Aufait, 17/3/2015
Un peu plus d’un mois après avoir été limogé de son poste à la
direction de la maternité des Orangers de Rabat, le professeur Chafik Chraïbi a
retrouvé le ministre de la Santé Houcine Louardi, autour d’un débat sur
l’avortement, organisé par l’Association marocaine de lutte contre l’avortement
clandestin.
Le ministre de la Santé, Houcine Louardi a été pointé du doigt sur le
limogeage du professeur Chafik Chraïbi à la tête de la maternité des Orangers
de Rabat, suite à un reportage de France Télévisions sur l’avortement
au Maroc. M. Louardi avait affirmé que son département soutenait
l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC),
dirigée par le même professeur Chraïbi. Ce lundi à Rabat, il en a apporté
encore la preuve en prenant part à un débat organisé par ladite association sur
le thème : « Pour un amendement de la loi sur l’avortement ».
A cette occasion, le ministre de la Santé a souligné l’importance d’ouvrir
un débat « sage et serein » autour de la problématique de
l’avortement, dans un climat ouvert qui prend en compte tous les aspects
religieux, juridique et médical, mais aussi social, éthique et culturel.
Pour Houcine Louardi, le succès du débat sur l’avortement est tributaire de
l’adoption par toutes les parties concernées d’une position plus flexible,
« loin de toute tension », en vue d’arriver à un terrain d’entente
pour parvenir à une solution définitive à cette problématique. Il a ainsi
appelé à la conjugaison des efforts de tous les départements gouvernementaux et
des organisations de la société civile.
A dessein, son ministère est en train d’élaborer un plan d’action selon une
vision globale, prenant en compte les différentes propositions. Il s’articule
autour de trois axes d’intervention complémentaires, a relevé le ministre, qui
insiste sur l’importance de la levée des barrières à l’accès à l’avortement
pour protéger la santé physique et mentale de la mère et en cas de viol,
d’inceste et de malformations fœtales, ce qui aura certainement un impact
positif notamment en termes de réduction de la mortalité maternelle en rapport
avec l’avortement non sécurisé.
Des retombées bénéfiques sont également attendues, selon lui, au niveau de
la pratique de la profession, les médecins devant exercer dans un climat de
transparence, avec un cadre juridique et des conditions respectant la sécurité
sanitaire, ce qui es de nature à renforcer davantage la crédibilité du Maroc
dans le monde en ce qui concerne les droits et la santé reproductive.
Amendement de l’article 453 du Code pénal
Pour leur part, les associations ont proposé l’amendement de la loi sur
l’avortement à travers un cadre plus large pour inclure les cas de viol,
d’inceste, de malformations fœtales et les femmes enceintes atteintes de
maladie mentale.
⚙ Elles ont, en outre, proposé l’amendement de l’article 453 du
Code pénal qui autorise l’avortement lorsque la vie et la santé de la mère sont
menacées, précisant que l’Organisation mondiale de la Santé définit la santé
comme étant un état complet de bien-être physique, mental et social. ❌
De son côté, le président de l’AMLAC), le professeur Chafik Chraibi, a indiqué
que l’élargissement du cadre de l’avortement permettra d’éviter des tragédies
sociales graves, à savoir le suicide et des crimes d’honneur. Il a,
également, appelé à réduire le recours à l’avortement, en proposant dans ce
cadre le formation d’une commission « morale » dans toutes les
régions du Royaume qui se chargera de déterminer les conditions de sécurité de
la pratique de l’avortement.
Pour la coordinatrice du Réseau marocain pour le droit à la santé, Fatima
Maghnaoui, la décision de poursuivre la grossesse ou de I’interrompre
appartient à chaque femme, soulignant la nécessité de développer des programmes
d’éducation sexuelle et la généralisation de disponibilité des moyens
contraceptifs.
K.N avec MAP
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