Par Mohammed Hifad,
15/7/2012
Il y a une grande forêt qui s'étend sur 27 kilomètres environ, limitée au nord par le village de Diabet, au sud par Ouassen, à l’est par Laghazoua et Bilgui et à l’ouest par la mer. C’est une forêt de genévriers ( « taqqa » en tachelhit locale , « tag » en arabe dialectal ) et de thuya( « azoukou » en tachelhit locale et ‘ « l3r3ar » en arabe dialectal) par le passé mais surexploitée avant le protectorat si l’on sait que les toits des maisons aussi bien à la campagne qu’en ville sont faits de poutrelles de genévriers et de bâtons d’arganiers entre elles dits « tasyoute » en tachelhit locale , de 60 à 80 cms de longueur .Le thuya est utilisé pour la fabrication des portes des maisons , des fenêtres et dans l’artisanat pour la marqueterie.
Cette forêt est utilisée en commun depuis des siècles par les habitants de Diabet, Laghazoua, Ayt Yassine, Ifrane, Bouzmour, Foulouste, Miy, Raman, Boutazarte, Boukhou, Tighanimine, Iskouha,Taziytount, Ouassen et Bilgui , les habitants qui appartiennent à la tribu d'Ida ou Mada qui ont l’habitude d’y laisser leurs bovins et dromadaires presque toute l’année.
Mon père m'a dit qu'ils emmenaient leurs troupeaux même sur la grande île à marrées basses.
Au début du siècle dernier, ils pouvaient y aller à pieds au niveau de Borj El Baroud à l'embouchure de l'oued Ksob
Ils vont juste leur donner à boire de temps en temps.Ils ont creusé un important puits en pleine forêt entre le golf actuel et Ouassen , à l 'est du site sur la côte dit Ma Lahlou,« eau douce » en arabe dialectal. Sur ce dernier , à la plage , l’eau sort à même la plage au point où les animaux sauvages et domestiques se contentent de creuser un trou dans le sable pour boire. Ce site grouille d’animaux jour et nuit : des sangliers, des chacals, des renards, des taureaux, des dromadaires et des gazelles et des mouflons par le passé.
Au début du protectorat, les colons français ont instauré par la force des armes le domaine forestier en expropriant ainsi les autochtones de leur forêt et de leurs vergers d’arganiers dits agdal, terrain ou forêt privés et interdit d’accès au public.
Entre Diabet et Ouassen , ils ont planté des mimosas et des eucalyptus pour fixer les dunes.
Après l’indépendance les responsables marocains ont maintenu les lois qui datent de cette époque et ce fait accompli d’où une infinité de révoltes aujourd’hui partout à travers le Maroc et la dernière en date est celle du Douar de Chlihat près de Larache au Nord.
Chacun est au courant du conflit qui oppose la société espagnol de l’ancien colon de cette région et les habitants amazighs arabisés de ce douar. Ils sont expropriés depuis le protectorat de leurs terres très riches et en protestant uniquement contre l’invasion des moustiques qui viennent des rizières de cette société espagnole à laquelle l’Etat marocain a loué ces terres à des prix dérisoire( 400dh/ha), l’armée a envahi leur village , les a tous matraqués , dépouillés et chassés de leurs maisons et village. Ces habitants ont retrouvé par instinct le comportement de leurs ancêtres et sont allés se réfugier dans la forêt voisine où il y a certainement des points d’eau.
Pourquoi cet exemple ?
Parce que juste après ces événements du Nord, quelqu’un a pollué le plus important puits de la forêt entre le golf et Ouassen en y versant de l’huile à moteur brûlée toxique en en privant ainsi des milliers d’autochtones et Sahraouis venus s’installer là avec leurs troupeaux à cause de la sécheresse.
Les habitants sont obligés de faire venir leurs animaux jusqu’à leurs villages pour les abreuver alors qu’il suffisait avant d’aller sur place avec un seau et une corde .
Qui a intérêt à commettre un tel acte ?
- Les services des eaux et forêts qui voient que cette forêt est complétement dégradée sans espoir du financement d’un nouveau reboisement ce qui va faire avancer les dunes de sable plus à l’intérieur et dévaster les villages, les terres agricoles et les vergers d’arganiers proches ?
- La gendarmerie ou l’armée suite aux événements du Douar Chlihat pour prévoir une éventuelle révolte des habitants de la région qui ont bien des raisons de le faire tôt ou tard ? Nous savons que les services de sécurité, dans leur préparation, se partagent des informations et coordonnent leurs actions et stratégies.
- Les autochtones qui ont fait ainsi pour chasser les Sahraouis de leur territoire ?
Il y a en effet cette année une invasion de la région par des milliers de Sahraouis avec leurs troupeaux. Un cousin m’a affirmé qu’il a compté 900 dromadaires dans un seul troupeau appartenant à un Sahraoui.
C’est dévastateur !
- Est-ce la guerre de l’eau entre la société du golf et les autochtones qui est déclarée ?
Les responsables voudraient bien éloigner du site les animaux des habitants qui consomment comme eux énormément d’eau et constituent à court et à long terme des concurrents indésirables . Il faut ajouter à cela que ces animaux peuvent détruire les clôtures du golf pour aller manger le gazon frais et vert des terrains.
C’est cette dernière hypothèse qui retient surtout notre attention et que nous trouvons la plus probable actuellement.
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