Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°15 sur la campagne de
parrainage
Cela fait maintenant quatre mois
que l’ASDHOM a lancée sa campagne de parrainage des prisonniers politiques et
d’opinion, victimes de violations des droits au Maroc. Cette opération de
solidarité concrète, parrainée par l’écrivain Gilles Perrault, auteur du livre « Notre
ami le roi », vise à briser le silence et l’enfermement auxquels sont confrontées
ces victimes de l’injustice et de procès inéquitables. La liste de 172
personnes, présentée lors de la soirée du lancement dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale à
Nanterre, n’arrête malheureusement pas de s’allonger. S’il y a eu quelques
libérations en fin de peine de quelques militants du mouvement 20-Février, il y
a eu l’arrestation d’autres militants qui se sont ajoutés à la liste des
candidats au parrainage (Meknès, Marrakech,
Taza, Tanger, Zayou, etc.)
Ce point hebdomadaire a pour objet
d’appeler à plus de mobilisation pour faire du parrainage un acte concret de
solidarité avec ces détenu-e-s et un devoir auquel tout épris de justice ne peut
se dérober comme l’a bien dit Gilles Perrault au début de la
campagne.
Les dernières arrestations et
condamnations lourdes, comme celles du tribunal militaire de Rabat à l’encontre
des 25 Sahraouis dans l’affaire de Gdeim Izik (voir nos points hebdomadaires sur
le site www.asdhom.org) nous donnent
malheureusement raison de continuer cet engagement en vue de maintenir la
pression sur les autorités marocaines. L’objectif étant d’aboutir à la
libération de ces victimes.
Vous trouverez sur le site de
l’association toute une rubrique, consacrée à cette campagne de parrainage. La
procédure y est expliquée et des lettres de parrainage et de témoignage, à côté
des listes des filleuls, sont proposées pour faciliter cette opération et
encourager les personnes à parrainer. Nous rappelons qu’aucun engagement
financier n’est exigé. Seul l’engagement par l’écriture et la correspondance est
demandé…….
Et l’écriture, c’est ce que fait
la marraine de Younes Belkhdim, le
poète du mouvement 20-Février, incarcéré depuis presque un an à la prison Oukacha à
Casablanca.
Après une communication où son
filleul lui a fait part de douleurs et de sa situation médicale non prise en
charge par l’administration de la prison, Hayat Bousta, sa marraine, écrit une lettre
à son avocat, Me Benhammani, pour
lui faire part de la situation et lui demander d’intervenir. Vous trouverez sa
lettre sur la rubrique « Témoignages
et lettres » du site. Rappelons que Younes Belkhdim avait publié un communiqué
critique vis-à-vis du chef du gouvernement marocain après ses déclarations où il
niait l’existence de prisonniers politiques du 20-Février (voir le point n°14).
Il semblerait que l’administration
pénitentiaire a décidé de se venger de lui avant sa libération prévue les
prochains jours.
Voici ci-dessous un résumé des
éléments que l’ASDHOM a reçus en lien avec cette campagne de
parrainage :
Zayou (nord-est
du Maroc) : Les sept militants de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc
et du 20-Février, arrêtés le 2 mars à Zayou, ont été déférés le 12
mars devant le tribunal de Nador. Dimanche 10
mars, presque toute la ville est sortie dans une manifestation
pacifique clamant leur libération. Le
tribunal a décidé de les poursuivre en état de liberté. Une victoire
provisoire que l’ASDHOM réclame qu’elle soit
confirmée.
Groupe
UNEM-Fès : Les militants Abdelouahab Ramadi, Abdennabi Chaoul, Tarek Bourass et
Mohamed Aït Rais, incarcérés depuis 8 mois à la prison Ain Kadous à Fès, ainsi
que deux autres militants de l’UNEM (Mohamed Amimi et Mohamed Réda Derkaoui),
poursuivis en état de liberté, ont été
condamnés par le tribunal d’appel de Fès, le 13 mars 2013, à des peines allant
de 4 à 6 mois de prison ferme. La nouvelle s’est vite répandue au
sein des étudiants qui sont venus les accueillir à la sortie de la prison.
Une autre bonne nouvelle pour leurs parrains
et marraines. Ils peuvent désormais porter leur parrainage sur
d’autres détenus de la liste.
Groupe
UNEM-Prison locale de Taza : Les deux prisonniers politiques, Tarek Hammani et Abdessamad Haidour,
parrainés par Souad Chaouih,
présidente de l’AMF, entament leur
14ème jour de grève de la faim pour réclamer l’amélioration de leurs
conditions de détention et la libération de tous les détenus
politiques.
L’ancien détenu politique,
Azzedine Erroussi, qui avait mené
une grève de la faim de 135 jours dans des conditions de santé déplorables,
a été de nouveau arrêté le 12 mars 2013 et
présenté au procureur du roi à Taza le jeudi 14 mars. Un
rassemblement devant le tribunal a été organisé le même jour par ses camarades
de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc. Le procureur a décidé de le poursuivre en état de
liberté. Une autre petite victoire qui demande à être
confirmée.
Groupe
20-Février de Rabat : Driss
Boutarada, surnommé Almoukanaâ ould el Âkkari, 37 ans, militant du 20
février de Rabat, avait été condamné le 27 décembre à un an de prison ferme et
5000 DH d’amende pour « trafic de stupéfiants ». Dossier monté de toutes pièces
car ce qu’on lui reproche plus exactement c’est sa participation active au
mouvement 20 février et sa dernière parodie du roi lorsqu’il a revêtu le 8
décembre, lors d’un rassemblement devant le parlement à Rabat, une djellaba, un
couvre-chef rouge et une béquille (voir point n°4). La Cour d’appel de Rabat vient de confirmer ce
jugement.
Boudnib (région
de Rachidia) : La population de Boudnib est sortie en masse le
12 mars pour réclamer l’approvisionnement en bouteilles de gaz et dénoncer la
marginalisation de la région. Trois citoyens (Omar Mahjoub, Hassan Hanini et Mohamed Zitouni) ont
été arrêtés et présentés, le 14 mars, devant le tribunal d’appel de
Rachidia, pour « entrave à la circulation sur la route n°10 ». Et
comme à Zayou dans le nord-est du Maroc, la population a manifesté sa solidarité
avec eux. Le tribunal n’avait trop le choix que de les
libérer.
Nous ne pouvons clore ce point
hebdomadaire sans dire l’indignation de l’ASDHOM face au traitement dégradant et
inhumain que subissent les migrants
subsahariens au Maroc. Les informations qui nous parviennent de la
section de Taourirt de l’AMDH sont
préoccupantes et inquiétantes. Plusieurs migrant-e-s ont été victimes de
violences policières le 11 mars 2013, lors de l’intervention brutale survenue à
Kouroukou, entre Nador et Melilla. Plusieurs d’autres ont été arrêtés à Taourirt
et à Rabat pour être reconduits à la frontière avec
l’Algérie.
L’ASDHOM a reçu à ce sujet le
rapport alarmant, établi par Médecins Sans
Frontières (MSF), et dans lequel l’organisation déclare quitter le Maroc pour
protester contre les conditions faites aux migrant-e-s
subsaharien(ne)s. Voir le site de
l’ASDHOM.
Pour le CA de
l’ASDHOM
Ayad
Ahram
Paris, le 17 mars 2013
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