23/10/2014
Le directeur général de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi s’est vu décoré en Espagne, alors qu’il fait l’objet d’une plainte pour torture en France.
Le secrétaire d’Etat espagnol à la Sécurité, Francisco Martínez Vázquez a décoré, de la croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge Abdellatif Hammouchi, le patron de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), le mercredi 22 octobre. Cette décoration qui est l’une des plus hautes distinctions honorifiques décernées par l’Espagne aux personnalités étrangères est décernée « en reconnaissance du rôle du Maroc en matière de paix et de sécurité dans le monde » selon la MAP.
Deux directeurs centraux de la même institution ont reçu des mains du secrétaire d’Etat espagnol, la croix honorifique de mérite policier avec distinction blanche.
La décoration « répare un peu l’affront subi à Paris ».
Le ministère espagnol de l’Intérieur a expliqué lors de cette cérémonie qu’« aujourd’hui plus que jamais, la coopération de la police marocaine est nécessaire pour lutter contre le terrorisme à Sebta et Melilia ainsi que dans les zones environnantes du Maroc d’où sont originaires les jihadistes qui ont rejoint la Syrie et l’Irak ».
Bien que le ministère espagnol de l’Intérieur ait essayé d’organiser la cérémonie en toute discrétion, les médias marocains en ont fait l’écho parce que « probablement la décoration de Hammouchi par l’Espagne répare un peu l’affront qu’il a subi à Paris » affirme Ignacio Cembrero, journaliste pour le quotidien espagnol El Mundo dans un billet intitulé « Les chrétiens français l’accusent de torture, l’Espagne lui rend hommage ».
Déjà un précédent
L’Espagne a une propension à décorer les responsables marocains réclamés par la justice française selon le quotidien espagnol. En effet, en janvier 2005, José Luis Zapatero, le chef du gouvernement espagnol de l’époque a décoré de la grande croix d’Isabelle la Catholique, le général marocain Hosni Benslimane, à l’époque commandant de la gendarmerie marocaine. Ce dernier était recherché par la justice française dans le cadre d’une enquête pour l’enlèvement et l’assassinat de Mehdi Ben Barka en 1965 à Paris, connu comme le plus célèbre opposant de Hassan II. Benslimane n’a jamais répondu aux appels du juge d’instruction français. Le gouvernement espagnol pour justifier son geste avait avancé comme argument, la collaboration du Maroc dans la lutte contre le terrorisme. «La gendarmerie ne joue pourtant qu’un rôle très mineur dans ce domaine» a relevé Cembrero.
Le jeudi 20 février, l’ONG française Action des chrétiens pour l’abolition de la torture a demandé aux autorités françaises de profiter de la présence en France d’Abdellatif Hammouchi pour l’auditionner dans le cadre de plaintes déposées contre lui à Paris. Lesdites plaintes font état de tortures présumées dans le centre de détention marocain de Temara, qui dépendrait de la DGST. Cet incident a été le déclencheur de la crise diplomatique entre Paris et Rabat. Le mercredi 26 février, le Maroc a suspendu sa coopération judiciaire avec la France.
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