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lundi 16 juillet 2012

Le Maroc : Cette exception sur la voie de la démocratie, dites-vous ?

Par Hayat Berrada-Bousta Membre du Forum Marocain Vérité et Justice, 6/7/2012

Le 24 juin 2012, pendant la marche des févriétistes à Tanger, une femme d’un âge certain criait : « c’est tout le peuple qui doit sortir dans la rue…sinon… ! » 

Cette même semaine à Chlihat, un homme de 53 ans interpelait le ministre de l’intérieur : les investissements étrangers les ont étouffés alors qu’ils vivaient mieux, auparavant, de la cueillette et du travail de la terre. Ils les ont marginalisés et les moustiques des rizières implantées par une société privée espagnole en 1998 les rendent malades. Les jeunes sont au chômage… Ils en ont informé le gouvernement depuis des années, mais rien n’a été fait. Les jeunes ont déserté le village et se cachent dans la forêt avoisinante par crainte de représailles depuis que les 16 et 17 juin 2012 quand les forces de l’ordre ont envahi ce village, traqué et arrêté des jeunes, bousculé des femmes… Ce sont là deux des témoignages visuels sur la toile.

 Mais n’oublions pas que des Chlihat, il y en a eu et il y en a toujours, preuve que le système reste inchangé et que la fracture sociale ne cesse de s’agrandir

 Pour ne revenir que sur certains exemples, 5 années en arrière : 

 • Le 23 septembre 2007 : à Séfrou, cette petite ville de plus ou moins quarante mille habitants qui manifestaient contre la hausse vertigineuse des prix au Nord du Maroc a vécu pendant le mois de Ramadan un état de siège. 

 • Le 6 janvier 2008 : les habitants Boumaln Dades, bloqués par la neige, coupés de tout le monde suite aux coupures d’eau et d’électricité décident de protester contre cet état d’oubli qui se répète tous les ans. Ce n’était pas la première année que ces habitants de village de haute montagne, situé en bout de vallée à 2600 mètres d’altitude sont délaissés par le pouvoir. Ils l’en avaient informé à maintes reprises. La réponse : état d’urgence décrété, perquisitions nocturnes dans les villages à la recherche de jeunes par la gendarmerie, 50 personnes interpelées et des arrestations. En février 2008, certains seront condamnés de 2 à 6 ans de prison ferme. 

 • Le 7 juin 2008 : à l’aube, les citoyens de la ville de Sidi IFNI dans le sud marocain ont été réveillés par les descentes démesurées des forces de police à leur domicile. Ville encerclée, familles de militants prises en otage, brutalité et menaces contre elles, utilisation de bombes lacrymogènes, déploiement d’hélicoptères à la recherche des militants dans les montagnes et dans la ville. Encore une fois, des balles en caoutchouc furent utilisées, des dizaines de citoyens ont été bastonnés, des femmes molestées, injuriées, des dizaines d’arrestations… Les raisons de cet acharnement répressif : le blocage depuis le 30 mai 2008 du port d’IFNI par des jeunes chômeurs qui depuis 3 ans revendiquaient, entre autre, leur droit au travail et le minima de conditions sanitaires et sociales. 

 • Janvier 2012 : Taza est la scène d’une véritable chasse à l’homme contre des diplômés chômeurs et la population qui les soutient. Les affrontements font des dizaines de blessés et perdurent le mois de février. 

 • Les 16 et 17 juin 2012 : encore une fois, parce que les habitants de Chlihat se mobilisent contre l’oubli, le délaissement et les investissements étrangers qui les ont laissés pour compte, les forces de l’ordre arrivent en force employant les mêmes méthodes qu’auparavant… 

Au-delà de ces scandales à répétition que l’on a toujours tenté d’occulter, on ne peut plus dire aujourd’hui, grâce aux nouvelles formes de communication, « on ne le savait pas ». Nouvelles formes de communication, certes, mais aussi et surtout cette prise de conscience des populations dans le monde que l’injustice sociale et l’atteinte à la dignité et aux libertés ne peuvent pas perdurer. 

Quelles que soient les issues de ces soulèvements ou révolutions dans les mondes arabe et méditerranéen, même si on a « volé » cette révolution à ceux qui l’avaient entamée, même si les alternatives de pouvoir ne répondent pas aujourd’hui aux référentiels des droits humains, ceux d’égalité et liberté dans leur totalité, conditions d’une démocratie; ces manifestations engagées par les tunisiens et qui se sont propagées marquent un tournant dans l’histoire de ces peuples qui seront un jour ou l’autre au rendez-vous d’une démocratie véritable. Alors, comme le scandent les févriétistes : « MAMFAKINCH »
Source : l'Humanité

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