Ces Sahraouis attendent un hypothétique asile politique. L'immigration venue du Sahara Occidental est un phénomène migratoire nouveau qui prend de l'ampleur
Quartier Belcier, au sud de la gare Saint-Jean, à Bordeaux. Les
immeubles neufs poussent comme des champignons dans ce qui doit devenir
le futur quartier d'affaires du projet Euratlantique. Dans un coin de
l'immense zone ferroviaire Armagnac, mi-friche mi-chantier, des wagons à
bestiaux immobiles sur une voie de garage.
Rouillés, hors d'âge, avec des herbes folles qui leur chatouillent les essieux. À travers les ouvertures coulissantes, on aperçoit des lits de fortune, des tapis, du linge qui sèche, des tables bricolées, des poches en plastique. Puis un homme, qui plie une grosse couverture. C'est Bata, 40 ans, qui range ses maigres affaires. Demandeur d'asile venu du Sahara Occidental, il a vécu pendant deux mois dans un parking avant de tomber sur ce train fantôme, il y a maintenant huit mois. Aujourd'hui, ils sont 35 comme lui, tous demandeurs d'asile, entassés dans leurs wagons déglingués.
Dans le quartier, en huit mois, tout le monde a eu le temps de les voir. Les fenêtres du gros centre de tri postal Bordeaux-Armagnac donnent sur les wagons transformés en refuge avec les moyens du bord : palettes, planches de récupération, matelas et couvertures glanées ici ou là. La police vient « plusieurs fois par semaine », selon Bata. « Pas d'problème », ajoute-t-il en dodelinant de la tête. Le froid, dans ces wagons ouverts aux quatre vents ? « Pas d'problème… »
Pour ce groupe de Sahraouis, c'est dans ce vieux train planté sur ces voies oubliées de la gare Saint-Jean. Les journées se passent à attendre la décision de régularisation, qui prend souvent plusieurs mois. Et à refaire chaque jour le même chemin : le point d'eau, une borne d'incendie juste devant un wagon, les organismes sociaux, Médecin du monde, les Restos du cœur, la préfecture, le Secours populaire…
De toute façon, disent-ils, « au Sahara Occidental, il n'y a rien, rien ! On vit comme ici, dans des camps de réfugiés, avec des aides qui viennent du monde entier. Il n'y a pas de travail. Le seul travail qu'on peut faire, c'est pour l'armée, qui te fait travailler gratuitement ! J'ai 42 ans et je n'ai jamais travaillé de ma vie, tu comprends ? Pas d'entreprises, pas de travail… Il n'y a rien à faire là-bas ! », explique un réfugié. Qui ajoute que de multiples trafics fournissaient souvent un substitut au travail, près des frontières avec la Mauritanie ou l'Algérie, voire le Mali. Mais depuis la montée de la menace djihadiste dans tout le Sahel, ces zones sont devenues infréquentables, y compris pour les Sahraouis.
La crise économique qui frappe l'Espagne, ex-puissance colonisatrice du Sahara Occidental et pourvoyeuse traditionnelle de travail, pousse jusqu'en France les demandeurs d'asile. La France, « le pays des Droits de l'homme », répète Bata du fond de son wagon, sur sa voie de garage.
La préfecture est en train d’évaluer la situation de chacun de ces ressortissants. « On veut savoir précisément à qui on a à faire », dit encore le préfet, qui redoute une exploitation économique de la situation.
Depuis le début de 2014, la préfecture a enregistré 50 demandes d’asile venant de ressortissants sahraouis. Elle est censée leur trouver un hébergement, mais comme ils sont isolés, ils ne sont pas prioritaires par rapport à ceux qui ont une famille à mettre à l’abri. L’an dernier, la préfecture de la Gironde a reçu un peu plus de 1 000 demandeurs d’asile, soit un doublement par rapport à il y a cinq ans.
Rouillés, hors d'âge, avec des herbes folles qui leur chatouillent les essieux. À travers les ouvertures coulissantes, on aperçoit des lits de fortune, des tapis, du linge qui sèche, des tables bricolées, des poches en plastique. Puis un homme, qui plie une grosse couverture. C'est Bata, 40 ans, qui range ses maigres affaires. Demandeur d'asile venu du Sahara Occidental, il a vécu pendant deux mois dans un parking avant de tomber sur ce train fantôme, il y a maintenant huit mois. Aujourd'hui, ils sont 35 comme lui, tous demandeurs d'asile, entassés dans leurs wagons déglingués.
Dans le quartier, en huit mois, tout le monde a eu le temps de les voir. Les fenêtres du gros centre de tri postal Bordeaux-Armagnac donnent sur les wagons transformés en refuge avec les moyens du bord : palettes, planches de récupération, matelas et couvertures glanées ici ou là. La police vient « plusieurs fois par semaine », selon Bata. « Pas d'problème », ajoute-t-il en dodelinant de la tête. Le froid, dans ces wagons ouverts aux quatre vents ? « Pas d'problème… »
- En situation régulière
Pour ce groupe de Sahraouis, c'est dans ce vieux train planté sur ces voies oubliées de la gare Saint-Jean. Les journées se passent à attendre la décision de régularisation, qui prend souvent plusieurs mois. Et à refaire chaque jour le même chemin : le point d'eau, une borne d'incendie juste devant un wagon, les organismes sociaux, Médecin du monde, les Restos du cœur, la préfecture, le Secours populaire…
De toute façon, disent-ils, « au Sahara Occidental, il n'y a rien, rien ! On vit comme ici, dans des camps de réfugiés, avec des aides qui viennent du monde entier. Il n'y a pas de travail. Le seul travail qu'on peut faire, c'est pour l'armée, qui te fait travailler gratuitement ! J'ai 42 ans et je n'ai jamais travaillé de ma vie, tu comprends ? Pas d'entreprises, pas de travail… Il n'y a rien à faire là-bas ! », explique un réfugié. Qui ajoute que de multiples trafics fournissaient souvent un substitut au travail, près des frontières avec la Mauritanie ou l'Algérie, voire le Mali. Mais depuis la montée de la menace djihadiste dans tout le Sahel, ces zones sont devenues infréquentables, y compris pour les Sahraouis.
La crise économique qui frappe l'Espagne, ex-puissance colonisatrice du Sahara Occidental et pourvoyeuse traditionnelle de travail, pousse jusqu'en France les demandeurs d'asile. La France, « le pays des Droits de l'homme », répète Bata du fond de son wagon, sur sa voie de garage.
Les demandes d’asile ont doublé en cinq ans
L’immigration venue du Sahara Occidental est un « phénomène nouveau » en
train de se développer, selon le préfet Michel Delpuech. Mercredi, un
campement de fortune installé sous un pont de l’autoroute A89 avait été
évacué. Il abritait des saisonniers de nationalité espagnole mais
originaires du Sahara Occidental. Les demandeurs d’asile du train
fantôme de la gare Saint-Jean sont dans une situation différente,
puisqu’ils n’ont pas le droit de travailler.La préfecture est en train d’évaluer la situation de chacun de ces ressortissants. « On veut savoir précisément à qui on a à faire », dit encore le préfet, qui redoute une exploitation économique de la situation.
Depuis le début de 2014, la préfecture a enregistré 50 demandes d’asile venant de ressortissants sahraouis. Elle est censée leur trouver un hébergement, mais comme ils sont isolés, ils ne sont pas prioritaires par rapport à ceux qui ont une famille à mettre à l’abri. L’an dernier, la préfecture de la Gironde a reçu un peu plus de 1 000 demandeurs d’asile, soit un doublement par rapport à il y a cinq ans.
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