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dimanche 17 mars 2013

Point hebdomadaire n°15 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°15 sur la campagne de parrainage

Cela fait maintenant quatre mois que l’ASDHOM a lancée sa campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion, victimes de violations des droits au Maroc. Cette opération de solidarité concrète, parrainée par l’écrivain Gilles Perrault, auteur du livre « Notre ami le roi », vise à briser le silence et l’enfermement auxquels sont confrontées ces victimes de l’injustice et de procès inéquitables. La liste de 172 personnes, présentée lors de la soirée du lancement dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale à Nanterre, n’arrête malheureusement pas de s’allonger. S’il y a eu quelques libérations en fin de peine de quelques militants du mouvement 20-Février, il y a eu l’arrestation d’autres militants qui se sont ajoutés à la liste des candidats au parrainage (Meknès, Marrakech, Taza, Tanger, Zayou, etc.)
Ce point hebdomadaire a pour objet d’appeler à plus de mobilisation pour faire du parrainage un acte concret de solidarité avec ces détenu-e-s et un devoir auquel tout épris de justice ne peut se dérober comme l’a bien dit Gilles Perrault au début de la campagne.
Les dernières arrestations et condamnations lourdes, comme celles du tribunal militaire de Rabat à l’encontre des 25 Sahraouis dans l’affaire de Gdeim Izik (voir nos points hebdomadaires sur le site www.asdhom.org) nous donnent malheureusement raison de continuer cet engagement en vue de maintenir la pression sur les autorités marocaines. L’objectif étant d’aboutir à la libération de ces victimes.
Vous trouverez sur le site de l’association toute une rubrique, consacrée à cette campagne de parrainage. La procédure y est expliquée et des lettres de parrainage et de témoignage, à côté des listes des filleuls, sont proposées pour faciliter cette opération et encourager les personnes à parrainer. Nous rappelons qu’aucun engagement financier n’est exigé. Seul l’engagement par l’écriture et la correspondance est demandé…….
Et l’écriture, c’est ce que fait la marraine de Younes Belkhdim, le poète du mouvement 20-Février, incarcéré depuis presque un an à la prison Oukacha à Casablanca.
Après une communication où son filleul lui a fait part de douleurs et de sa situation médicale non prise en charge par l’administration de la prison, Hayat Bousta, sa marraine, écrit une lettre à son avocat, Me Benhammani, pour lui faire part de la situation et lui demander d’intervenir. Vous trouverez sa lettre sur la rubrique « Témoignages et lettres » du site. Rappelons que Younes Belkhdim avait publié un communiqué critique vis-à-vis du chef du gouvernement marocain après ses déclarations où il niait l’existence de prisonniers politiques du 20-Février (voir le point n°14). Il semblerait que l’administration pénitentiaire a décidé de se venger de lui avant sa libération prévue les prochains jours.
Voici ci-dessous un résumé des éléments que l’ASDHOM a reçus en lien avec cette campagne de parrainage :

Zayou (nord-est du Maroc) : Les sept militants de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc et du 20-Février, arrêtés le 2 mars à Zayou, ont été déférés le 12 mars devant le tribunal de Nador. Dimanche 10 mars, presque toute la ville est sortie dans une manifestation pacifique clamant leur libération. Le tribunal a décidé de les poursuivre en état de liberté. Une victoire provisoire que l’ASDHOM réclame qu’elle soit confirmée.

Groupe UNEM-Fès : Les militants Abdelouahab Ramadi, Abdennabi Chaoul, Tarek Bourass et Mohamed Aït Rais, incarcérés depuis 8 mois à la prison Ain Kadous à Fès, ainsi que deux autres militants de l’UNEM (Mohamed Amimi et Mohamed Réda Derkaoui), poursuivis en état de liberté, ont été condamnés par le tribunal d’appel de Fès, le 13 mars 2013, à des peines allant de 4 à 6 mois de prison ferme. La nouvelle s’est vite répandue au sein des étudiants qui sont venus les accueillir à la sortie de la prison. Une autre bonne nouvelle pour leurs parrains et marraines. Ils peuvent désormais porter leur parrainage sur d’autres détenus de la liste.

Groupe UNEM-Prison locale de Taza : Les deux prisonniers politiques, Tarek Hammani et Abdessamad Haidour, parrainés par Souad Chaouih, présidente de l’AMF, entament leur 14ème jour de grève de la faim pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de détention et la libération de tous les détenus politiques.
L’ancien détenu politique, Azzedine Erroussi, qui avait mené une grève de la faim de 135 jours dans des conditions de santé déplorables, a été de nouveau arrêté le 12 mars 2013 et présenté au procureur du roi à Taza le jeudi 14 mars. Un rassemblement devant le tribunal a été organisé le même jour par ses camarades de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc. Le procureur a décidé de le poursuivre en état de liberté. Une autre petite victoire qui demande à être confirmée.

Groupe 20-Février de Rabat : Driss Boutarada, surnommé Almoukanaâ ould el Âkkari, 37 ans, militant du 20 février de Rabat, avait été condamné le 27 décembre à un an de prison ferme et 5000 DH d’amende pour « trafic de stupéfiants ». Dossier monté de toutes pièces car ce qu’on lui reproche plus exactement c’est sa participation active au mouvement 20 février et sa dernière parodie du roi lorsqu’il a revêtu le 8 décembre, lors d’un rassemblement devant le parlement à Rabat, une djellaba, un couvre-chef rouge et une béquille (voir point n°4). La Cour d’appel de Rabat vient de confirmer ce jugement.

Boudnib (région de Rachidia) : La population de Boudnib est sortie en masse le 12 mars pour réclamer l’approvisionnement en bouteilles de gaz et dénoncer la marginalisation de la région. Trois citoyens (Omar Mahjoub, Hassan Hanini et Mohamed Zitouni) ont été arrêtés et présentés, le 14 mars, devant le tribunal d’appel de Rachidia, pour « entrave à la circulation sur la route n°10 ». Et comme à Zayou dans le nord-est du Maroc, la population a manifesté sa solidarité avec eux. Le tribunal n’avait trop le choix que de les libérer.

Nous ne pouvons clore ce point hebdomadaire sans dire l’indignation de l’ASDHOM face au traitement dégradant et inhumain que subissent les migrants subsahariens au Maroc. Les informations qui nous parviennent de la section de Taourirt de l’AMDH sont préoccupantes et inquiétantes. Plusieurs migrant-e-s ont été victimes de violences policières le 11 mars 2013, lors de l’intervention brutale survenue à Kouroukou, entre Nador et Melilla. Plusieurs d’autres ont été arrêtés à Taourirt et à Rabat pour être reconduits à la frontière avec l’Algérie.
L’ASDHOM a reçu à ce sujet le rapport alarmant, établi par Médecins Sans Frontières (MSF), et dans lequel l’organisation déclare quitter le Maroc pour protester contre les conditions faites aux migrant-e-s subsaharien(ne)s. Voir le site de l’ASDHOM.

Pour le CA de l’ASDHOM
Ayad Ahram
Paris, le 17 mars 2013   

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