou, iwa ghir tu dois corriger الصحراء الغربية men a7ssen hadik al gharbia zidelha lmine bach tarja3 sa7ra maghribia dyal laghrib
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