Par Mohammed Belmaïzi, 8 juillet 2014
(Rien
à changer de cet article que j'ai commis, juste après l'arrêt de
l'agression de 2009 sur Gaza). Tant que la sacro-sainte impunité est
octroyée aux criminels de guerre, le monde tournera toujours en rond et
l'hypocrisie n'honore point les décideurs super armés de la planète. De
quelle modernité nous parle-t-on? L'arrogance des puissants surarmés
exacerbe les fanatismes meurtriers... pour former deux facettes de la
même médaille! Marre d'écrire, marre de penser, marre de croire à une
éclaircie... marre marre marre!
Non à la dénégation du Droit
Gaza.
Crime de guerre. Crime contre l’humanité. Une terre dévastée encore
fumante. Un ciel blafard et trouble. Murs et toits écroulés exhalant
phosphore, soufre, carbone, poussière de béton et de napalm. Des
milliers d’habitats rasés, et aux abords ce qui reste des familles
déchirées, exténuées et anéanties physiquement et psychologiquement,
après trois semaines de bombardements au summum du sadisme, à l’apogée
de la haine, au mépris de toutes les valeurs humaines. Dépossédés de
leurs foyers et de leurs biens engloutis ou cramés sous le feu des
F-16, des enfants et parmi eux nombre d’orphelins, des femmes et des
hommes campent sur le toit de leur maison aplatie. D’autres innocentes
victimes civiles à la recherche de leurs disparus. Yeux chassieux et
visages creux, gestes résignés, tête entre les mains, regards hagards
et corps absents, affamées durant 22 jours, s’interrogeant sur le sens
de la vie et la dignité de la vivre. On continue à extraire des
décombres les corps calcinés d’enfants et d’adultes. Au sol des traces
de sang, des lambeaux d’os et de chairs, corps d’enfants déchiquetés,
alors que les hôpitaux censés les abriter et les soigner ont été, eux
aussi, bombardés et brûlés. Nul intercesseur de la part des pays
civilisés à l’humanisme frelaté des deux poids deux mesures ! Et Gaza,
ghetto sans issue, isolé du monde, sans secours ni ambulanciers,
également terrorisés et empêchés d’approcher les morts et les blessés
durant cette innommable agression. Ainsi, le sordide travail des
criminels, était accompli. Et ce n’est pas du cinéma, « Apocalypse
Now », « Rambo », ou une production hollywoodienne sioniste,
« travaillant » l’imaginaire du spectateur à gober la massive haine
anti-orientaux, à produire le délétère racisme anti-palestinien. C’est
bel et bien un tsunami d’une barbarie moderne sans précédent, déchaîné
sur des civils sans défense.
Tel
est le remuant spectacle de la honte et de la défaite morale et
politique de l’agresseur israélien, qui s’offre, ce jour-là, aux
observateurs venant découvrir l’horreur, après l’assouvissement du
plaisir sadico-sioniste [« je réitère que nous traiterons la population
avec des gants de soie », disait récemment Ehoud Olmert, le Premier
ministre israélien, de la population de Gaza]. Telle est la débâcle qui
s’offre aux journalistes, aux ONGs et aux instances de l’ONU. Tous
témoins oculaires du désastre et ne peuvent plus garder le silence sur
ce déni de droit. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies,
s’est dit « choqué » et « scandalisé » par ce qu’il a vu. Interrogé sur
la situation à Gaza, Ban Ki-moon dit : « je ne peux décrire ce que je
ressens après avoir vu ce site du bombardement du complexe des Nations
unies » ; il parlait des entrepôts encore fumants devant ses yeux, de
l'UNRWA (l’agence de secours aux réfugiés palestiniens) renfermant des
tonnes d’aide humanitaire. Nul doute que la consigne est
d’affamer la population de Gaza. Ban Ki-moon a déclaré que « les
personnes responsables des bombardements israéliens, ayant touché le 15
du mois en cours [janvier] des bâtiments de l'ONU, devront rendre des
comptes devant des instances judiciaires ». Et c’est la première fois,
depuis 60 ans d’impunité et de violation d’une pléthore de résolutions
par l’État israélien, qu’un Secrétaire Général des Nations Unies parle de
l’organisation d’«une enquête approfondie, une explication complète
pour s’assurer que cela ne se reproduira plus jamais ». Et
c’est la première fois que nous sommes devant un phénomène nouveau, où
l’impunité sans vergogne dont jouissait l’État d’Israël jusqu’ici, est
rudement indexée.
C’est que, trop c’est trop ! Les crimes de civils dépassent l’entendement. Un communiqué du
Comité International de la Croix Rouge (CICR), précise qu’il « a
trouvé dans une des maisons quatre enfants en bas âge à côté de leurs
mères décédées ». « Ils étaient trop affaiblis pour se lever sans
aide », alors que le CICR était interdit d’approcher le site durant
quatre jours, du 3 au 7 janvier. Or il était avéré que les soldats
israéliens se tenaient en position à proximité très étroite de l’endroit
sans subvenir au besoin et secourir ces enfants. D’autres témoignages
plus poignants accablent d’une manière décisive les soldats criminels
de Tsahal. Shahd, une petite fille palestinienne de quatre ans, morte
par un obus israélien frappant sa maison, avait été dévorée par les
chiens. Car sa famille et les secouristes qui essayaient de la chercher
pour l’enterrer dignement, avait à chaque tentative, et durant cinq
jours, subi les tirs de soldats bien informés de l’état de la petite
fille. Et le comble des combles : ce bébé calciné par le phosphore. Ces
images qu’El Jazera et l’Internet ont diffusées ne sont jamais
parvenues sur les écrans de certains médias occidentaux responsables du
silence et de la manipulation délétère contre les Palestiniens.
Crime
de guerre. Attentat immoral. Ces signes précurseurs du massacre
d’enfants palestiniens, nous les trouvons sur les innombrables photos
où le fusil des soldats pointe systématiquement et expressément les
bambins innocents. Et du virtuel de ces clichés de l’enfant face au
fusil, nous voilà devant le réel bombardement d’écoles… devant les
thorax troués, des cervelles arrachées, des bébés que les balles ont
pénétrés, avant même de quitter l’utérus de leur maman. Est-ce un plan
conçu et bien délibéré pour éradiquer la progéniture du peuple
palestinien damné et abandonné ? La question mérite d’être posée devant
le flagrant mensonge de l’armée israélienne qui dit qu’elle « ne vise
intentionnellement aucun civil ». La question mérite d’être posée devant
le diabolique projet criminel détaillé dans la bouche d’Eli Yishai,
Vice Premier ministre d’Israël, lorsqu’il annonce : « Une grande
occasion s’offre maintenant à nous, à Gaza, de les enfoncer, de les
écraser… (Nous) devrions démolir un millier de maison, de tunnels et
d’industries, et tuer le plus grands nombre possible de terroristes… ».
La souricière de Gaza a donc été minutieusement planifiée jusqu’au
paroxysme du sadisme à travers les messages des Apaches électroniques,
signifiant à la population meurtrie, que « l’attaque de la nuit qui
vient, va être plus intensifiée » ! C’est la morbide culture du
tortionnaire se jouant de la souffrance de sa victime.
La
première fois, après 60 ans d’impunité, qu’une nouvelle conscience
s’est affirmée pour ne plus taire l’inhumanité de l’État israélien.
Richard Falk, le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires
palestiniens, parle du « caractère sans aucun doute inhumain » des
opérations militaires israéliennes à Gaza. Sans équivoque, il parle de
« crimes de guerre systématiques ». Car « les preuves de violations du
droit humanitaire sont si accablantes qu’elles doivent faire l’objet
d’une enquête indépendante ». C’est en terme des violations de la loi
qu’« aucun enfant, aucune femme, aucun malade ou handicapé de la
population de Gaza n’a été autorisé à quitter la zone de guerre »,
s’est scandalisé Richard Falk.
Les
mouvements citoyens partout dans le monde – parmi lesquels notre
association l’AMDH, riche de son expérience et de sa haute connaissance
des dossiers relatifs au droit, occupe le premier rang – ne comptent
pas s’arrêter là. Une mobilisation et des plaintes pour crimes de
guerre sont enregistrées, même à l’intérieur d’Israël. Et tout indique
que seule une ferme volonté d’introduire Israël devant la Cour Pénale
Internationale (CPI), pour Crime de Guerre, pourra crever la carapace
de l’impunité, et déblayer sur un avenir de paix et de réconciliation
entre les peuples de la région.
Les
sociétés civiles et les ONG des droits humains sont suffisamment
outillées pour mener ce combat sous l’égide de la définition des
« Crimes de Guerre » et des « Crimes contre l’Humanité », qu’en donne
le Statut de Nuremberg dans son article 6. « Les Crimes de Guerre »
renvoient au « violations des lois et coutumes de la guerre. Ces
violations comprennent, sans y être limitées, l’assassinat, les mauvais
traitements… la destruction sans motif des villes et des villages ou
la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires». Quant
aux « Crimes contre l’Humanité », ils se résument dans le même article
en « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la
déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes
populations civiles, avant ou pendant la guerre… ». Ce qu’a fait l’Etat
d’Israël à Gaza doit sans détour s’inscrire dans ces définitions.
Conséquences et Perspectives
Cette
guerre d’agression a révélé, au grand jour, une critique acerbe de la
part d’intellectuels juifs (historiens ; journalistes ; écrivains ;
politiques ; députés ; responsables d’institutions et d’associations…)
qui, aussi bien à l’intérieur d’Israël qu’ailleurs, remettant en cause
leur lien avec un État agressif qui les déshonore. Certains n’ont pas
lésiné sur les mots, pour comparer ce qui se fait en leur nom à Gaza,
aux crimes de guerre des nazis. Et les mots « Génocide » et
« holocauste » qui ont été longtemps une sorte de propriété privée, au
nom desquels Israël jouit d’une scandaleuse impunité, sont utilisés
sans tabou sur la cruauté abattue sur les civils palestiniens.
Cette
guerre d’agression échafaudée sur une réaction hypothétique des
peuples arabo-berbéro-musulmans, violemment hostile à un Occident
impie, comme lors des caricatures danoises, et qui serait bénéfique
pour un État Israélien à la recherche de solidarité sans faille des
apprentis sorciers chérissant les guerres de religions et de
civilisations. Il n’en était rien. Bien au contraire, les millions des
masses populaires, dans les contrées les plus lointaines et des villages
les plus ignorés, ont manifesté leur indignation et leur révolte, dans
la dignité, la maturité et la responsabilité. Une opinion publique est
en plein essor. Et il faut, désormais, faire avec.
Cette
guerre d’agression, si elle est acceptée par le monde contemporain,
pourrait facilement ancrer la culture des barbaries florissantes… Et
les Etats qui dédaignent farouchement les aspirations des peuples,
seront tentés par cet exemple où l’on écrase dans le sang la société
civile. Nous en avons vu les prémices lors de la descente punitive sur
la ville d’Ifni, la martyre, encore saignante. On peut évoquer d’autres
conséquences…
Quant aux
perspectives de paix, elles ont jalonné les soixante ans de conflit,
sans succès. Tous les plans et formules pour pacifier la région ont
défilé pendant qu’Israël amplifie sa colonisation et s’accapare de la
Palestine historique. Aujourd’hui l’on parle de deux Etats séparés où
les Palestiniens ne pourront jouir que d’une autonomie relative,
toujours sous le regard prédateur de l’Etat d’Israël. Cette solution de
deux Etats fonctionnera ou ne fonctionnera pas. Mais ce qui est
urgent, c’est d’entamer une réflexion de fond sur l’Histoire d’Israël
pour la remettre en question, comme le font les historiens du gabarit
d’un Ilan Pappé.
Revenir
à l’Histoire et interroger les ramifications sur lesquelles repose la
genèse de l’État d’Israël, c’est opter résolument pour une région
démocratique et laïque où toutes les confessions et toutes les
minorités s’y retrouvent et sculptent une mirifique « éthique de vivre
ensemble ». Ce rêve paraît insensé et anhistorique aujourd’hui.
Pourtant, plus insensée et plus mensongère était cette manipulation
archi-connue de l’Histoire qui a permis à l’État d’Israël de s’ériger.
Un exemple patent, tiré des travaux d’Abraham Serfaty sur « Le judaïsme
marocain et le sionisme », pourrait éclairer cette assertion qui
souligne le contresens de l’Histoire qui a réussi à déraciner les
populations juives du monde berbéro-arabo-musulman. Que l’on convoque
cette phase des élections organisées en février 1948 par les sionistes
en vue de pousser le peuple juif marocain à émigrer vers Israël. Élections soldées par un fiasco lumineux. « A Casablanca, sur une
population de 70 000 Marocains juifs, il y eut 352 votants ; à
Marrakech, sur 20 000 Marocains juifs, il y eut 153 votants. Le journal
Noar, qui rapportait ces résultats sous le titre « Vous n’avez pas fait
votre devoir », ajoutait que « les résultats des autres centres ne sont
guère plus brillants ».
Prosper Cohen,
un sioniste notoire, exhalait son mépris du peuple juif en écrivant
après le fiasco des élections aux communautés, organisées sous la
double égide du sionisme et de la Résidence Générale : «Peut-on, après
le ridicule fiasco des dernières élections, lancer un appel en vue
d’une action quelconque? Il semble, en effet, que la torpeur d’un grand
nombre de nos coreligionnaires soit congénitale et qu’il n’y ait
décidément aucun remède susceptible de la combattre. » (Noar, nº 14,
février 1948).
Et Prosper Cohen de se
moquer des ses coreligionnaires : «Qu’est-ce que le Messie ? En
réalité, tu ne sais pas plus qu'un autre peuple ce qu’est ou ce que
sera le Messie... Viendra-t-il ce roi juif ? S’ouvrira-t-elle pour les
juifs cette ère de bonheur ? Tu sais bien que non, peuple entêté! Tu
sais bien que l'humanité est à jamais perdue... ». C’est là que « l'on
voit que sionisme, racisme, colonialisme et mépris des hommes sont
identiques! »
L’Histoire retient
également les actions de terreur et d’intimidation envers les juifs.
« Ell Löbel rappelle « l’affaire malheureuse » où il fut prouvé que des
attentats à la grenade dans une synagogue d’Irak avaient été organisés
par les sionistes, avec l’accord de Ben Gourion ; Serge Moati
signalait, en 1947 une provocation du même ordre à Tripoli, sous
l’égide de l’intelligence Service ». Cet état d’esprit aboutit
aujourd’hui à une entité que l’auteur Marc Hillel lui donnera le titre
évocateur de « Israël en danger de paix ». Éternellement pour la
guerre, sa raison d’être ! Dans le même sens, Oren Ben-Dor, juif ayant
grandi en Israël, finit un article intitulé « L’autodéfense du
suicide » sur un constat terriblement saisissant : « Le désir sioniste
sublimé d’être haï constitue le carburant de l’unité d’Israël et de sa
disposition à se juger toujours moralement supérieur (…) En dépit de sa
puissance militaire, Israël est un État faible et moribond habité du
désir de s’autodétruire ». Et l’auteur d’avertir : « Les nations les
plus puissantes dans le monde assistent à ce processus suicidaire et ce
fait appelle d’urgence à la réflexion ».
Une
nouvelle conscience pour appréhender ce conflit qui n’en finit pas, ne
peut être dissimulée derrière les bises entre Tzipi Livni et Kouchner,
ou derrière les amabilités déplacées et lourdement complices entre les
notables de l’Europe et les responsables israéliens du supplice de la
population civile de Gaza. Une conscience nouvelle devant ce problème
exige l’ouverture sur l’Histoire et donc sur la voie d’une autre
modernité.
Mohammed Belmaïzi
20/11/2012
*****
Et
pendant que nos regards sont fixés sur le match de football, le peuple
de Gaza continue de subir les exactions que lui inflige ce prétendu État démocratique, respectueux de la vie humaine.
https://www.facebook.com/notes/817640158255000/
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Mohammed Belmaïzi a partagé une photo de Yael Gvirtz.
Najia Elrhaoui : Des Israéliennes viennent réconforter des familles palestiniennes endeuillées.
Tout n'est pas perdu !!!!!
Merci Paul Doukhan pour ces moments d'espoir
Tout n'est pas perdu !!!!!
Merci Paul Doukhan pour ces moments d'espoir
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